Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

Au nord, les massifs cristallins sont relayés par les Préalpes calcaires. Le domaine préalpin constitue une seule unité calcaire en Autriche, bien que l’ensemble ait été affecté de failles, de chevauchements et de structures en écailles. Au Crétacé et au Tertiaire a lieu le dépôt, dans l’avant-pays alpin, du flysch, qui, sous l’effet des pressions qui affectent la masse préalpine, est vigoureusement plissé. Le Schlier est l’équivalent de la molasse suisse. Peu résistant, il constitue les pays de collines qui bordent la montagne alpine. À l’Oligocène, dans les petits bassins qui accidentent les futures Alpes, se dépose le lignite (Braunkohle).

Sur le versant sud, la frange alpine sédimentaire n’apparaît qu’à l’est du Tyrol. Les chaînes sédimentaires, avec les Alpes du Gailtal et les Karawanken, s’épanouissent largement.

De l’ouest à l’est, l’évolution tertiaire a entraîné une morphologie variée. La tectonique perd de sa vigueur en allant vers l’est. Les Alpes s’élargissent, mais la chaîne se morcelle. Elle est aérée par les multiples vallées qui coïncident avec des dislocations tectoniques. Cette disposition a favorisé la formation d’entités humaines et politiques, qui, à l’abri d’un isolement garanti par le relief, ont su maintenir leur originalité (Tyrol). Les Alpes orientales se caractérisent encore par la juxtaposition de blocs soulevés et de fossés effondrés (bassin de Klagenfurt).

Les altitudes élevées, en faisant des Alpes un véritable château d’eau, ont favorisé l’action des glaciers quaternaires. Les glaciations ont laissé de profondes marques à l’intérieur de la montagne et à sa périphérie. L’alimentation des glaciers, cependant, diminuait d’ouest en est. Les glaciers se sont largement étalés sur le plateau bavarois ; en revanche, à partir de Salzbourg, le débordement sur l’avant-pays fut plus timide ; à l’est de la Traun, les glaciers n’ont pas quitté la montagne. L’Autriche occidentale et les Alpes de Salzbourg présentent ainsi une topographie glaciaire typique. Par contre, le versant sud des Alpes n’a connu qu’une extension limitée des appareils glaciaires ; le bassin de Carinthie n’a été que partiellement englacé.

• L’Autriche périalpine. L’avant-pays alpin est formé de sédiments provenant de la démolition de la chaîne ou de formations continentales de la fin du Tertiaire, qui fossilisent les premiers. Le couloir tectonique qui sépare la chaîne alpine et le massif bohémien est formé par une série de cuvettes synclinales, surtout à l’est de la Traun. Les alluvions quaternaires, découpées en glacis, recouvrent les éléments tertiaires. Le Danube s’est incisé sur place, s’enfonçant profondément dans le socle du massif. En aval des défilés pittoresques de la Wachau, le Danube gagne le pays de Krems, qui s’élargit et annonce le bassin de Vienne. Les bordures épigéniques de la vallée du Danube sont fréquemment surmontées de châteaux ou d’abbayes, qui égaient le paysage et favorisent le tourisme.

Au nord du Danube, le massif ancien, profondément entaillé par les affluents du Danube, déroule ses hautes surfaces jusqu’à plus de 1 100 m. La tectonique est responsable de l’inégale altitude de certains blocs et partiellement de l’individualisation du Mühlviertel, du Waldviertel et du Weinviertel. De grandes cassures ont affecté le massif. De direction N.-E. - S.-O., elles abaissent, sous forme de marches d’escalier, la masse cristalline à l’approche du bassin de Vienne.

Le Weinviertel, recouvert de lœss masquant le socle, fait la transition avec le bassin pannonien. Les couleurs annoncent déjà l’Europe centrale. Par les vallées qui entaillent la masse cristalline, les relations avec la plaine centrale tchèque étaient faciles. La forêt a été un plus grand obstacle que le relief. Mais, dès le Moyen Âge, des colons allemands ont débouché sur le versant tchèque des monts de Bohême.

• Le bassin de Vienne. Il s’agit d’un véritable bassin intra-alpin, qui interrompt la masse montagneuse. Il a une profondeur de 3 000 m (épaisseur des sédiments) et mesure 150 km de long sur 40 de large. Les bordures correspondent à des cassures. C’est à l’Helvétien que le bassin commence à se dessiner. Le Schlier qui s’y dépose devient fréquemment la roche mère pour les hydrocarbures qu’on exploite. Au Pliocène, la mer se retire ; le bassin devient un « lac pontique » dont les bords vont être marqués par le dépôt d’alluvions quaternaires, découpées en glacis et en terrasses. La subsidence continue est en relation avec l’indécision du drainage.


Le climat

Il introduit des nuances considérables des Alpes au bassin de Vienne. L’altitude reste le facteur déterminant, celui qui a imposé et permis aux hommes de s’adapter à des conditions variées. Aussi, trois grands types climatiques intéressent-ils le pays : le climat alpin caractérise la chaîne principale, et le climat pannonien l’Autriche orientale ; les régions du massif ancien présentent les caractères d’une moyenne montagne en position continentale.

Les sommets de la haute montagne reçoivent plus de 2 m de précipitations par an. Sur le massif de Bohême, le total des précipitations peut encore dépasser 1 m. Par contre, le bassin de Vienne est en partie dans l’ombre pluviométrique des Alpes. Le centre du bassin reçoit moins de 0,6 m. La ville de Vienne, située sur les derniers contreforts des Alpes, est traversée d’est en ouest par trois isohyètes (600, 700 et 800 mm), marquant nettement la transition entre le milieu pannonien et le milieu alpin.

La couverture neigeuse persiste moins de 40 jours à Linz, mais se maintient entre 100 et 150 jours sur les sommets du Mühlviertel. La durée est inférieure à 40 jours pour la quasi-totalité du bassin viennois. L’ensoleillement avantage, au printemps et en été, les régions basses orientales. Par contre, l’ensoleillement est plus important en haute montagne en hiver. Alors que les stations de sports d’hiver connaissent de belles journées ensoleillées, les bas pays peuvent être enveloppés dans une mer de nuages ou de brume.