tourisme (suite)
Les données précédentes montrent que le tourisme est devenu un phénomène de masse avec l’entrée des peuples dans l’âge de la consommation, conséquence de l’industrialisation. Plus précisément, l’élévation du niveau* de vie, l’urbanisation*, le développement des transports* rapides ont contribué et devraient contribuer encore à un élargissement remarquable du marché. La demande augmente et se diversifie : le touriste va de plus en plus loin. Du côté de l’offre, son accroissement soumet le marché à une concurrence* effrénée, inconnue jusqu’à présent. Cette concurrence aboutit à la mise en valeur de toutes les richesses touristiques, anciennes ou nouvelles. En revanche, la clientèle touristique est caractérisée par une plus grande mobilité, ce qui la rend plus instable ; un effort de promotion commerciale doit être sans cesse poursuivi afin d’assurer son renouvellement.
Ainsi élargi, le marché a fait l’objet d’une organisation croissante présentant des aspects différents selon les groupes de pays. Du côté des pays industrialisés, trois tendances se sont fait jour. Les grands courants touristiques, tout d’abord, sont de plus en plus orientés par la création ou l’extension de puissantes chaînes hôtelières et aussi par l’action des compagnies de transport aérien, les activités des unes et des autres étant d’ailleurs liées à plusieurs égards. (Le recours à des systèmes électroniques de réservation accentuera cette orientation.) Dans le domaine commercial, en même temps que l’on observe un fort mouvement de concentration, il apparaît que la place occupée par les intermédiaires (agences de voyage) se réduit, sous l’empire de deux mouvements simultanés : les grandes organisations intégrées cherchent à éliminer ces intermédiaires ; au fur et à mesure que le niveau de vie s’élève, le tourisme individuel (de caractère assez sauvage) tend à s’amplifier, surtout en ce qui concerne les déplacements intracontinentaux. Du côté des pays sous-développés, enfin, le tourisme, considéré comme l’une des principales activités génératrices de devises, devrait bénéficier d’une aide systématique se traduisant par une politique de mise en valeur des sites et par une politique de subvention à l’hébergement.
Activité de services, le tourisme voit son prix augmenter surtout lorsque les pays tendent à s’industrialiser. Normalement, cette tendance doit donner un avantage aux pays sous-développés qui bénéficient largement des avantages du soleil et de l’eau. Le déplacement des marchés vers les pays du sud et de l’est tendra donc à s’accentuer. Inversement, à l’intérieur même des économies développées, les prix des services touristiques tendront à s’élever davantage que le niveau moyen des revenus*. Cette évolution aura plusieurs effets : une fraction croissante de la population se dirigera sur les pays moins chers et climatiquement mieux situés ; la durée moyenne des séjours diminuera, notamment dans les hôtels, et le nombre des touristes nécessaire à la rentabilisation des installations augmentera ; en même temps, les gestionnaires chercheront à réduire la main-d’œuvre et à exploiter des activités complémentaires de l’activité principale permettant en particulier, pour les hôtels, de rentabiliser celle-ci par celles-là.
Cette évolution fait souhaiter de nouvelles formes de tourisme. Le tourisme social et familial doit être encouragé pour que les couches sociales à revenus modestes puissent partir en vacances. Le tourisme léger faisant appel à très peu de main-d’œuvre et de capitaux doit être développé. L’industrialisation doit aller de pair avec le développement d’un tourisme d’affaires. Enfin, le tourisme itinérant prédominera sur le tourisme de séjour : la mobilité plus grande, l’augmentation du nombre des résidences secondaires, l’afflux de touristes étrangers contribueront à l’essor du tourisme itinérant.
G. R.