Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tige (suite)

Adaptation au milieu

Les tiges, qui sont le plus souvent les organes de soutien des feuilles et de conduction des sèves, servent aussi, parfois, pour les réserves et la photosynthèse ; enfin, elles reflètent les adaptations des végétaux aux conditions rigoureuses des milieux où ils vivent (aquatiques, secs, souterrains...).


Protection contre le froid

Le botaniste danois Christen Raunkiaer a groupé les plantes suivant leur résistance au froid, et cette classification se trouve fondée en grande partie sur la durée de vie et la grandeur des tiges. Il distingue ainsi les thérophytes, ou annuelles, dont la taille est rarement grande et seulement d’une durée de quelques mois correspondant à la saison favorable au développement ; les cryptophytes, qui l’hiver ne possèdent que des organes souterrains complètement enterrés (rhizomes ou bulbes) ; les hémicryptophytes, parmi lesquelles on peut citer les plantes à rosettes (plantes acaules) étalées sur le sol et celles dont les bourgeons, non entourés de feuilles, placés sur des tiges plus ou moins rampantes (coulants), sont au niveau du sol et recouverts l’hiver par la neige, même quand la couche est mince ; les chaméphytes, dont les tiges assez basses n’atteignent guère plus de 25 à 30 cm (Bruyères) et dont les bourgeons sont protégés par la neige ; enfin, les phanérophytes, qui correspondent aux buissons et aux arbres et dont les bourgeons ne sont pas couverts par la neige.


Adaptation aux milieux arides

Certaines plantes subissent des agressions très importantes du milieu. Ainsi les plantes aquatiques, dont les tiges ont une structure très différente de celle des plantes aériennes (parenchymes aérifères, pas de tissu de soutien, pas de cuticule, vascularisation très faible et tissus secondaires extrêmement réduits). Au contraire, certaines plantes des régions sèches présentent des tiges charnues cylindriques (Euphorbes cactiformes, Cierges) ou sphériques (Echinocactus) avec des parenchymes chlorophylliens et aquifères. Les premiers, vers la périphérie, sont recouverts d’une forte cuticule empêchant la transpiration et servant à la photosynthèse, car les feuilles sont souvent absentes par suite d’une réduction de la surface de transpiration. Les seconds, dans les profondeurs des tiges, permettent à ces espèces d’accumuler dans leurs tissus de grosses réserves d’eau. Ces formes succulentes se retrouvent chez les plantes (Chénopodiacées) de terrains salés, car ce milieu crée des conditions rigoureuses de succion par suite de sa haute teneur en sel. Les sclérophytes présentent une autre adaptation à la sécheresse, elles ont des tiges rabougries souvent disposées en demi-coupole, à forte cuticule, fréquemment recouvertes d’un tomentum (feutrage de poils longs et blancs) qui leur donne une teinte grise (nombreuses plantes de la région méditerranéenne) ; elles n’ont que peu de parenchyme, mais beaucoup de tissus lignifiés. Leurs réserves d’eau sont très faibles et leur transpiration aussi ; comme chez les plantes des sols salés, la pression osmotique de leurs tissus est élevée, de l’ordre d’une vingtaine d’atmosphères.


Plantes épineuses

À côté de ces plantes entièrement adaptées à des climats très secs, il faut citer un certain nombre d’espèces (Genêts épineux, Ajoncs, Prunelliers, Aubépines, Citronniers...) dont seulement une partie de l’appareil végétatif est modifiée. Quelques-uns de leurs rameaux sont dépourvus de feuilles et se terminent par des épines d’une grande dureté, nées à l’aisselle d’une feuille qui disparaît rapidement. Ces épines ont une structure analogue à celle des tiges, mais avec plus de fibres dans l’écorce, un système vasculaire plus réduit, les cellules de la moelle à parois épaissies et fortement lignifiées. Il ne faut pas confondre de telles épines, anatomiquement de vraies tiges, avec les aiguillons (Rosiers) qui ne sont que des productions épidermiques ne possédant aucune vascularisation, mais seulement des cellules toutes semblables fortement lignifiées.


Les tiges souterraines

Les rhizomes, les tubercules, les bulbes... vont présenter les structures essentielles des tiges aériennes, mais avec un certain nombre de caractéristiques propres : les feuilles et les tissus de soutien très réduits, les cellules compagnes du xylème peu ou pas lignifiées et les faisceaux criblo-vasculaires non entourés de fibres. Par contre, l’appareil protecteur est plus développé que dans les tiges aériennes (liège important), et les parenchymes de l’écorce et de la moelle deviennent le siège de réserves (amidon, inuline, saccharose...). Quand les tiges souterraines sont transformées en véritables organes de réserve, il y a exagération de toutes les caractéristiques : les tissus de soutien sont à peu près nuls et les parenchymes deviennent très importants (Pomme de terre, Topinambour). Les bulbes correspondent à un type très particulier des tiges souterraines ; en forme de cône très surbaissé, à axe ordinairement vertical muni en dessous d’une masse de tissu plus ou moins hémisphérique qui donne à sa partie inférieure de nombreuses racines adventives.


Les plantes grimpantes et les lianes

Enfin, dans le milieu aérien, on remarque des formes curieuses qui à première vue semblent peu liées aux conditions du milieu. C’est le cas des plantes grimpantes, à tiges très grêles par rapport à leur longueur ; là, les éléments conducteurs sont à grande lumière, favorisant ainsi la conduction des sèves. Les extrémités de ces tiges sont parfois (Vigne) transformées en organes préhensiles qui, par leurs mouvements de nutation, recherchent dans l’espace un support, puis s’en approchent et finissent par s’y accrocher et s’y enrouler fortement (vrilles). Chez la Vigne vierge ou l’Ampélopsis, ces rameaux non seulement sont transformés en vrilles, mais en plus leurs extrémités peuvent adhérer aux rochers et aux murs comme une ventouse. Il est à remarquer que de nombreuses « vrilles » ne proviennent pas de tiges transformées, mais de feuilles.