Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Toulouse

Ch.-l. de la Haute-Garonne* et capit. de la Région Midi*-Pyrénées.


Géographie


Site et situation

Avec un peu plus de 520 000 habitants, Toulouse est la deuxième grande ville du Sud-Ouest français, une grande métropole régionale au passé prestigieux. Du haut des dernières collines gasconnes, qui dominent la haute terrasse de Léguevin, comme des coteaux de Pech Davy, terminaison du Terrefort, immédiatement au sud de la ville, se révèle l’ampleur du site de la métropole languedocienne. À une dizaine de kilomètres en aval du confluent de la Garonne et de l’Ariège, la « ville rose » s’étale dans la plaine de confluence de la Garonne et de l’Hers, qui vient du seuil de Naurouze. À vrai dire, la place était mesurée à l’est, où les coteaux du Terrefort bordent la Garonne jusqu’à Empalot, où la butte de Jolimont s’intercale entre la Garonne et l’Hers et où le rebord échancré du coteau du Terrefort de Montastruc domine la vallée de l’Hers à l’est. Bien plus ample est la plaine à l’ouest de la Garonne, où la moyenne terrasse, en partie boisée du reste, n’est que faiblement incisée par la vallée du Touch et où la haute terrasse de Léguevin offre encore de belles possibilités à l’urbanisation. La Garonne traverse l’agglomération du sud au nord presque en étrangère : des digues protègent la ville contre les crues toujours redoutées, crues qui se propagent rapidement, car la pente est forte.


L’espace urbain

Toulouse est restée une petite ville jusqu’au milieu du xixe s. (le cap des 100 000 hab. ne fut passé qu’en 1856) ; à la veille de la Première Guerre mondiale, on y recensait seulement un peu plus de 150 000 personnes. Par la suite, l’expansion démographique aurait été continue si un ralentissement assez sensible n’avait été enregistré de 1946 à 1954. La commune même de Toulouse rassemble la majorité de cette population (383 176 hab.), et tout son territoire n’est du reste pas encore construit. Cette expansion s’est accompagnée de mutations sensibles. Les maisons basses, construites en briques rouges et couvertes de tuiles canal, étaient la forme d’habitat traditionnelle à Toulouse ; elles sont aujourd’hui dominées par les silhouettes élancées des immeubles qui se dressent un peu partout, même dans des quartiers fort proches du centre, ce qui n’est pas sans nuire à l’harmonie du paysage. La vieille cité terrienne, aux attaches rurales profondes, vivant essentiellement du commerce (il n’y avait guère d’industrie au xixe s.), a accueilli de puissantes industries. Elle a perdu, sans aucun doute, une bonne partie de son charme ancien. Mais l’afflux de population et le dynamisme de la cité y ont nécessité la réalisation de grands travaux d’urbanisme.

Autour du noyau urbain, qui s’identifie avec l’espace occupé par la ville médiévale plus qu’avec celui de la cité romaine, plus exigu, l’extension de la ville s’est faite le long des grandes voies de desserte de son finage, notamment le long des grandes routes qui filent vers les villes de l’Aquitaine orientale (Castelnaudary, Revel, Castres, Albi et Montauban). La ville, née sur la rive orientale de la Garonne, s’est plus développée en direction de l’est (malgré l’obstacle de la butte de Jolimont et le double rempart constitué par la voie ferrée et le canal du Midi) que vers l’ouest, les ponts ayant toujours été peu nombreux sur la Garonne. Il est vrai que la création de la Z. U. P. du Mirail et la croissance spectaculaire de Colomiers depuis le début des années 1960 ont quelque peu atténué ce déséquilibre.


La ville

La vieille ville s’inscrit dans l’ample rocade interne que dessinent les boulevards (Arcole, Strasbourg, Lazare-Carnot et les allées François-Verdier, Jules-Guesde), rocade qui franchit la Garonne au pont des Catalans en aval et au pont Saint-Michel en amont et qui se noue sur le réseau de circulation générale à la place Jeanne-d’Arc au nord-est, au Grand-Rond au sud-est et à la patte-d’oie de Saint-Cyprien à l’ouest et au-delà de la Garonne. Le centre s’ordonne autour des deux grandes percées du xixe s., qui ont retrouvé à peu de chose près le tracé du cardo et du decumanus romains : la rue d’Alsace-Lorraine, qui file sur près de 2 km selon une direction méridienne, et la rue de Metz, toutes deux se croisant à la place Esquirol. Ces deux rues ont attiré une foule de commerces de détail, de natures très variées, ainsi que des succursales de banques et des grands magasins. Elles créent de profondes coupures dans ce tissu urbain très compact où les arbres sont très rares : dans ce vieux Toulouse, démuni jusqu’à une période très récente de réseau d’assainissement, les maisons de brique se pressent en bordure de rues étroites et de ruelles. Au milieu des îlots de faible superficie que dessine le lacis de ruelles sont des cours de très faible superficie.

Du Capitole au palais de justice, sorte d’ellipse trapue s’allongeant selon une direction méridienne, la Cité est la partie la plus ancienne de la ville. Flanquée à l’est de la cathédrale Saint-Étienne, édifice de caractère disparate, elle révèle, notamment dans ses parties occidentale et sud-orientale, un grand nombre d’hôtels particuliers datant du xvie s. pour la plupart et dont le plus remarquable est l’hôtel d’Assézat ; là sont aussi les principaux musées de Toulouse. La Cité a toujours été un quartier manufacturier, comme l’attestent les noms de nombreuses rues et comme en témoigne la persistance, dans sa partie occidentale, d’une industrie de la confection. Au sud-est, la rue Ozenne traverse un quartier aristocratique dont les caractères se retrouvent au-delà du Grand-Rond et qui est le seul secteur de Toulouse où les espaces verts ont quelque importance : Jardin royal, Grand-Rond, Jardin des Plantes. Au nord de la cathédrale, une opération de rénovation est en cours dans le quartier Saint-Georges.

En fait, le véritable centre de la métropole est aujourd’hui à la limite nord du centre historique, autour de la place du Capitole et du square Wilson (de forme circulaire), lui-même prolongé par les allées Lafayette et, au-delà du boulevard de Strasbourg, par les allées Jean-Jaurès, en pleine transformation, surnommées les Champs-Élysées toulousains. Commerces et magasins se pressent le long de ces rues, dont l’originalité vient en fait de la présence de grands cafés et de cinémas. Au nord du Capitole et du tracé de l’ancien mur romain s’était constitué, autour de l’abbaye de Saint-Sernin, un faubourg qui fut, au Moyen Âge, essentiellement commerçant. Le tissu urbain est un peu différent de celui de la Cité. Dans ce vieux quartier d’institutions religieuses, de petits espaces verts ont été conservés ; un lycée, l’université, qui s’est en partie développée sur l’emplacement d’un ancien arsenal, y occupent de vastes espaces. En outre, le bourg n’a ni la richesse ni la variété de témoignages archéologiques qu’offre la Cité (malgré la présence de la remarquable basilique Saint-Sernin), ni sa densité de commerce, notamment les formes les plus nobles et les plus riches de celui-ci.