Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thyroïde (suite)

Le réflexogramme achilléen (enregistrement graphique du réflexe du tendon d’Achille) est raccourci dans les hyperthyroïdies, allongé dans les hypothyroïdies. Les tests biologiques peuvent être réalisés in vivo (dosage de l’iodémie protéique, de l’iode hormonal, chromatographie des produits iodés plasmatiques) ou in vitro. Ils permettent d’étudier les différentes sécrétions de la thyroïde présentes dans le plasma. Surtout l’utilisation de substances radioactives iodées (contenant un isotope* radioactif de l’iode) permet une étude dynamique de la glande et la visualisation de sa morphologie active par scintigraphie*. On utilise l’iode 131, dont la période est de 8 jours, ou l’iode 132, dont la période n’est que de 2 ou 3 heures. L’isotope est administré par voie buccale ou par voie veineuse. L’examen ne peut être pratiqué en cas de saturation iodée préalable de la glande.

On étudie la fixation de l’iode au bout de 2 heures, de 6 heures, de 24 heures et, éventuellement, de 48 heures. La scintigraphie à l’aide d’un compteur Geiger donne une image de la glande, normalement représentée sous la forme d’un papillon régulier et homogène ; elle montre parfois une hyperfixation globale (maladie de Basedow) ou localisée (nodules chauds ou toxiques), ou une hypofixation globale (involution thyroïdienne) ou localisée (nodule froid du kyste, de l’adénome ou du cancer).

Les épreuves dynamiques sont représentées par l’épreuve de Werner (freinage par administration de thyroxine ou de tri-iodo-thyronine) et par l’épreuve de Querido (stimulation par administration de thyréostimuline hypophysaire [TSH]).

La thermographie (v. température) est susceptible d’orienter vers le diagnostic de cancer, mais reste d’application limitée actuellement.


Pathologie du corps thyroïde


Les goitres

Les goitres simples correspondent à une augmentation de volume de la glande sans signes endocriniens et en dehors du cancer. Leurs causes sont multiples. En rapport avec une diminution de la thyroxine circulante, ils sont traités par l’administration d’extraits thyroïdiens ou de fractions hormonales, qui freinent la sécrétion de TSH et, partant, la stimulation de la croissance de la glande. La chirurgie est sans objet dans les formes diffuses, sauf raison esthétique ou gêne secondaire au volume du goitre.

Dans les formes nodulaires, la crainte du cancer justifie au contraire l’exérèse du lobe intéressé avec examen histologique.


L’hyperthyroïdie

Elle est caractérisée par une augmentation permanente de la sécrétion thyroïdienne, qui n’obéit plus à sa régulation homéostatique normale.

La maladie de Graves-Basedow, décrite presque simultanément par l’Irlandais Graves et par l’Allemand Basedow, associe la présence d’un goitre, très richement vasculaire, d’une exophtalmie, qui témoigne de la participation diencéphalo-hypophysaire prépondérante, d’un amaigrissement et de troubles cardio-vasculaires (tachycardie), conséquences de l’imprégnation de l’organisme par l’hormone thyroïdienne. Il s’y ajoute des troubles du caractère (nervosité), des troubles digestifs (diarrhée), une fatigabilité anormale et un tremblement permanent. Les épreuves biologiques montrent l’hyperactivité de la glande, non freinable par l’administration de thyroxine. Le traitement repose sur les antithyroïdiens de synthèse, l’iode radioactif et la chirurgie (exérèse partielle de la glande, ou thyroïdectomie subtotale). Les troubles cardiaques peuvent être au premier plan (arythmie complète, insuffisance cardiaque). On désigne ces formes sous le terme de cardiothyréose.

Le nodule toxique correspond à la constitution d’un nodule thyroïdien unique, qui se manifeste par des signes de thyréotoxicose pure, sans exophtalmie. La scintigraphie le fait apparaître facilement et permet de reconnaître l’absence d’absorption d’iode dans le reste du parenchyme. La stimulation par TSH permet de faire réapparaître le « papillon » thyroïdien. L’exérèse chirurgicale par énucléation constitue l’indication thérapeutique préférentielle.


L’hypothyroïdie

Insuffisance de sécrétion de la thyroïde, elle constitue chez l’enfant l’endocrinopathie la plus fréquente et sera évoquée dès la naissance en cas de persistance de l’ictère néo-natal et d’existence de troubles respiratoires partiellement en rapport avec une macroglossie (langue augmentée de volume, étalée, faisant parfois saillie hors de la bouche). Il faut y ajouter l’existence d’une infiltration des téguments, d’une constipation opiniâtre et d’un retard du développement décelé grâce à la radiologie. Ces formes correspondent à une absence congénitale de thyroïde, ou athyréose. On en rapproche les troubles de la synthèse hormonale, d’origine héréditaire, et le crétinisme goitreux, qui sévit à l’état endémique dans les régions de montagne aux eaux dépourvues d’iode.

Le traitement nécessite l’adjonction d’iode dans les aliments dans les formes dues à une privation et une thérapeutique substitutive par extraits thyroïdiens dans les autres cas. La précocité du traitement conditionne le pronostic. Le myxœdème de l’adulte associe une transformation morphologique — caractérisée par une pseudo-obésité, l’infiltration des téguments et des troubles des phanères (ongles, poils) — et des manifestations neuropsychiques pouvant aboutir à un état léthargique. On a décrit des formes cardiaques, digestives, anémiques. Le traitement est, là encore, substitutif par extrait thyroïdien.


Les thyroïdites

Ce sont des inflammations de la thyroïde, qui peuvent évoluer sur un mode aigu et réagissent au traitement antibiotique. En cas de goitre associé, on parle de strumite (inflammation du goitre, ou strume). Les thyroïdites chroniques évoluent sur un mode fibreux, avec transformation de la glande en une masse de dureté ligneuse qui enserre et comprime les organes de voisinage ou, plus fréquemment, correspond à la thyroïdie lymphomateuse de Hashimoto, sorte de goitre diffus, qui entre dans le cadre très vaste des maladies auto-immunes, avec présence d’anticorps antithyroïdiens.