Tillich (Paul) (suite)
Lecture chrétienne de la réalité profane, dialogue attentif avec les hommes et les doctrines les plus divers, responsabilité historique et action politique des chrétiens, pari sur une attente et présence de Dieu dans tous les domaines du réel : Tillich a superbement prolongé au xxe s. la grande tradition des apologètes chrétiens. Tout au plus peut-on regretter que sa méthode corrélative le rende plus sensible aux questions de l’homme appelant la réponse de Dieu que, comme Barth, aux questions de Dieu appelant la réponse de l’homme. De même, il est évident qu’une apologétique s’adresse en premier lieu aux intellectuels, à ces « esprits cultivés » qu’interpellait Schleiermacher dans ses Discours sur la religion. D’où un trait aristocratique qui, à la fois, séduit et repousse plus d’un lecteur. Le Dieu de l’Évangile n’est-il pas celui qui, en prenant le parti des pauvres, solidaire de leurs espoirs et de leurs luttes et entraînant des hommes à sa suite dans son œuvre libératrice, se fait connaître aussi à ceux qui sont incapables d’établir quelque corrélation que ce soit entre les valeurs et déficiences de leur culture et les réponses qu’implicitement elles appellent ?
G. C.
J. P. Gabus, Introduction à la « Théologie de la culture » de Paul Tillich (P. U. F., 1969). / L. Racine, l’Évangile selon Paul Tillich (Éd. du Cerf, 1970).
Éléments biographiques
188620 août : naissance à Starzeddel, près de Guben, Prusse.
1911Licence de théologie à l’université de Halle.
1912Ministre de l’Église évangélique luthérienne.
1914-1918Aumônier dans l’armée allemande.
1919-1924Privatdocent à l’université de Berlin, où Tillich fait partie, avec C. Mennicke et G. Dehn, d’un cercle de chrétiens sociaux (Bund der religiösen Sozialisten).
1924-1929Professeur de théologie à Marburg, puis à Dresde et à Leipzig.
1929Professeur de philosophie à l’université de Francfort.
1933Destitué par les nazis, Tillich s’installe aux États-Unis, dont il deviendra citoyen en 1940.
1938-1955Professeur de théologie à l’Union Theological Seminary de New York.
Publie The Shaking of the Foundations (1948 ; trad. fr. Les fondations sont ébranlées, 1967), Systematic Theology (1951 ; trad. fr. Théologie systématique, 1970), The Courage to be (1952 ; trad. fr. le Courage d’être, 1967), Love, Power and Justice (1954 ; trad. fr. Amour, pouvoir et justice, 1964).
1955-1962Professeur associé à l’université Harvard. Publie Biblical Religion and the Search for Ultimate Reality (1955, trad. fr. Religion biblique et ontologie, 1960), The New Being (1955 ; trad. fr. l’Être nouveau, 1969), Dynamics of Faith (1958 ; trad. fr. Dynamique de la foi, 1968), Theology of Culture (1959 ; trad. fr. Théologie de la culture, 1968). Sous le titre la Dimension oubliée (1969) a également été publié en français un recueil d’articles dispersés parus en Allemagne et aux États-Unis.
1962-1965Professeur à l’université de Chicago. Publie The Eternal Now (l’Éternel maintenant, 1963), Christianity and the Encounter of the World Religions (le Christianisme et les religions, 1963), Theology of Culture (Théologie de la culture, 1964).
1965Mort à Chicago le 22 octobre. Tillich laisse une œuvre considérable dominée par les trois volumes de Systematic Theology (1951-1963 ; trad. fr. Théologie systématique, 1970).