Toutankhamon (trésor de) (suite)
La paroi nord de l’antichambre présentait une porte scellée que gardaient deux grandes statues de bois enduites de noir, avec revêtement de feuilles d’or ; par ce passage, on pénétrait dans la chambre funéraire. Sur les parois de celle-ci sont représentées les différentes scènes du rituel funéraire. Quatre chapelles de bois doré, emboîtées les unes dans les autres, occupaient la quasi-totalité de l’espace ; elles protégeaient la cuve funéraire, qui renfermait elle-même trois sarcophages momiformes : deux en bois doré, le dernier en or massif. C’est dans celui-ci qu’on découvrit, plaqué sur la momie, le fameux masque en or reproduisant les traits du roi, avec des incrustations d’une rare finesse de lapis-lazuli, de turquoise, de cornaline et de feldspath.
Une petite pièce qui s’ouvrait au nord-est de la chambre funéraire contenait, sur un traîneau, un meuble en bois doré de deux mètres de haut. À l’intérieur, un coffre d’albâtre renfermait quatre vases canopes, en albâtre également ; dans de petits sarcophages en or cloisonné y étaient conservés les viscères du roi ; quatre déesses d’une grâce exquise, debout à chaque coin, protégeaient de leurs bras écartés ce tabernacle recouvert de formules hiéroglyphiques. Une flottille de petits bateaux était posée sur des coffres qui contenaient des statuettes du roi, en bois doré et parfois noirci par les résines, incrustées d’albâtre, de pâte de verre, d’obsidienne ou de bronze. On dénombra également dans cette pièce plus de cent statuettes de serviteurs (chaouabtis) et un matériel de très nombreux petits instruments divers, dont quelques-uns en fer, métal particulièrement rare.
D’une richesse et d’un luxe étonnants, parfois un peu lourd et surchargé, dans une tradition toute classique bien qu’imprégnée d’influences amarniennes, tel est le mobilier funéraire — aujourd’hui exposé au musée du Caire — d’un des derniers rois de la XVIIIe dynastie, mort à moins de vingt ans dans sa neuvième année de règne. Avec les monuments, plus récents et moins éclatants, mis au jour à Tanis*, dans le Delta, juste avant la Seconde Guerre mondiale, la tombe de Toutankhamon est le seul exemple d’une sépulture royale égyptienne parvenue jusqu’à nous quasiment intacte.
J. L.
C. Desroches-Noblecourt, Toutankhamon (Hachette, 1966). / J. Yoyotte, les Trésors des pharaons (Skira, Genève, 1968).