Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

topologie (suite)

Deux grands noms de la topologie


George David Birkhoff,

mathématicien américain (Overisel, Michigan, 1884 - Cambridge, Massachusetts, 1944). Professeur à l’université de Princeton (1909), puis à l’université Harvard (1912), il s’intéressa surtout à l’analyse. En particulier, il étudia le problème des trois corps, si important en mécanique céleste, où il prit pour modèle les travaux d’Henri Poincaré*. Celui-ci avait énoncé un théorème capital pour la résolution du problème restreint des trois corps. Mais il ne pouvait prouver un énoncé de topologie indispensable à sa démonstration : une application continue d’un anneau limité par deux cercles concentriques, telle qu’elle fasse tourner les points de l’un dans un sens et ceux de l’autre en sens inverse et qu’elle conserve les aires, admet au moins deux points invariants. Cette proposition fut établie en 1913 par Birkhoff. — Son fils, Garrett Birkhoff (né en 1911), s’est occupé d’algèbre, notamment de la structure des treillis, qu’il a été un des premiers à étudier sous le nom de lattices.


August Ferdinand Möbius,

astronome et mathématicien allemand (Schulpforta 1790 - Leipzig 1868). Professeur d’astronomie (1815), puis professeur de mécanique et directeur de l’observatoire de Leipzig (1844), il est surtout connu pour son « calcul barycentrique » (1827), qui est un des premiers aspects du calcul vectoriel. Ce calcul fut fort bien accueilli par les contemporains, mais Möbius s’efforça, jusqu’à ses derniers jours, d’en étendre la puissance, en s’inspirant notamment des idées de Hermann Grassmann (1809-1877), avec qui il était en relation depuis 1840 environ. En topologie, Möbius a donné son nom à la « surface de Möbius », exemple intuitif d’une surface à un seul côté (1858) : elle est obtenue à partir d’une bande rectangulaire de papier dont les petits côtés sont collés bout à bout, après torsion d’un demi-tour. La découverte des surfaces à un seul côté fut faite, à la même époque et indépendamment l’un de l’autre, par Möbius et par Johann Benedict Listing (1808-1882), le créateur du mot topologie.

J. I.

topométrie

Ensemble des opérations effectuées sur le terrain pour la détermination métrique des éléments d’une carte ou d’un plan.


Les opérations de terrain comportent des mesures de distances, des mesures d’angles horizontaux et verticaux, et des mesures directes de dénivelées au niveau.


Les mesures de distances


Mesures directes

Les mesures directes utilisent soit un étalon de longueur : décamètre, double décamètre, etc., soit une longueur d’onde lumineuse ou électromagnétique avec un distancemètre.

L’étalon de longueur est porté bout à bout autant de fois qu’il est nécessaire, et l’on mesure un appoint final. L’opération la plus courante est le « chaînage », mot qui résulte de l’ancienne utilisation de la chaîne d’arpenteur, remplacée maintenant par des rubans d’acier, souvent émaillés. On peut chaîner selon la pente (fig. 1) ou par ressauts (fig. 2). Dans le premier cas, il faut réduire la longueur chaînée D à l’horizon
Dh = D cos i ;
dans le second cas, on tend le ruban horizontalement et l’on matérialise au fil à plomb sur le sol l’extrémité de la portée, qui sert de départ à la portée suivante ; on obtient ainsi directement une distance réduite à l’horizon. L’erreur moyenne relative obtenue lors du chaînage varie entre 10–3 et 10–4 pour une longueur de 100 m. Lorsqu’on désire une précision plus grande, on utilise des matériels suspendus avec poids tenseurs ou poignées dynanométriques, ce qui permet d’éliminer l’erreur de tension du ruban. On obtient une erreur moyenne relative de 10–5 pour une longueur de 1 km. Toutefois, ces instruments tendent à être remplacés par des distancemètres, instruments utilisant soit le principe du géodimètre (onde lumineuse), soit celui du telluromètre (onde électromagnétique).

Outre la réduction à l’horizon, une longueur AB doit subir une réduction à la surface de référence Σ. On obtient la longueur ab = D0, telle que en désignant par R le rayon de courbure moyen de la section de la surface de référence Σ par le plan vertical contenant le côté AB (fig. 3).

Enfin, le passage de la surface de référence (ellipsoïde de Clarke pour la France) au plan introduit une altération linéaire, due au système de projection utilisé (système de projection Lambert pour la France).


Mesures indirectes

• Mesure stadimétrique. V. tachéométrie.

• Mesure par variation de pente. On mesure successivement sur une mire verticale (fig. 4) les sites i1 et i2, correspondant à deux graduations M1 et M2 d’une mire tachéométrique :

d’où

Il y a intérêt à utiliser un tachéomètre gradué en pentes et à obtenir pour p1 et p2 des pentes rondes, afin de faciliter la division. On peut aussi utiliser un théodolite et une mire verticale portant des repères fixes (cibles) ; le segment M1M2 a alors une valeur parfaitement déterminée.

• Mesure parallactique. On place au point A un théodolite et au point B une stadia horizontale de 2 m fixée sur un trépied, portant à chacune de ses extrémités un repère triangulaire ou une cible circulaire ; l’écartement l, égal à 2 m entre les deux repères M1 et N1, est réalisé avec le maximum de précision possible. Un viseur permet de diriger la stadia perpendiculairement à la visée. Au moyen du théodolite centré au point A, on pointe successivement les deux repères M1 et N1 ; la différence des lectures au cercle horizontal donne l’angle dièdre α des deux plans verticaux passant, d’une part, par les points A et M1, et, d’autre part, par les points A et N1 (fig. 5). On obtient directement la distance AH, réduite à l’horizon par

que l’on calcule par une simple interpolation dans une table des valeurs naturelles de

• Procédés de mesure par duplication d’image. Le diastimomètre comporte un prisme de petit angle recouvrant la moitié inférieure de l’objectif de la lunette du théodolite et réalisant une déviation horizontale d’un angle des graduations d’une mire tenue horizontale. L’axe optique de la lunette est pointé vers l’axe horizontal de la mire de façon que l’image d’un vernier dont l’origine se trouve sous le zéro de la graduation ne soit pas déviée.

Le diasporamètre est un dispositif plus complexe, constitué de deux prismes de petit angle tournant devant la lunette du théodolite et permettant d’obtenir directement sur une mire tenue horizontale la distance réduite à l’horizon et la dénivelée.

• Mesure télémétrique. On peut utiliser un télémètre stéréoscopique, mais la tendance actuelle est de faire appel à un télémètre à coïncidence, à base variable (fig. 6).

• Mesure de distance à partir des éléments d’un triangle. Pour mesurer la distance d’un point A à un point éloigné M, on matérialise une base AB dont on mesure la longueur, puis on mesure les angles :

Dans le triangle ABM, on a

et

La distance cherchée est