Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

trade-unions (suite)

Récemment, on a assisté à trois phénomènes originaux dans l’évolution des trade-unions. D’abord il s’est produit une concentration du mouvement syndical : le nombre des unions a diminué régulièrement en raison des disions (alors qu’on en comptait 1 300 avant 1914 et 1 000 en 1940, le chiffre est tombé à 535 à l’heure actuelle). En deuxième lieu, c’est parmi les travailleurs « en col blanc », les employés, les techniciens, les cadres que le trade-unionisme a enregistré ses plus nets progrès, à la fois sur le plan des effectifs, sur celui de l’action militante et sur celui de la prise de conscience. En troisième lieu, tous les syndicats ont réagi, par une condamnation sans appel, aux tentatives de réglementation des relations industrielles esquissées par le gouvernement travailliste de Harold Wilson* et Barbara Castle en 1969, reprises et aggravées par le gouvernement conservateur d’Edward Heath* par la loi de 1971 (Industrial Relations Act). De là, un alourdissement sensible du climat social britannique, une multiplication des grèves, un durcissement de l’action syndicale et ouvrière. Les trade-unions se trouvent ainsi plus que jamais au centre du débat sur le pouvoir de décision économique et politique dans une société libérale.

F. B.

➙ Grande-Bretagne / Ouvrière (question) / Syndicalisme / Travail (droit du) / Travailliste (parti).

 A. L. Morton et G. Tate, The British Labour Movement, 1770-1920, a History (Londres, 1956, trad. fr. Histoire du mouvement ouvrier anglais, Maspero, 1963). / J. C. Lowell et B. C. Roberts, A Short History of the TUC (Londres, 1968). / J. Saville et J. Blackman, Dictionary of Labour Biography (Londres, 1972).

tradition

Au sens général, tout ce que l’on sait et pratique par une transmission de génération en génération, le plus souvent orale, ou bien par la conservation et l’imitation de coutumes, de comportements, de modèles et d’exemples.



Tradition judéo-chrétienne

En un sens particulier, propre à l’histoire du christianisme*, selon l’affirmation solennelle du concile de Trente* le 8 avril 1546, reprise en partie par le premier concile du Vatican*, la Tradition désigne « les traditions non écrites qui, reçues de la bouche même du Christ par les Apôtres, ou reçues par les Apôtres, à qui l’Esprit-Saint les avait dictées, transmises comme de main à main, sont parvenues jusqu’à nous ». Dans cette acception, la Tradition est considérée comme règle de foi au même titre que l’Écriture sainte, et elle doit être « reçue et vénérée » par les fidèles « avec un égal respect et une piété égale ».

Dans l’histoire des religions non chrétiennes et des disciplines ésotériques occidentales, orientales et extrême-orientales, la tradition orale n’a pas eu moins d’importance que dans l’histoire du christianisme. Dans la plupart des cas, l’apparition des textes sacrés correspond à la codification et à la fixation d’enseignements transmis « de bouche à oreille », de maîtres à disciples, d’âge en âge et pendant une longue suite de siècles. Les clefs de l’interprétation de ces saintes écritures étaient, le plus souvent, communiquées oralement, comme tout ce qui se rapportait aux mystères dans les sociétés primitives et dans les civilisations antiques.

Les enseignements des rabbins ont été fidèlement conservés par la mémoire des générations successives avant d’être rassemblés dans les traités du Talmud. Le judaïsme* traditionnel admet, à côté de la Loi écrite, l’égale autorité de la Loi orale. La « Torah orale », reçue au Sinaï par Moïse, aurait été transmise à Josué, aux Anciens, aux Prophètes et aux docteurs de la Loi.

Dans la tradition orale, la langue véhiculaire doit être attentivement examinée, car elle joue un rôle important. Les déportations assyriennes et babyloniennes qui se succédèrent à partir de 722 av. J.-C., puis une émigration spontanée ont constitué la Diaspora d’Israël, c’est-à-dire une « dispersion » qui eut pour conséquence la formation du judaïsme hellénistique, de langue grecque.

L’enseignement dans les synagogues, principalement à Alexandrie*, les prières et la confession de la foi, la lecture de la Bible*, l’interprétation de l’Écriture et la prédication se faisaient non pas en hébreu, que le peuple ne comprenait plus, mais en grec. Le texte sacré lui-même avait été traduit et commenté par les scribes, de l’hébreu en araméen, et ce sont ces traductions traditionnelles orales qui ont été les origines des Targums.

Né dans la colonie juive de Tarse, important centre commercial et culturel qui, au dire de Strabon, pouvait rivaliser avec Athènes et Alexandrie, saint Paul* a lu la Bible non pas en hébreu, mais dans la traduction grecque des Septante, laquelle est non seulement une traduction, mais aussi une adaptation à la culture et à la mentalité grecques.

Ces faits sont d’autant plus importants que l’enseignement traditionnel était fondé sur la mémoire et sur son exercice quotidien. Dès que l’enfant connaissait l’alphabet, on lui apprenait à lire la Bible dans les megillot, petits rouleaux de parchemin qui contenaient des extraits du Pentateuque. L’étude commençait par le Lévitique, et, chaque jour, l’élève devait apprendre par cœur un verset ou un paragraphe du texte sacré.

Philon d’Alexandrie dit des Juifs à ce propos : « Étant donné qu’ils considèrent leurs Lois comme révélées par Dieu et qu’on les instruit dans la connaissance de ces Lois dès leur plus tendre enfance, ils portent dans leurs âmes l’image des prescriptions de la Loi. » Or, cette image, dans le judaïsme hellénistique, ne pouvait pas être exactement identique à ce qu’elle devait être pour le judaïsme talmudiste. Ainsi l’unité du judaïsme traditionnel n’est-elle pas aussi évidente qu’on pourrait le croire, ce qui, d’ailleurs, est le cas du christianisme et de l’islam, mais pour d’autres raisons.