Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tige (suite)

Ces tiges de Fougères, quand elles sont très jeunes, n’ont qu’un épiderme, une écorce et un cylindre central mince sans moelle (protostèle, Polystichum Filix-Mas), mais rapidement cette tige prend la forme d’un cône renversé, car ce premier cylindre central se divise et donne d’abord une siphonostèle (tissu conducteur en anneau continu avec une moelle centrale), puis une structure polystélique (dictyostèle). À l’état adulte, les stèles (ou cordons vasculaires) sont disposées en un cercle unique au milieu d’un parenchyme banal dont la partie centrale simule une moelle.


La tige des Phanérogames

Chez les Phanérogames, c’est à l’intérieur même de la graine que l’on rencontre la première ébauche de la jeune tige. En effet, à côté des cotylédons (ou de l’unique cotylédon des Monocotylédones*), il existe une masse de cellules qui, au moment de la germination, donnera la première racine (radicule), tandis que, dans la région immédiatement placée en dessus, une autre sera à l’origine de l’axe hypocotylé. Celui-ci s’allonge en entraînant les cotylédons, et à son sommet le bourgeon (gemmule) formera la vraie tige avec les premières feuilles. Celles-ci sont insérées sur la tige (ou les rameaux) au niveau de renflements, ou nœuds, qui sont séparés par des « entre-nœuds » de taille très variable selon les espèces. Chez certaines Monocotylédones, en particulier chez les Graminacées, la jeune tige (ainsi d’ailleurs que la jeune racine) est recouverte par une gaine, le coléoptile, pendant les premiers jours suivant la germination. Chez les Gymnospermes*, le Pin par exemple, c’est au centre d’une couronne de cotylédons qu’apparaît la gemmule, origine de la première tige, sur laquelle se développent d’abord des feuilles différentes de celles du Pin adulte (elles sont plus courtes), directement insérées sur la tige, pendant au moins la première année, quelquefois deux ou trois ans ; ce n’est qu’ensuite que les tiges forment des écailles, à l’aisselle desquelles apparaissent des rameaux rudimentaires qui donnent les vraies feuilles.

De nombreux types de tiges existent chez les Phanérogames : tiges annuelles herbacées de très modeste taille (Blé), pouvant parfois ne vivre que quelques jours (éphémérophytes des déserts) ; tiges bisannuelles, dont la croissance commence une première année et se poursuit l’année suivante, en donnant alors fleurs et fruits, puis qui meurent totalement ; enfin plantes vivaces, dont le développement s’étend sur un nombre d’années parfois très important. Ces dernières espèces présentent une morphologie et une durée de vie variables. Ainsi, l’on connaît des plantes vivaces à tiges extrêmement courtes (plantes acaules), les feuilles étant étalées en rosette sur le sol. Chez les bulbes, la tige est comme télescopée et réduite à un cône plus ou moins surbaissé sur lequel sont insérées les feuilles, les plus jeunes au centre. À l’opposé, des arbres peuvent atteindre plus de 100 m, comme les troncs de quelques Conifères (Séquoia) et même 150 m pour des Eucalyptus d’Australie. Le Palmier rotang à tige grimpante mesure parfois plus de 300 m, mais pas plus de 5 cm de diamètre. Certains arbres, sans avoir une taille remarquable, présentent cependant un diamètre important ; c’est le cas de très vieux sujets dont la cime a disparu et dont de nombreuses branches ont donné des rejets tout autour de la première tige : on peut citer ainsi des Châtaigniers qui auraient plus de 50 m de circonférence. L’âge de ces vénérables sujets est de plusieurs centaines d’années : des Oliviers à Jérusalem auraient plus de 1 000 ans. Michel Adanson (1727-1806) a attribué près de 6 000 ans à des Baobabs de 9 m de diamètre, alors que certains ont plus de 12 m. Un Dragonnier de Tenerife voit son âge estimé à 8 000 ans !

On distingue les tiges monopodiales, c’est-à-dire dont la croissance est obtenue par développement du bourgeon terminal, et les tiges sympodiales, provenant des bourgeons axillaires, le terminal ayant avorté.

Pour les plantes ligneuses, la ramification est très différente suivant l’espèce, et rien qu’au port il est souvent possible, sur des individus dépouillés de leurs feuilles, de déterminer l’espèce. On distingue ainsi le type « arbre » et le type « buisson » : chez le premier, la tige principale garde toujours la prééminence et devient le tronc, qui peut porter des rameaux plus ou moins importants, et, suivant leur développement, leur ramification et leur niveau sur le tronc, on obtient des ports extrêmement variés, par exemple : pyramidal chez certains Conifères, en pinceau pour le Peuplier d’Italie, en boule pour le Pommier...

Si pour les « arbres » la prépondérance de la tige existe, les rameaux les plus près du bourgeon étant les mieux développés, au contraire dans le type « buisson » la tige principale de la première année ne grandit pas beaucoup et, dès la deuxième année, ce sont les rameaux latéraux qui prennent le dessus, les plus importants se trouvant à la base de la tige principale ; de même, il est fréquent de voir dans ce type de croissance une vigueur particulière des bourgeons placés à la face supérieure des rameaux arqués.


Croissance en longueur

Le point végétatif correspond à la partie terminale des tiges ou des rameaux ; il est composé d’un ensemble de cellules non différenciées, à parois minces, à gros noyau occupant presque tout le volume de la cellule, avec de minuscules vacuoles et des chondriosomes, mais pas de plastes ni de réserves ; on est donc là en présence de cellules méristématiques capables de nombreuses divisions. Selon Lucien Plantefol (1948), ce sont des cellules périphériques autour de la zone apicale qui sont les plus actives et qui se divisent le plus ; elles donnent naissance aux ébauches foliaires et aux tissus corticaux, la moelle ayant son origine dans le méristème médullaire qui est placé au centre de la tige au niveau de la partie supérieure de l’« anneau initial ». La croissance en longueur de ces tiges se fait d’une part dans le bourgeon par multiplication des cellules méristématiques (mérèse), où se construisent les nœuds, les ébauches foliaires et où s’individualise l’amorce des entre-nœuds, puis d’autre part grâce à l’allongement des entre-nœuds (surtout aux alentours du cinquième) par élongation cellulaire (auxèse). Cet allongement n’étant pas égal sur toutes les génératrices, il se produit un mouvement de circumnutation, dont la révolution est ordinairement de 24 heures et dont le sens (direct ou rétrograde) dépend de l’espèce.