Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tir (suite)

• Avec les pièces d’artillerie, les points de chute sont répartis dans un rectangle de dispersion dont le centre est appelé point moyen du tir. C’est autour de ce point que la densité des impacts est de beaucoup la plus élevée. On appelle écart probable en portée un écart en portée par rapport au point moyen tel qu’il y ait autant d’impacts à moins d’un écart probable que d’impacts à plus d’un écart probable. On définit de même l’écart probable en direction et on constate que le rectangle de dispersion a une longueur de huit écarts probables en portée et une largeur de huit écarts probables en direction.

• Avec les roquettes, les missiles ou les bombes d’avions, les lois de la dispersion sont analogues à celles des obus, mais la surface de dispersion est sensiblement circulaire. L’ensemble des points d’impact est réparti dans un cercle d’un rayon de trois écarts probables circulaires, et la moitié des impacts dans un cercle dont le rayon est un écart probable.


La préparation du tir

Une des missions essentielles de l’artillerie est de déceler les objectifs, de les localiser et de les déterminer de façon précise. Dans ce but, elle dispose de l’observation à vue, du repérage par le son, de la photographie aérienne, mais surtout, depuis les années 1960, des radars de surveillance, de tir et antimortiers (v. radar), des dispositifs à vision infrarouge et de la télévision. La position de tir est choisie en fonction de la mission, et les possibilités de tir sont établies compte tenu du terrain et des caractéristiques des matériels.

La position fait ensuite l’objet d’un équipement topographique qui comporte la détermination des coordonnées des moyens de lancement, d’observation et de repérage, puis celle des objectifs. Cette opération doit être particulièrement soignée pour les tirs de roquettes ou de missiles déclenchées sans réglage.

À partir de ces données, la préparation du tir consiste à déterminer les éléments à faire marquer aux moyens de lancement, ou bien les paramètres à introduire dans les appareils de guidage en vue de tirer sur un objectif. Mais ces éléments doivent subir une correction en raison des diverses causes susceptibles de faire varier la vitesse initiale et des conditions aérologiques fournies par les bulletins de sondage de l’atmosphère. Dans le cas des roquettes, la préparation est la même, mais il faut tenir compte en plus des vents de surface au voisinage immédiat de la rampe de lancement.


L’exécution du tir

On dit qu’un tir est « en place » lorsque, compte tenu de la précision désirée, son point moyen est confondu avec le centre de l’objectif et le tir adapté aux dimensions de ce dernier. Avec l’artillerie classique, ce résultat fait suite à un réglage qui peut être précis (un écart probable en portée, deux en direction) ou sommaire, ou à un contrôle qui consiste à situer le point moyen d’un tir de plusieurs coups par rapport à un point de contrôle.

Opéré soit par encadrement de l’objectif, soit par déplacement du point moyen, le réglage doit, à proximité des troupes amies, tenir compte de la portée des éclats dangereux (env. 350 m pour l’obus de 105 mm, 550 m pour l’obus de 155 mm). Il est parfois possible, en l’absence d’une préparation suffisante, d’obtenir d’emblée une bonne précision des tirs dans le cas où on peut utiliser les résultats de tirs antérieurs ; leur exploitation, soumise à des restrictions d’espace et de temps, utilise plusieurs procédés : transport de tir, rattachement ou repérage sur but témoin.


Effets recherchés

Le plus souvent, un tir d’artillerie a pour objet une destruction, qui vise à mettre définitivement hors de cause un organe adverse et peut s’appliquer à du personnel, à des blindés, à des obstacles, à des voies de communication, etc. Quand ce résultat ne peut être atteint, on se contente d’un tir de neutralisation ayant pour but d’empêcher, pendant un temps déterminé, une troupe adverse de remplir sa mission. Qu’il s’agisse de destruction ou de neutralisation, il existe des barèmes indiquant pour chaque calibre le nombre de projectiles nécessaires par unité de temps. Compte tenu du débit autorisé par pièce, de la surface de l’objectif et de l’effet à obtenir, on peut ainsi calculer le nombre de pièces nécessaires à chaque mission.

Le tir aérien

Il est effectué à partir d’un avion en vol sur des cibles terrestres ou aériennes avec des armes à tir axial ou des armes sur tourelle pouvant tirer en dehors de l’axe de l’avion, avec des munitions non propulsées (bombes, grenades) ou avec des missiles guidés air-air ou air-sol.

C’est pendant la Première Guerre mondiale et surtout après ce conflit que fut étudié scientifiquement le difficile problème du tir aérien contre avions. Pour réussir un tir, il faut tenir compte de la route de l’objectif, mais aussi de beaucoup d’autres paramètres tels que l’angle de présentation du but et sa vitesse, la trajectoire des projectiles et la distance du but, qui déterminent une hausse correcte, la vitesse du tireur, qui s’ajoute à celle du projectile, l’angle d’assiette de l’avion et son angle de dérapage au moment du tir, etc. Tous ces paramètres évoluent en permanence dans un combat aérien où tout se passe avec une très grande rapidité pour un pilote qui, seul à bord, ne peut se consacrer exclusivement au tir.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’amélioration des viseurs accroît la précision dans l’évaluation de la distance tireur-but, qui ne sera connue exactement qu’avec la mise au point, après 1945, du radar télémètre. Mais le tir se fait toujours à vue directe et repose avant tout sur l’adresse du pilote. Dans les années 1955-1960 sont réalisés les premiers chasseurs « tout temps » capables, grâce à un radar spécial, de diriger l’avion tireur sur le but et de tirer en temps voulu sans visibilité. Les canons utilisés avec ces radars ont fait place d’abord aux salves de roquettes (plusieurs dizaines en séquences), puis, après 1960, aux missiles air-air dotés d’une ogive capable d’autoguidage dont les résultats expérimentaux furent remarquables. La guerre du Viêt-nam (1964-1975) a révélé ensuite que les combats aériens se déroulaient souvent à des distances trop faibles pour l’emploi des missiles et l’on se hâta de remonter des canons sur les chasseurs jusqu’à la réalisation de nouveaux types de missiles air-air adaptés au combat rapproché, comme le « Magic » français, mis en service en 1972.