Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Toronto (suite)

L’avenir

L’espace ontarien tend à s’organiser selon le modèle californien : la métropole torontoise consomme beaucoup d’espace, souvent les meilleures terres agricoles, pour sa croissance propre, pour ses relations avec l’extérieur (autoroutes, aéroports), pour ses activités de loisirs.

Les Kawartha Lakes, le Muskoka Lake et les Haliburton Highlands, situés à la lisière du Bouclier, de 80 à 150 km de Toronto, font partie de la banlieue de week-end des Torontois, comme les Laurentides ou les Adirondack appartiennent à l’espace récréatif de Montréal.

Jusqu’où se poursuivra cette expansion ? Certains prédisent que le Golden Horseshoe (Oshawa-Toronto-Hamilton-nord de l’isthme de Niagara) constituera vers 1980 une mégalopolis de 5 millions d’habitants. D’autres pensent que, le seuil de désagrément étant atteint, on assistera plutôt à une décentralisation de la résidence et des activités vers les nouveaux foyers péri-urbains et vers les petites villes.

P. B.

➙ Ontario.

torrent

Cours d’eau, généralement temporaire, alimenté par les eaux de ruissellement et de fonte dans des régions à fort relief.


La nature même d’un torrent, pente forte, débit variable, lui confère des qualités qui se répercutent sur la nature et la distribution du monde qu’il fait vivre. Le courant est un des paramètres déterminants, mais les fluctuations du débit en sont un autre. Dans un torrent, on distingue ainsi trois sortes de biotopes distincts : le cours permanent, qui se réduit parfois à un filet d’eau et à quelques flaques résiduelles en période d’étiage ; le cours majeur, où les organismes subissent périodiquement l’action érosive des crues et un assec relatif durant de longues périodes (comprenant souvent la période froide et de gel) ; le cours souterrain, réservoir d’organismes hypogés dont on ne fait encore que déceler les richesses biologiques.

Dans le cours permanent vivent quelques végétaux attachés au substrat, des Mousses, des Hépatiques et des Algues, qui constituent un feutre organique vivant de Diatomées et de Chlorophycées filamenteuses (Cladophora) sur les pierres et les rochers (biotecton). Dans l’eau vivent essentiellement des animaux benthiques, collés ou solidaires du substrat, et des animaux à profil hydrodynamique, adaptés à la lutte contre le courant (Poissons).

La vitesse de ce courant ne dépasse que rarement 300 cm/s ; sa variabilité dans l’espace et le temps est sa caractéristique essentielle. Le long des parois (substrat), le courant s’annule, et une couche limite de 1 à 4 mm d’épaisseur, sans courant, recouvre le fond. Derrière les irrégularités du fond (cailloux), il peut se créer une zone d’eau morte où s’accumulent les débris organiques charriés par le courant et où vivent des organismes craignant d’être entraînés par celui-ci.

L’eau, toujours agitée, est bien oxygénée ; elle est donc favorable aux animaux exigeants sur ce point (polyoxybiontes). Les animaux rhéophiles (aimant les eaux courantes) et torrenticoles (associés à un fond rocheux ou de pierres nues) sont nombreux. La force qu’ils doivent vaincre est proportionnelle au carré de la vitesse de ce courant. Il s’agit surtout des larves et des nymphes d’Insectes. Les plus fréquents sont des Trichoptères (Phryganes), des Plécoptères (Mouches des pierres) et des Éphéméroptères (Mouches de mai). Les Diptères (Simulies, Orthocladines) et les Coléoptères sont aussi présents (Helmis), et même certaines larves torrenticoles de Papillons sont connues en Asie et en Amérique du Sud. Quelques Mollusques sont adaptés à la vie dans les torrents, et notamment les petits Ancyles qui ressemblent à des minuscules bonnets phrygiens. Les Vers sont plus nombreux, notamment les Turbellariés, dont les Planaires font partie, et quelques Hydracariens les accompagnent. Tous adhèrent, se collent ou s’accrochent à une paroi grâce à des dispositifs nombreux et ingénieux. Cependant, dans bien des cas, ces organismes vivent dans la couche limite et ne supportent donc que très relativement l’effet du courant, sinon lors de leur déplacement, et ce courant n’est jamais réellement laminaire dans les torrents, si bien que les forces supportées sont toujours très variables en direction et en vitesse.

La présence d’eaux mortes permet à des organismes limnophiles (préférant les eaux calmes) de cohabiter dans les torrents avec les précédents. Ce sont également pour la plupart des larves d’Insectes, auxquelles s’ajoutent des Crustacés et des Vers.

Dans le lit périodiquement à sec, la faune et la flore ne trouvent, pour survivre, que les endroits protégés — micromares, dessous humide des cailloux et des rocs qui encombrent le sol — ou ceux qui sont renouvelés par les suintements, les résurgences locales, les sources, qui les humidifient constamment. Sur le substrat s’installent alors une faune et une flore madicoles qui colonisent le film d’eau ruisselant sur les rochers, les galets, les parois de toute nature (troncs d’arbres morts, gros débris) et qui sont constituées, en particulier, par des Diatomées, des Cyanophycées, des Hépatiques et des Mousses, des Rhizopodes, des Hydracariens et des Copépodes mais surtout par des larves d’Insectes (particulièrement Diptères) et des Mollusques.

Une partie de l’eau d’un torrent pénètre sous le lit du cours d’eau et s’écoule souterrainement, plus lentement, mais aussi plus régulièrement, par tous les interstices. Dans cette eau vivent surtout des Copépodes, des Amphipodes et des Isopodes, mais aussi des Vers (Turbellariés, Oligochètes) et même des Mollusques et des Hydracariens, voisins, voire identiques aux formes colonisant le milieu souterrain proprement dit.

La découverte récente de la richesse de cette faune dans le sous-écoulement des rivières torrentueuses donne un intérêt nouveau à celles-ci et explique en partie comment se nourrissent les organismes vivant dans leurs eaux.

Cette nourriture est à la fois vivante et inerte. Elle est le plus souvent constituée de particules de matière organique entraînées par le courant (drift). Les animaux la récoltent soit passivement (filtration), soit activement. Pour cela, ils s’orientent, et leur rhéotropisme est soit positif (tête vers l’aval), soit négatif (tête vers l’amont). Tous ces organismes sont la proie des gros animaux, dont les Poissons qui fréquentent ces eaux. Ceux-ci sont des polyoxybiontes qui, dans les régions tempérées, se limitent aux Salmonidés (Salmo, Salvelinus, Coregonus) et à quelques rares Cyprinidés (le Vairon Phoxinus) et Cottidés (le Chabot Cottus).

C’est dans les graviers du lit des torrents que frayent les Salmonidés, dont certains remontent depuis la mer ou les lacs situés en aval à la période favorable à la ponte (hiver).

B. D.

 J. Illies et L. Botosaneanu, Problèmes et méthodes de la classification et de la zonotion écologique des eaux courantes considérées surtout du point de vue faunistique (Schweizerbart, Stuttgart, 1964). / B. Dussart, Limnologie. L’étude des eaux continentales (Gauthier-Villars, 1966).