Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Toulouse (suite)

 L’Université de Toulouse, son passé, son présent (Privat, Toulouse, 1929). / R. Limouzin-Lamothe, la Commune de Toulouse et les sources de son histoire, 1120-1244 (Didier, 1932). / H. Ramet, Histoire de Toulouse (les Beaux Livres, Toulouse, 1935). / J. Coppolani, Toulouse, étude de géographie urbaine (Privat, Toulouse, 1954). / G. Sicard, Aux Origines des sociétés anonymes. Les moulins de Toulouse au Moyen Âge (A. Colin, 1954). / P. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse, vers 1350 - vers 1450 (Plon, 1955) ; les « Estimes » toulousaines des xvi-xve siècles (Impr. Laboureur, Toulouse, 1956). / Toulouse (la Documentation fr., 1961). / P. Wolff et J. Dieuzaide, Voix et images de Toulouse (Privat, Toulouse, 1962). / G. Caster, le Commerce du pastel et de l’épicerie à Toulouse de 1450 environ à 1561 (Privat, Toulouse, 1963). / R. Brunet, les Campagnes toulousaines (Faculté des lettres, Toulouse, 1966). / P. Y. Péchoux, Toulouse (la Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1966). / M. Labrousse, Toulouse antique, des origines à l’établissement des Wisigoths (De Boccard, 1969). / P. Wolff (sous la dir. de), Histoire de Toulouse (Privat, Toulouse, 1974). / G. Candilis, A. Josic et S. Woods, Toulouse - Le Mirail. La naissance d’une ville nouvelle (Eyrolles, 1975). / P. de Gorsse, Toulouse (Nouv. Éd. latines, 1975).


Toulouse, ville d’art

Très riches en monuments du Moyen Âge, de la Renaissance et de l’époque classique, les quartiers tassés, tout en brique, du centre de Toulouse, aux toits inégaux de tuiles romaines hérissés de clochers, de frontons, de tourelles, constituent une zone artistique privilégiée.


Du roman au gothique

Saint-Sernin est une réussite majeure de l’art roman. Au milieu du xie s., les chanoines, gardiens du tombeau du premier évêque martyr de la cité et d’innombrables reliques, décidèrent d’édifier une vaste basilique pour accueillir la foule grandissante des pèlerins de Compostelle. Le chantier s’ouvrit vers 1075 sous la direction de Raimond Gayrard. Au début de la première croisade, en mai 1096, le pape Urbain II consacra l’autel et le chœur en présence de Raimond IV, comte de Toulouse, de nombreux évêques et barons du midi de la France et du nord de l’Espagne et d’un grand concours de peuple. L’église était achevée, pour l’essentiel, à la fin du xiie s.

Le chevet, où triomphent les courbes harmonieuses de l’abside et du déambulatoire semi-circulaire, des neufs absidioles (dont quatre sur les bras du transept), des oculi et des arcs de 60 fenêtres ; les nefs aux contreforts plats s’épaulant l’une l’autre ; les tours épaisses et trapues de la façade ; le clocher octogonal aux baies en plein cintre, puis mitrées, qui s’élance de la croisée du transept et se rétrécit d’étage en étage pour atteindre 65 m : tout cela forme un ensemble architectural d’une force, d’une logique et d’une beauté incomparables. Intérieurement, la grande nef de onze travées aux piliers cruciformes et aux tribunes ajourées, voûtée en berceau sur doubleaux, mesure 22,50 m de hauteur et 115 m de longueur. Elle est flanquée de deux collatéraux voûtés d’arêtes qui donnent à l’édifice 32,50 m de largeur. Le transept, lui aussi pourvu de tribunes et de bas-côtés, a des dimensions exceptionnelles : 64 m de long, 16,40 m de large. Sur le déambulatoire, qui enserre la haute abside en cul-de-four où règne un Christ en gloire peint au xvie s., s’ouvrent cinq chapelles rayonnantes. Des fresques ont été dégagées à l’occasion de la récente restauration de l’édifice. Le mur ouest d’une travée du bras nord du transept présente ainsi un ensemble roman complet, sinon intact, d’un grand intérêt iconographique et stylistique ; il est consacré, en cinq registres plus une voûte d’arêtes, au thème de la Gloire du Christ ressuscité.

La porte des Comtes, la table d’autel de 1096, signée Bernard Gilduin — d’inspiration romaine et byzantine comme les sept bas-reliefs du déambulatoire (dont un Christ en majesté) —, puis l’ensemble de la porte Miègeville (tympan de 1110), sans oublier cinq cents chapiteaux, témoignent de la prodigieuse activité des ateliers de sculpture toulousains de l’âge roman. Enfin, dans ses deux cryptes, dont l’une est beaucoup plus ancienne que l’église, Saint-Sernin conserve un grand crucifix roman en bois recouvert de cuivre, et de belles châsses.

À la cathédrale Saint-Étienne s’opposent les deux conceptions de l’architecture gothique, méridionale et septentrionale, avec d’une part la plus ancienne nef ogivale du sud de la France (1213), aussi large que haute (20 m), d’autre part le chœur de six travées à déambulatoire et arcs-boutants, haut de 28 m et terminé par une abside à sept pans (fin du xiiie s.).

L’église des Jacobins, bien restaurée depuis 1961, est une création unique de l’art gothique, conçue par les frères prêcheurs pour recevoir de vastes auditoires. Son chœur fut terminé à la fin du xiiie s., mais l’ensemble ne fut consacré qu’en 1385. Ses hauts murs de brique épaulés par de robustes contreforts, son clocher octogonal aux arcs mitrés lui donnent un air de forteresse de la foi. L’intérieur, baigné de clarté, mesure 80 m de long, 20 de large, 28 de haut. Cette immense salle aux proportions exaltantes est divisée en deux nefs jumelles par une file de sept colonnes de pierre qui montent d’un jet pour soutenir la retombée des arcs. La dernière — le fameux palmier — supporte les vingt-deux nervures de la voûte tournante qui couvre l’abside hexagonale. Sur le cloître de l’ancien couvent, aux colonnettes accouplées de marbre blanc et aux arcs brisés de brique, s’ouvrent la salle capitulaire, voûtée de six croisées d’ogives, et la chapelle de saint Antonin, décorée de fresques apparentées à l’art d’Avignon (deuxième vision de l’Apocalypse, anges musiciens et légende du saint).

Toulouse possède d’autres églises gothiques de type méridional, à nef unique et chapelles logées entre les contreforts : le Taur (xive s.), à la façade surmontée d’un mur-arcade aux baies en mitre encadré par deux tourelles, qui a fait école dans tout le pays toulousain ; Saint-Nicolas (xve s.), au portail orné d’une Adoration des mages ; la Dalbade (début du xvie s.), aux majestueuses proportions et au gracieux portail Renaissance.

Dans l’ancien quartier universitaire subsistent la robuste bâtisse carrée, flanquée d’échauguettes et à toiture débordante, du collège de Foix (xve s.) et le collège Saint-Raymond (xvie s.), aux fenêtres en tiers-point, devenu musée de statuaire, de céramique et de monnaies antiques.