Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Toulouse (suite)

Si Saint-Cyprien, sur la rive gauche de la Garonne, est d’origine médiévale (dans ce faubourg populeux, à fort pourcentage de population étrangère, les établissements hospitaliers occupent une large place), les quartiers qui flanquent le centre sont tous postérieurs au xviie s. Ils dessinent une sorte de croissant aplati entre le Grand-Rond au sud et la place Arnaud-Bernard, point de départ de la route de Paris au nord, cela entre la rocade des boulevards et les berges du canal du Midi, suivies par des rues et que d’aucuns voudraient combler pour aménager une autoroute urbaine. Les quartiers les plus anciens sont au sud (Boulingrin) ; plus récents sont Saint-Aubin, au sud des allées Jean-Jaurès, Matabiau, près de la gare du même nom, et Arnaud-Bernard, lui-même limité à l’ouest par de vastes emprises militaires. C’est dans cet ensemble où voisinent des formes d’habitat assez disparates et des entrepôts que les constructions de grands immeubles ont été les plus nombreuses au cours des quinze dernières années, notamment le long des boulevards et dans la partie des allées Jean-Jaurès la plus proche de la gare.


Faubourgs et boulevards

Au-delà commencent les faubourgs, fruits de la poussée urbaine de la fin du xixe s. et de la première moitié du xxe s. C’est essentiellement le domaine des maisons individuelles, qui se succèdent, sur plusieurs kilomètres, le long et au voisinage immédiat des grandes routes qui divergent de la cité. La présence d’espaces restés ruraux et agricoles, d’aéroports et d’usines qui les bordent introduit de larges solutions de continuité dans ce tissu urbain. La plupart de ces quartiers abritent en majorité des gens de condition modeste, ouvriers et employés.

Chaque faubourg, chaque banlieue présente néanmoins une originalité certaine. Au nord, le long de la voie ferrée et de la route de Paris, ainsi que de part et d’autre du canal latéral à la Garonne, s’étend la banlieue maraîchère de Toulouse. En fait, les cultures ont pratiquement été éliminées des abords mêmes de la ville, en particulier de Lalande, dont la célébrité est liée à la culture des violettes ; elles se maintiennent par contre dans la vallée de l’Hers entre L’Union et Bruguières par Castelginest ; elles ont fait de gros progrès récemment sur la terrasse entre Fenouillet et Saint-Jory et même au nord de cette localité. Les cultures maraîchères voisinent avec des activités liées à l’agriculture (marché-gare de Lalande, puissante coopérative laitière), quelques industries et le triage de Saint-Jory. Aussi l’urbanisation a-t-elle progressé le long de la route de Paris, en même temps que des lotissements étaient créés autour des villages.

À l’est, la marée des constructions a pratiquement submergé tout l’espace compris entre la ville et la vallée de l’Hers. La ville a ainsi poussé de longues antennes le long des principales routes : le faubourg Bonnefoy, puis la Croix-Daurade le long de la route d’Albi, la Côte-Pavée au voisinage de celle de Castres, le Pont-des-Demoiselles le long de celle de Revel. Mais nulle part la croissance urbaine n’a été aussi forte que sur la route de Carcassonne, où, au-delà de Rangueil, se développe l’interminable village-rue de Ramonville-Saint-Agne. À l’est même de Toulouse, la ville aurait conquis toute la butte de Jolimont, dont la partie sud (la Terrasse) a été récemment construite, si de grands cimetières n’en occupaient la partie centrale.

Dans ce vaste ensemble de la banlieue est, s’individualisent de larges solutions de continuité dans la répartition des quartiers résidentiels, solutions qui contribuent à donner à chacun des secteurs considérés une originalité certaine. La vallée de l’Hers a accueilli des usines isolées, des casernes, le Centre d’essai aéronautique et, tout à fait au sud, l’aérodrome de Montaudran. Si, au nord, L’Union est pratiquement soudée à l’agglomération, il est loin d’en être de même plus au sud pour Balma, et la construction de l’autoroute Bordeaux-Narbonne accroîtra encore cette coupure. Plus au sud, la voie ferrée de Marseille se glisse entre l’aérodrome de Montaudran et toute une série d’installation industrielles (aéronautique) : vaste périmètre industriel qu’on projette d’étendre vers l’est, le long de la route de Revel. Mais, par-delà Rangueil, le secteur sud-est de l’agglomération est marqué par les emprises universitaires et scientifiques que traverse la R. N. 113 : lycée Bellevue et C. H. U. ; université scientifique et complexe aérospatial (C. N. E. S.) ; au-delà de Ramonville-Saint-Agne s’est établie l’École nationale supérieure d’agronomie (E. N. S. A. T.). Les urbanistes prévoient de convertir en espaces verts les coteaux de Pech Davy, qui dominent cet ensemble au sud.

Au sud-ouest, l’agglomération s’est développée le long de la route de Muret (15 382 hab.) et, vers l’ouest, le long de celle qui mène à Auch et à Lannemezan par Lombez. Au sud, les vastes installations de l’Azote et produits chimiques (l’ancienne O. N. I. A.) bordent la Garonne ; des ensembles résidentiels se succèdent jusqu’aux portes de Muret, que précède une ample zone industrielle. Quartiers résidentiels et espaces industriels, en cours d’extension du reste, entourent l’aérodrome de Francazal. De vastes espaces restaient vides entre Francazal et les dernières maisons de l’agglomération, dont une rocade souligne la limite. Sur un vaste terrain de 680 ha est aménagée, depuis 1960, une vaste Z. U. P. où 23 000 logements pouvant accueillir 100 000 personnes sont prévus. Actuellement, 20 000 personnes environ vivent au Mirail (architecte en chef : Georges Candilis), qui a aussi accueilli une partie de l’université et un très grand hypermarché.

Au nord du Mirail, l’hippodrome de la Cépière, la cartoucherie et l’hôpital Purpan marquaient à peu près les limites de l’agglomération face à la vallée du Touch, où Saint-Martin-du-Touch, siège de l’École nationale vétérinaire, reste un village de petite taille. Plus au nord, adossé au fleuve, Blagnac (11 865 hab.) est comme serré entre ce dernier et les pistes de son aéroport ainsi que les établissements industriels qui bordent l’aéroport au sud-est. Au-delà encore, Colomiers (20 275 hab.) est devenu, en quelques années, une des grandes villes de l’agglomération toulousaine. Ses quartiers, faits de pavillons individuels et d’immeubles, sont séparés en deux par une voie autoroutière ; les quartiers résidentiels sont flanqués à l’est d’usines aéronautiques qui jouxtent elles-mêmes l’aéroport. Ces vastes transformations, dirigées par une municipalité particulièrement dynamique, ont nécessité d’amples travaux de réaménagements dont le plus spectaculaire a été le déplacement de la voie ferrée de Toulouse à Auch. Mais déjà les constructions gagnent plus à l’ouest dans le secteur de Pibrac.