Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thrombose (suite)

L’autre complication de la thrombose est l’embolie : une partie du caillot se détache du thrombus (embole) et est emportée dans la circulation jusqu’à ce qu’elle rencontre des ramifications de plus en plus fines qui l’arrêtent, créant l’embolie. Si le caillot se détache d’une veine, il est emporté vers la veine cave, traverse le cœur droit sans peine et va s’emboliser (se bloquer) dans les ramifications de l’artère pulmonaire, provoquant l’embolie pulmonaire. S’il se détache du cœur gauche ou d’une artère, il va s’emboliser dans l’une des artères de la grande circulation, c’est-à-dire les branches de l’aorte (artères cérébrales, rénales, etc.).


Variétés de thromboses


Thrombose veineuse

Elle comprend deux tableaux classiques : la phlébothrombose, forme évoluant vers l’embolie, et la thrombophlébite, forme très obstructive. En fait, il est très difficile de faire la distinction entre elles.

Les thromboses veineuses les plus fréquentes siègent aux membres inférieurs (mollet surtout) ; on les rencontre parfois dans le petit bassin (plexus veineux pelviens) et dans l’abdomen (veines mésentériques, veine porte, veine cave).

Les principales causes des thromboses veineuses sont obstétricales (après l’accouchement), chirurgicales (après opérations, sur le bassin notamment), traumatiques (après les grandes contusions, les hématomes, etc.), infectieuses (au cours de maladies comme la fièvre typhoïde) ou circulatoires (insuffisance cardiaque). Le point commun entre ces diverses thromboses est le ralentissement circulatoire, le plus souvent aggravé par le séjour prolongé au lit. Les complications locales sont l’œdème (gonflement, notamment des membres inférieurs), les troubles trophiques (refroidissement, pigmentation, ulcérations), mais le grand danger est le risque d’embolie pulmonaire.


Thrombose artérielle

Elle survient sur des artères porteuses de lésions inflammatoires ou de lésions d’athérosclérose (athérome ou artériosclérose). Elle siège en des points électifs, comme les artères coronaires, les artères cérébrales, les artères des membres inférieurs, les artères rénales, l’aorte.

Les conséquences de la thrombose artérielle sont diverses : localement, l’ischémie crée une gangrène au niveau des membres inférieurs et des infarctus au niveau des viscères. Les conséquences à distance peuvent être très graves dans certains cas : les thromboses de l’aorte abdominale, par exemple, causent des embolies dans les artères d’aval (rénales ou des membres inférieurs).


Thrombose cardiaque

Elle revêt plusieurs aspects suivant son siège et son mécanisme. La thrombose murale (de la paroi, ou mur) s’observe par exemple au niveau d’une zone d’infarctus du myocarde qui est le point de départ du thrombus ; elle concerne le plus souvent le ventricule gauche. La thrombose de l’oreillette gauche se développe en cas de rétrécissement mitral (le sang est ralenti dans l’oreillette, puisqu’il ne passe pas facilement dans le ventricule). Les thromboses valvulaires se forment en cas d’endocardite rhumatismale ou infectieuse au niveau des lésions d’une valvule.

Comme la thrombose de l’aorte, la thrombose cardiaque peut engendrer des embolies dans la grande circulation, et spécialement dans les artères cérébrales, rénales et des membres inférieurs.


Traitement

Le traitement des thromboses est différent selon que celles-ci sont veineuses ou artérielles. Dans les thromboses veineuses, les traitements anticoagulants* (héparine, antivitamines K) occupent une place prépondérante, tandis que, dans les thromboses artérielles, outre l’intérêt de l’emploi préventif des anticoagulants, les traitements fibrinolytiques (produits détruisant le caillot) apportent un espoir de reperméabilisation du vaisseau par des moyens médicaux (perfusions) après formation de la thrombose ; ces traitements demandent à être appliqués en milieux hospitaliers spécialisés. La chirurgie artérielle permet l’exérèse du caillot, la désoblitération et la résection de la paroi interne de l’artère (endartériectomie) dans un certain nombre de cas.

J. L. S.

 C. Raby, Biologie des hémorragies et des thromboses. Physiologie, exploration et pathologie de la fonction hémostatique (Masson, 1965) ; Coagulations intravasculaires disséminées et localisées (Masson, 1970). / N. U. Bang et coll., Thrombosis and Bleeding Disorders (Stuttgart, 1971).

Thucydide

En gr. Thoukididês, historien grec (Athènes v. 460 - v. 400 av. J.-C.).



Sa vie

« Thucydide, fils d’Oloros, du dème d’Halimonte » : c’est ainsi qu’une épitaphe, citée par tous ses biographes, désigne l’historien, indiquant des liens de parenté entre sa famille et celle de Miltiade, qui avait épousé la fille du prince thrace Oloros. En fait, nous sommes mal renseignés sur sa vie, les seuls éléments sûrs étant ceux, trop rares, qu’il transmet dans son œuvre. Thucydide exploitait en Thrace, dit-il (IV, cv, 1), les mines d’or de Skaptêsylê, sur le Pangée, ce qui lui procurait une large aisance matérielle. La tradition veut qu’il ait subi l’influence du philosophe Anaxagore et du rhéteur Antiphon. Dès 431, Thucydide forme le projet d’écrire son Histoire (I, i, 1). Élu stratège en 424, il part pour la Thrace, mais, chargé de surveiller la côte dans les parages de Thasos, il ne peut empêcher le Lacédémonien Brasidas de s’emparer d’Amphipolis (IV, civ-cv). Condamné à l’exil, il reste vingt ans loin d’Athènes (V, xxvi, 5), se vouant entièrement à son œuvre et à des voyages d’information. Rappelé en 404, l’année de la prise d’Athènes, probablement en vertu de la loi d’amnistie de Lysandre, il meurt sans qu’on puisse savoir où et comment, dans les premières années du ive s.


L’histoire de la guerre du Péloponnèse

L’Histoire de Thucydide devait embrasser la période comprise entre 431, date à laquelle s’ouvrent les hostilités entre Athènes et Sparte, et 404, année de la destruction de l’Empire athénien. En fait, Thucydide laissa son œuvre inachevée, s’arrêtant à la révolution qui renversa les Quatre Cents (411).

La division de l’ouvrage en huit livres date sans doute de l’époque alexandrine.