Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tillich (Paul) (suite)

Lecture chrétienne de la réalité profane, dialogue attentif avec les hommes et les doctrines les plus divers, responsabilité historique et action politique des chrétiens, pari sur une attente et présence de Dieu dans tous les domaines du réel : Tillich a superbement prolongé au xxe s. la grande tradition des apologètes chrétiens. Tout au plus peut-on regretter que sa méthode corrélative le rende plus sensible aux questions de l’homme appelant la réponse de Dieu que, comme Barth, aux questions de Dieu appelant la réponse de l’homme. De même, il est évident qu’une apologétique s’adresse en premier lieu aux intellectuels, à ces « esprits cultivés » qu’interpellait Schleiermacher dans ses Discours sur la religion. D’où un trait aristocratique qui, à la fois, séduit et repousse plus d’un lecteur. Le Dieu de l’Évangile n’est-il pas celui qui, en prenant le parti des pauvres, solidaire de leurs espoirs et de leurs luttes et entraînant des hommes à sa suite dans son œuvre libératrice, se fait connaître aussi à ceux qui sont incapables d’établir quelque corrélation que ce soit entre les valeurs et déficiences de leur culture et les réponses qu’implicitement elles appellent ?

G. C.

 J. P. Gabus, Introduction à la « Théologie de la culture » de Paul Tillich (P. U. F., 1969). / L. Racine, l’Évangile selon Paul Tillich (Éd. du Cerf, 1970).

Éléments biographiques

1886

20 août : naissance à Starzeddel, près de Guben, Prusse.

1911

Licence de théologie à l’université de Halle.

1912

Ministre de l’Église évangélique luthérienne.

1914-1918

Aumônier dans l’armée allemande.

1919-1924

Privatdocent à l’université de Berlin, où Tillich fait partie, avec C. Mennicke et G. Dehn, d’un cercle de chrétiens sociaux (Bund der religiösen Sozialisten).

1924-1929

Professeur de théologie à Marburg, puis à Dresde et à Leipzig.

1929

Professeur de philosophie à l’université de Francfort.

1933

Destitué par les nazis, Tillich s’installe aux États-Unis, dont il deviendra citoyen en 1940.

1938-1955

Professeur de théologie à l’Union Theological Seminary de New York.

Publie The Shaking of the Foundations (1948 ; trad. fr. Les fondations sont ébranlées, 1967), Systematic Theology (1951 ; trad. fr. Théologie systématique, 1970), The Courage to be (1952 ; trad. fr. le Courage d’être, 1967), Love, Power and Justice (1954 ; trad. fr. Amour, pouvoir et justice, 1964).

1955-1962

Professeur associé à l’université Harvard. Publie Biblical Religion and the Search for Ultimate Reality (1955, trad. fr. Religion biblique et ontologie, 1960), The New Being (1955 ; trad. fr. l’Être nouveau, 1969), Dynamics of Faith (1958 ; trad. fr. Dynamique de la foi, 1968), Theology of Culture (1959 ; trad. fr. Théologie de la culture, 1968). Sous le titre la Dimension oubliée (1969) a également été publié en français un recueil d’articles dispersés parus en Allemagne et aux États-Unis.

1962-1965

Professeur à l’université de Chicago. Publie The Eternal Now (l’Éternel maintenant, 1963), Christianity and the Encounter of the World Religions (le Christianisme et les religions, 1963), Theology of Culture (Théologie de la culture, 1964).

1965

Mort à Chicago le 22 octobre. Tillich laisse une œuvre considérable dominée par les trois volumes de Systematic Theology (1951-1963 ; trad. fr. Théologie systématique, 1970).

timbre

Qualité physiologique du son qui, à égalité de hauteur et d’intensité, permet de distinguer deux sons émis par des instruments différents.


Le timbre d’un son est évidemment lié à une sensation particulière que ce son nous donne, sensation qui peut varier d’un auditeur à l’autre. Tel aimera la douceur du son de la flûte, alors que tel autre le trouvera trop pauvre et préférera le son du violon, dont il aime le timbre plus corsé. L’acousticien a pour rôle de déterminer à quelle cause physique, indépendamment de tout auditeur, est liée la différence de timbre entre deux sons. Il est évident que cette différence est liée au fait que les mouvements vibratoires qui leur ont donné naissance sont eux-mêmes différents ; et, plus précisément, puisque ce mouvement vibratoire se transmet depuis la source vibrante jusqu’à notre oreille, à la différence des mouvements vibratoires de l’air au voisinage du tympan, qui constituent le premier maillon de la chaîne qui va finalement traduire, depuis l’oreille jusqu’au cerveau, cette vibration en sensation sonore.

Or, ce mouvement vibratoire est lui-même très complexe. Si nous mesurons, par exemple, comment varie en fonction du temps la pression de l’air au voisinage du tympan quand un organiste émet une note sur son instrument, nous distinguons facilement trois intervalles successifs correspondant :
1o à l’attaque du son (l’organiste appuie sur la touche ; l’air alimente le tuyau et met en vibration la colonne d’air qui le remplit) ;
2o au son permanent (le tuyau est maintenant alimenté à pression et débit constants ; pendant cette période, la variation de pression p(t) autour de la pression atmosphérique P0 est une fonction périodique du temps) ;
3o à la retombée du son (l’organisme ôte son doigt de la touche ; la soupape qui permet d’alimenter le tuyau en vent se referme).

Les régions d’attaque et de retombée sont appelées régions transitoires. Le mouvement vibratoire n’est périodique que dans la région intermédiaire, et c’est là qu’il est le plus facile de caractériser le timbre, parce qu’un théorème dû à Fourier nous apprend que toute fonction périodique de fréquence N est décomposable en une somme de fonctions périodiques simples dont les fréquences sont harmoniques de la fréquence N, c’est-à-dire N, 2N, 3N... On peut donc écrire
p(t) = p1 cos(2π Nt + φ1) + p2 cos(4π Nt + φ2) + ...,
p1, p2... sont les amplitudes des composantes, φ1, φ2... leurs phases. Pour un son de fréquence N déterminée, le timbre ne dépend donc, a priori, que de ces amplitudes et de ces phases, la décomposition de p(t) en série de Fourier étant unique.