Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Thoutmosis III (suite)

Le prestige de Thoutmosis III est considérable ; les États voisins, le Hatti, Babylone, l’Assyrie, lui envoient les cadeaux d’hommage, et des rapports fructueux se confirment ou se nouent avec Chypre, la Crète et les îles de l’Égée. La richesse des tributs afflue à Thèbes, pour la plus grande gloire du dieu Amon, protecteur de la monarchie, et la prospérité intérieure du pays. Au sud (vers la 50e année du règne officiel), Thoutmosis III pénètre profondément en Afrique, vraisemblablement jusqu’à Napata (4e cataracte). L’empire d’Égypte relie deux continents et devient la première puissance du monde oriental.


Le chef d’Empire

Grand capitaine, Thoutmosis III fut aussi un administrateur avisé. Du cœur de l’Afrique aux rives de l’Euphrate, l’empire comprenait deux séries de territoires bien différents : la Nubie* et le Soudan* africains (de population encore peu évoluée, vivant au stade tribal) ainsi que les pays de l’Asie antérieure qui s’échelonnaient le long de la Méditerranée, depuis la mer Rouge jusqu’au nord de la Mésopotamie (là, des traditions administratives existaient déjà ; cités autonomes, principautés ou républiques constituaient autant de petits États gouvernés par des dynasties princières, des conseils d’Anciens, des conseils élus, suivant des modalités anciennes propres à chacun d’eux).

La partie africaine de l’empire fut soumise à une véritable administration coloniale jusqu’à la 4e cataracte ; un vice-roi, qui dépendait directement du souverain de Thèbes, représenta celui-ci et disposa d’un gouvernement autonome ; deux « lieutenants », placés sous ses ordres, administrèrent chacun des deux grands districts nouvellement établis, le pays d’Ouaouat (qui s’étendait jusqu’à la 2e cataracte) et le pays de Koush (le Soudan, de la 2e à la 4e cataracte). Le vice-roi, qui résidait à Bouhen (au niveau de la 2e cataracte), assisté de fonctionnaires égyptiens, avait autorité directe sur les chefs indigènes, soumis au paiement d’un tribut annuel (produits agricoles, bétail, ivoire, ébène, plumes d’autruche, peaux de léopard, etc.) — les mines d’or étant exploitées directement par l’État égyptien. Une intense politique d’égyptianisation du pays se développa dès lors, dont témoignent notamment la construction de villes et l’érection de temples.

En Asie, Thoutmosis III respecta les structures acquises (imposer un gouvernement centralisé eût été compromettre la stabilité politique des territoires conquis et leur prospérité économique). Laissant à chaque État son organisation existante, il recouvrit l’ensemble d’un cadre administratif délimitant formellement une série de districts placés sous les ordres de gouverneurs égyptiens et qui ne constituait en fait qu’une structure fiscale, commode pour la perception des tributs (céréales, bétail, huile, vins, or, argent, cuivre, chevaux, bois précieux, etc.). Liens juridiques et religieux confirmèrent les liens administratifs, que renforcèrent des visites, les tournées de la poste royale, la création d’un « service des pays étrangers », véritable chancellerie (prélude à l’organisation diplomatique qui se développera à partir de Thoutmosis IV).


Le bâtisseur

Thoutmosis III laissa sa marque à Karnak (notamment la « salle des fêtes » à l’est du grand ensemble religieux), éleva de petits temples périptères à Karnak encore et à Médinet Habou (annonçant la forme préférée du temple grec). Ce sens politique inné qu’il avait, ce souci extrême de la prospérité de son pays, Thoutmosis les manifesta lorsqu’il jeta les bases du port de Pharos (60 ha de bassins), premier port maritime de l’Égypte.

Témoignage datant de trente-cinq siècles, le vizir Rekhmiré disait de Thoutmosis III (inscription de sa tombe à Thèbes) : « Il n’y avait rien dont il soit ignorant dans le ciel, sur la terre, ou dans quelque région que ce soit de l’au-delà ; Sa Majesté savait ce qui devait arriver [...] il n’y avait aucune affaire dont il ne s’occupât lui-même. »

C. L.

➙ Égypte / Nouvel Empire / Thèbes.

thrombose

Formation d’un caillot, ou thrombus, dans un vaisseau (veine, artère) ou à l’intérieur du cœur, chez un sujet vivant.



Anatomie pathologique

On distingue le thrombus rouge (formé de fibrine enserrant les globules sanguins), le thrombus blanc (formé de plaquettes sanguines [v. sang] et de fibrine) et le thrombus mixte. Ce dernier comprend une tête au niveau de l’implantation du caillot, qui est blanche et correspond à un amas plaquettaire, un corps, formé d’une alternance de zones blanc grisâtre, et une queue, rouge, correspondant à un caillot de fibrine.

Selon la position dans la cavité vasculaire, on peut observer deux types de thrombose : la thrombose pariétale, dans laquelle le caillot est inséré seulement sur une partie du vaisseau, obstruant celui-ci partiellement, ou sur la paroi interne du cœur ; la thrombose oblitérante, qui se rencontre surtout au niveau des veines, constituant la thrombo-phlébite.


Mécanismes d’apparition et conséquences

Le mécanisme de formation de la thrombose est complexe ; il fait intervenir de nombreux facteurs, dont le principal est une lésion de l’endothélium (paroi interne du vaisseau), qui peut être infectieuse (phlébite, artérite, infection d’une valvule du cœur dans le rhumatisme articulaire aigu), dégénérative (arthérosclérose) ou traumatique (contusion, écrasement). Entrent également en ligne de compte le ralentissement de l’écoulement du sang (stase) et les modifications de la viscosité et des facteurs de la coagulation* du sang tendant à rendre celui-ci plus coagulable.

Dans la formation du thrombus mixte, les plaquettes sanguines s’agglutinent sur une lésion, même minime, de l’endothélium vasculaire et forment le caillot initial, dit « de conglutination ». À la suite de quoi se groupent des amas de fibrine et de globules sanguins par coagulation du fibrinogène : la conglutination et la coagulation caractérisent le thrombus mixte. La thrombose formée ralentit à son tour le flux sanguin, provoquant l’ischémie et, au maximum, l’infarctus* des tissus irrigués par le vaisseau atteint.