Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

toucher ou tact (suite)

Le système extra-lemniscal

Il est alimenté en informations par des fibres moins rapides (Aδ et C) que celles du système lemniscal. Ces informations concernent essentiellement la thermoception et la nociception.

Si l’on a peu étudié les mécanismes centraux de la thermoception, ceux de la nociception, en revanche, ont fait l’objet de nombreux travaux, ce qui n’empêche pas la persistance de bien des inconnues. L’idée générale qui se dégage de ces travaux est que, s’il existe bien à la périphérie des fibres qui semblent spécifiquement sensibles aux stimuli nociceptifs, l’intensité de la sensation de la douleur dépend du jeu d’interactions spinales et de contrôles supraspinaux. Au niveau spinal, une théorie dite du gate control (du portillon) fait intervenir une inhibition exercée par les fibres de gros diamètre des colonnes dorsales sur les fibres C et Aδ par l’intermédiaire d’interneurones agissant au niveau présynaptique. Il n’est pas exclu que l’analgésie par acupuncture puisse s’expliquer par un mécanisme de ce genre : la manipulation des aiguilles activerait un contingent de fibres A qui bloqueraient le passage de l’excitation dans le faisceau antéro-latéral. Quant aux contrôles supraspinaux, les pratiques du genre de l’« accouchement sans douleur » en révèlent l’efficacité, sans que l’on soit en mesure d’en démêler le mécanisme. On a pu, toutefois, montrer chez le Rat que la stimulation électrique de la matière grise mésencéphalique était remarquablement efficace pour bloquer les comportements aversifs provoqués par des chocs électriques ou des pincements. Il s’agit là d’expériences préliminaires dont il faut souhaiter qu’elles soient à l’origine de résultats susceptibles de nous fournir un jour le moyen d’enrayer la douleur.

Y. G.

➙ Moelle épinière / Peau / Sensation.

Toucouleurs

Ethnie du Sénégal*.


Elle est majoritaire dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, principalement sur la rive gauche. Il y a environ 187 000 Toucouleurs. L’accroissement démographique est assez fort malgré une mortalité infantile élevée. Les Toucouleurs sont organisés très tôt en États et sont islamisés depuis le xie s.

Le système de parenté toucouleur est fondé sur le lignage, la famille étendue et le ménage. La colonisation ne l’a pas beaucoup modifié. Le lignage, le nyol (plur. legi), représente tous les descendants vivants ou morts de l’ancêtre commun suivant la filiation patrilinéaire. Il a à sa tête le doyen (mawdo dyowre), choisi uniquement parce qu’il est l’aîné des frères de la génération vivante la plus âgée. L’autorité de ce dernier s’appuie sur les coutumes et les règles de l’islām. Le doyen décide des questions importantes et règle les affaires en accord avec ses frères. L’endogamie est un peu moins respectée qu’autrefois, car les lignages se disloquent sous l’effet de l’émigration. Les relations sociales à l’intérieur du lignage se manifestent par des dons, l’assistance aux autres, certaines obligations lors des cérémonies (mariage, baptême, circoncision, funérailles). La fonction économique du lignage est liée à la distribution des terres ; les membres n’ont qu’un droit de culture et d’usufruit. Certaines terres indivises (dyowre) appartiennent au lignage et sont gérées par le chef ; elles ne s’héritent pas.

La famille étendue, branche du lignage, occupe une concession (galle) ; elle est patrilocale et patrilinéaire. Les ménages qui la composent sont dirigés par l’aîné. La parenté est classificatoire ; le mot père désigne les frères et les cousins de son propre père, auxquels le même respect est dû.

Le ménage a une indépendance économique relative ; son chef possède des greniers et gère son budget. L’unité résidentielle est le galle ; on s’y entraide lors des travaux agricoles, les femmes s’y groupent pour les travaux ménagers et les hommes y mangent ensemble. Les biens produits individuellement sont partagés dans le cadre du galle.

Aujourd’hui, la cohésion de la famille toucouleur est menacée par la fréquence du divorce et surtout par l’émigration.

La société toucouleur a conservé une répartition en castes, caractérisées par l’hérédité, l’endogamie et la spécialisation professionnelle. Hiérarchiquement, ces castes se présentent en trois groupes : les rimBe (sing. dimo) ou gens libres (ayant un rang social prépondérant et possédant des terres vastes et fertiles), les toroBe (représentant l’aristocratie religieuse et possédant de grands domaines), les dyawamBe (conseillers, cultivateurs, commerçants ambulants) et les seBe (sing. tyedo) [agriculteurs]. Ces quatre castes constituent le premier groupe ; c’est de la propriété foncière que vient la supériorité de celui-ci. Les métiers artisanaux forment le deuxième groupe de castes : celles des tisserands, des cordonniers, des forgerons-bijoutiers, des travailleurs du bois. Ce sont les nyenBe. Parmi ceux-ci se trouvent aussi les griots, les généalogistes, les historiens, les dépositaires de la tradition orale ; ils reçoivent des dons pour les louanges qu’ils adressent aux gens des castes supérieures. Le dernier groupe est celui des captifs originaires d’autres ethnies ; certains sont affranchis (galunkoBe), d’autres non (matyuBe). Ils sont agriculteurs et, après leur libération, restent comme métayers sur les terres de leur ancien maître. Ils deviennent parfois tisserands.

La colonisation a favorisé les toroBe par le biais de l’instruction française. Mais le régime des castes subsiste, soutenu par sa structure foncière ; il représente le passé et, par-là, il peut être un frein au développement.

Les classes d’âge sont répandues dans les villages et les quartiers ; elles regroupent des sujets du même âge sans distinction de caste. Le chef de l’association appartient généralement à une grande famille. Son choix pour les jeunes classes est plus ou moins suscité par les mères, qui reproduisent ainsi la structure de la société. Ces associations selon les âges ont des fonctions ludiques, économiques, sociales (entraide et aide pour les cultures et les constructions de cases).

La circoncision se pratique dans le cadre des classes d’âge ; c’était une cérémonie religieuse au sens social profondément marqué ; aujourd’hui, elle a perdu son caractère communautaire et devient simplement une opération hygiénique.