Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tir (suite)

Sur ces canons, tel le modèle français de 100 mm (1954-1968), la conduite de tir est entièrement automatisée. Le radar est devenu l’élément fondamental du tir naval, qu’il soit de veille, d’altimétrie, de poursuite ou exclusivement de tir... Il est toujours associé à des calculateurs qui utilisent les performances de l’électronique pour télécommander les pièces d’artillerie ou donner aux missiles les éléments du tir.

Sur les grands bâtiments (croiseurs, frégates, corvettes), le tir est commandé à partir de la chaîne de traitements des informations tactiques (système SENIT français ou NTDS américain), qui élabore la situation générale et assigne leurs objectifs aux différents groupements d’artillerie ou de missiles. Au milieu des années 1970, le tir naval est caractérisé par une automatisation de plus en plus poussée grâce à un emploi systématique de l’électronique et de l’informatique. Seule l’application de ces techniques à la conduite du tir permet, avec un délai minimal, de choisir un objectif, de le désigner à un groupement de missiles ou d’artillerie, de calculer et de transmettre les données du tir, quand on sait que l’objectif — avion ou missile — se déplace souvent à une vitesse supérieure à mach 1.

P. D.

➙ Artillerie navale / Canon / Missile.


Les tirs nucléaires tactiques

Les problèmes posés par le tir d’armes nucléaires tactiques, à partir de roquettes, de canons ou de missiles, résultent des caractères particuliers à toute explosion atomique dans l’atmosphère (v. bombe nucléaire). On rappellera seulement ici que les effets mécaniques dus à l’onde de choc représentent environ 50 p. 100 de l’énergie libérée. Provoquant une brusque élévation de pression accompagnée d’un vent violent, elle est suivie d’une dépression avec changement de sens de la pression et du vent, phénomène capable de provoquer l’effondrement de bâtiments, l’arrachage des arbres, etc. Les effets thermiques (35 p. 100 de l’énergie libérée) se manifestent sous la forme d’un éclair et d’un intense rayonnement calorifique pouvant allumer des incendies, provoquer des brûlures, éblouir ou aveugler quiconque a le regard orienté vers l’explosion quand elle se produit. Quant aux effets radioactifs (15 p. 100 de l’énergie libérée), ils comprennent aussi bien la radioactivité initiale due au rayonnement produit par les réactions nucléaires que la radioactivité résiduelle résultant de la retombée des poussières radioactives ou de la contamination des sols.

Pour le tir, des tableaux indiquent les surfaces soumises à ces effets dans les différents cas de puissance et de hauteur de l’explosion. Les effets peuvent se composer, mais dans la plupart des cas l’un d’eux est plus important que les autres : c’est ainsi que, pour une charge de 1 kt, c’est l’effet radioactif qui est le plus dangereux, alors que, pour une charge plus puissante, l’effet thermique devient prépondérant.

En première approximation, on peut partager la surface au sol autour du point zéro en trois régions : la partie centrale atteinte de destruction totale, la zone de dommages, comportant des pertes en personnel et des dégâts matériels, et la zone de dommages nuls. Si l’on répartit régulièrement sur le terrain des éléments analogues, on constate après une explosion nucléaire qu’à une certaine distance du point zéro certains éléments subissent un dommage déterminé et d’autres non. On appelle rayon d’efficacité ou rayon 50 la distance à laquelle un élément a cinquante chances sur cent de subir le dommage considéré et on définit de même le rayon 10, 20, etc. Le rayon de dommage RD est le rayon d’un cercle centré au point zéro et contenant autant d’éléments échappant au dommage qu’il peut s’en trouver à l’extérieur du cercle susceptible de le subir. On démontre que le rayon de dommage est à peu près égal au rayon d’efficacité.


Préparation et exécution du tir nucléaire

Deux caractéristiques essentielles différencient le tir nucléaire du tir classique : d’une part, son caractère « unitaire », qui, ne permettant pas de réglage, exige une préparation particulièrement soignée, d’autre part l’effet instantanément « surpuissant » de l’explosion nucléaire. Une analyse très poussée des objectifs s’impose donc pour déterminer les meilleures conditions d’emploi des armes dont on dispose.

Le tir nucléaire rend toutefois cette analyse plus complexe du fait que l’effet recherché doit être en général produit par une explosion unique dont le point zéro ne sera pas forcément au centre de l’objectif et dont la hauteur d’éclatement ne sera pas la hauteur type souhaitée. D’autre part, la grande dimension du rayon d’efficacité des projectiles nucléaires rend difficile de préserver de toute atteinte certaines zones situées au voisinage de l’objectif.

Il est prévu qu’un ordre de tir nucléaire précise les effets minimaux à obtenir, les effets secondaires à éviter et les conditions de sécurité des troupes amies (problème beaucoup plus complexe que dans le tir classique). L’analyste traduit ces directives sous forme de degrés de probabilité, détermine la puissance et la nature de l’arme à employer et les conditions de l’explosion (point zéro, heure et hauteur de l’éclatement). Quand les conditions du combat exigent l’absence de retombées radioactives sur des surfaces occupées par les troupes amies, l’explosion doit être aérienne, car c’est la boule de feu qui, en touchant le sol, entraîne dans l’espace les poussières rendues radioactives. L’absence de retombées correspond donc à une hauteur minimale d’explosion. En y ajoutant, pour tenir compte de la dispersion en hauteur, 3 ou 3,5 écarts probables, on détermine la hauteur minimale d’explosion à choisir pour le tir.


Effets des tirs nucléaires

Des tables et des gabarits indiquent ces effets sur du personnel, protégé ou non, alerté ou non, sur des constructions, des forêts, etc., compte tenu de la puissance et de l’altitude d’éclatement des projectiles nucléaires. On estime, en raison de l’ampleur et du caractère terrifiant de l’explosion, que l’effet de neutralisation est très prononcé dans une couronne extérieure au cercle de rayon R 50, où se produiront encore certains dommages. Cet effet sera sans doute encore notable dans une deuxième couronne extérieure à la précédente, la durée de cette neutralisation dépendant de multiples facteurs où interviennent au premier plan le moral des troupes et la qualité du commandement. Inversement, si ce dernier décide d’employer l’arme nucléaire à proximité de ses propres forces, il devra tenir compte des effets qu’elles pourraient subir.