Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tourisme (suite)

Le bilan social et culturel est souvent moins favorable que celui qu’on peut dresser au plan économique. Les masses amenées par les charters se soucient peu des civilisations locales : elles les transforment par effet de démonstration, leur empruntent quelques habitudes alimentaires, mais les ignorent dans ce qu’elles ont souvent de plus riche à offrir. Rien d’étonnant donc à voir se multiplier de par le monde les manifestations d’irritation à l’encontre d’un tourisme qui se présente parfois comme une nouvelle forme de colonialisme : cela conduira peut-être à réviser les prévisions très optimistes qu’on fait souvent en matière d’expansion des mouvements vers les terres lointaines du monde tropical, à moins qu’on ne se décide à faire l’effort d’éducation indispensable chez ceux qui partent.

P. C.

 L. Burnet, Villégiature et tourisme sur les côtes de France (Hachette, 1963). / J. Ginier, Géographie touristique de la France. Étude générale et régionale (Sedes, 1966). / F. Cribier, la Grande Migration d’été des citadins en France (C. N. R. S., 1970). / J. Ginier, les Touristes étrangers en France pendant l’été (Génin, 1970). / R. Baretje et P. P. Defert, Aspects économiques du tourisme (Berger-Levrault, 1972). / F. Castex, l’Équipement touristique de la France (Éd. France-Empire, 1972). / R. Baretje, la Demande touristique (Berger-Levrault, 1973).


Aspects statistiques du tourisme contemporain

25 millions en 1950, 55 en 1958, 90 en 1963, 141 en 1968, 153 millions en 1969, 170 en 1970 et 215 en 1973 (soit une augmentation de près de 9 p. 100 par rapport à 1972), tels sont les chiffres du nombre des entrées des touristes étrangers enregistrés dans le monde entier. Quant aux recettes touristiques, leur croissance est tout aussi remarquable : rien qu’entre 1969 et 1973, elles ont pratiquement doublé, passant de 15,3 milliards de dollars à 29,5 milliards de dollars. Si le tourisme international a presque décuplé en 25 ans, le tourisme intérieur s’est lui-même considérablement développé, bien que les renseignements statistiques soient, dans ce domaine, peu précis.

Le nombre des Français partis en vacances en 1972, entre le 1er juin et le 30 septembre, a été en gros de 24 400 000, ce qui représente un taux de départ de 47,5 p. 100 (46 p. 100 en 1971, et 37,5 p. 100 en 1961). Sur ce total, 19 460 000 personnes sont restées en France et 4 940 000 sont allées à l’étranger. Elles ont passé au total 648 millions de jours de vacances (538 millions en France et 110 millions à l’étranger), ce qui correspond pour chaque personne à une durée moyenne de 26,5 jours de vacances. Le taux des départs (47,5 p. 100) classe la France en cinquième position, après les États-Unis (64 p. 100), la Suède (61 p. 100), le Canada (56 p. 100) et les Pays-Bas (48 p. 100). Il est très proche de celui que l’on constate en Grande-Bretagne et en Allemagne fédérale (47 p. 100 chacun), mais bien supérieur à celui qu’on enregistre par exemple en Italie (29 p. 100). Pour ce qui concerne la durée moyenne du séjour en vacances, la France (26,5 jours) est très nettement en tête avant les États-Unis (22,8 jours) et l’Allemagne fédérale (22,5 jours), la Suède (18 jours), la Grande-Bretagne (17,9 jours), l’U. R. S. S. (17,8 jours) et l’Italie (17 jours).

Selon les statistiques officielles, plus d’un Français sur deux (52,5 p. 100) ne serait pas parti en vacances en 1972. Toutefois, les enquêteurs de l’I. N. S. E. E., en application de la définition internationale, considèrent comme séjour de vacances celui qui a lieu en dehors du domicile habituel pour une durée d’au moins 4 jours et qui ne correspond ni à des fins professionnelles ni à un motif de santé. Si l’on considère qu’une fraction assez importante de la population réside dans des régions touristiques et que, pour elle, les vacances n’impliquent pas nécessairement un séjour en dehors du domicile habituel, on s’aperçoit que le taux réel de vacances effectives est supérieur au taux des départs. De même, il faut tenir compte du fait qu’au minimum 10 p. 100 des Français, pour divers motifs, ne peuvent pas participer à l’exode de l’été. (Parmi les principales causes avancées pour expliquer ce phénomène, il faut citer l’âge, les maladies graves, les difficultés professionnelles et la législation sur les congés payés.)

Dans l’ensemble, les touristes manifestent des préférences bien déterminées pour certains types de loisirs. Ainsi, les séjours à la mer représentent toujours la forme de tourisme la plus recherchée. La légère diminution en pourcentage observée entre 1969 et 1972 (45,2 p. 100 et 43,5 p. 100 respectivement) ne correspond pas à une désaffection pour ce genre de vacances ; en effet, la progression du nombre des séjours y est en réalité en constante augmentation ; la diminution tient plutôt au fait que les Français (comme les vacanciers d’autres pays européens) qui vont à l’étranger se rendent pour près de la moitié dans les stations balnéaires d’Italie ou d’Espagne. Mais les aménagements touristiques sur l’ensemble du littoral français devraient permettre de récupérer une partie importante de cette clientèle française et d’attirer un plus grand nombre de touristes étrangers.

Le pourcentage des séjours à la campagne (hôtels, gîtes ruraux, camping) reste stable, bien que demeurant important, avec 28,7 p. 100 en 1972. Il reste inférieur à celui des séjours « en famille », ce qui traduit l’insuffisance de la promotion du tourisme en milieu rural. Les séjours à la montagne ne progressent que très faiblement en été, alors que (au cours de la période 1961-1972), la fréquentation des stations de sports d’hiver a doublé. Comme les possibilités d’accueil en été sont très supérieures à la demande, une politique de promotion en faveur des stations de montagne a été mise en œuvre.

Quant aux modes d’hébergement, il faut noter des bouleversements dans leur mode de répartition. En premier lieu, la part du camping-caravaning a presque doublé entre 1961 et 1972. Par ailleurs, les locations en meublés ont progressé très rapidement jusqu’en 1969 et semblent de nouveau en régression. En troisième lieu, les résidences secondaires n’accueillent que 9,3 p. 100 des vacanciers malgré leur fort développement ces dernières années ; il semblerait donc que celles-ci soient construites pour servir de maisons de week-end aux habitants des grandes villes, mais qu’elles soient peu utilisées pendant les vacances. Enfin, un Français sur dix seulement passe des vacances en France à l’hôtel tandis que le pourcentage atteint 50 p. 100 pour ceux qui partent à l’étranger : l’hôtellerie française, à condition de se moderniser et de pratiquer une politique des prix concurrentielle, dispose donc de larges possibilités de développement sur le marché national.