Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Thomson (sir Joseph John) (suite)

Dans un premier mémoire de 1881, il montre que l’électricité a les propriétés fondamentales de la matière, l’inertie et la masse, établissant ainsi les fondements de la théorie électronique de la matière. Sa contribution à la découverte de l’électron* est, à coup sûr, un de ses titres de gloire, mais, surtout, il fournit la preuve que les rayons cathodiques sont formés de particules dont la masse est bien moindre que celle des atomes les plus légers. En 1897, J. J. Thomson mesure, dans une expérience célèbre utilisant la courbure des trajectoires par les champs électriques et magnétiques, le quotient e/m de la charge par la masse de l’électron. L’année suivante, il détermine la valeur absolue de cette charge ou, plus exactement, celle des ions produits par les rayons X dans l’air. Au cours de ces recherches, il invente le spectrographe de masse, qui permet de peser les atomes et qui va servir à son collaborateur Francis William Aston à découvrir et à séparer les isotopes*. L’oscillographe cathodique dérive aussi de ces expériences.

Notons encore que J. J. Thomson a imaginé un modèle d’atome où les électrons sont incorporés dans un noyau positif, modèle qui sera plus tard modifié par Ernest Rutherford*.

Son fils sir George Paget Thomson poursuivra ses travaux et recevra à son tour le prix Nobel, trente et un ans après J. J. Thomson.

Sir George Paget Thomson

Physicien anglais (Cambridge 1892 - id. 1975), fils de sir J. J. Thomson. Sa découverte, en 1927, de la diffraction des électrons rapides dans les cristaux est à l’origine de l’analyse électronique. Prix Nobel de physique (avec C. J. Davisson) en 1937.

R. T.

 R. J. Strutt, baron Rayleigh, Life of Sir J. J. Thomson (Cambridge, 1942).

Thon

Poisson Téléostéen* marin, de l’ordre des Perciformes, du sous-ordre des Scombroïdes (v. Maquereau), caractérisé par sa haute adaptation à la vie pélagique.


Son corps admirablement profilé et sa forte taille lui permettent d’effectuer des migrations étendues.

Les Thons appartiennent à la famille des Thunnidés. Ils sont tous remarquables par leur profil hydrodynamique, en torpille, avec un maître-couple antérieur et une nageoire caudale en faucille, très haute et étroite, qui constitue un excellent organe de propulsion. Entre la fin de la dorsale et de l’anale et le pédoncule caudal se trouvent des pinnules. Le pédoncule caudal lui-même est parcouru de carènes longitudinales qui jouent certainement le rôle de stabilisateurs. Les pectorales sont longues et arquées. Tous les Thons sont pélagiques et très bons nageurs, et ils se déplacent à grande vitesse. Comme les Cétacés, et pour des raisons semblables, ils ont besoin d’une vascularisation abondante, et ils possèdent un système de capillaires sous-cutanés tout à fait exceptionnels. Ce sont les seuls Poissons qui soient capables, par leur niveau d’activité, d’avoir une température interne de 8 °C supérieure à celle de l’eau.

Ils se nourrissent de proies animales, de Céphalopodes et de Crustacés, mais surtout d’autres Poissons, appartenant aux espèces les plus diverses. Ils se déplacent en général entre 30 et 200 m de profondeur, mais circulent parfois en bancs à la surface. Ces bancs comportent quelques milliers de jeunes individus ou quelques centaines à quelques dizaines d’adultes. Les Thons ont pour ennemis les Requins, les Marlins, quelques Cétacés, comme les Orques, et surtout l’Homme, qui les pêche activement et en fait une industrie de conserve.

Les engins de pêche consistent soit en madragues, notamment en Méditerranée et aux Philippines (ce sont des dispositifs parallèles au rivage et qui conduisent les Poissons vers une chambre de mort), soit en sennes tournantes, ou bien en lignes dormantes ou à la traîne pouvant porter chacune jusqu’à 400 hameçons.

Deux problèmes restent ouverts en ce qui concerne les Thons : celui du nombre d’espèces, et celui de la reproduction et des migrations. On a décrit jusqu’à une centaine d’espèces de Thons, mais, d’après certains auteurs, il y en aurait en fait entre dix et vingt, la plupart étant ubiquistes ou assez largement répandues. Citons tout d’abord les espèces qu’on peut trouver sur nos côtes : le Melva (Auxis rochei), qui mesure 60 cm environ ; la Bonite (Katsuwonus pelamis) ; la Thonine (Euthynnus quadripunctatus) et le Germon (Germo alalunga), qui mesurent 1 m ; enfin le Thon rouge (Thunnus thynnus), que les Anglo-Saxons appellent le « Thon à nageoires bleues » et qui peut, dit-on, atteindre 4 m pour un poids de 800 kg. Deux espèces de Thunnidés sont rares sur nos côtes : il s’agit de Thunnus albacores (Thon à nageoires jaunes) et de Thunnus obesus (Patudo), présents quelquefois dans le golfe de Gascogne. En revanche, deux autres espèces, Sarda sarda (Pélamide) et Orcynopsis unicolor (Palomète), des côtes françaises, sont rangées par certains auteurs dans une famille voisine, celle des Scombéromoridés. Il faut adjoindre à ces espèces quelques Thons ne vivant qu’en Atlantique occidental ou au Pacifique Nord et quelques autres ne se rencontrant que dans l’hémisphère Sud.

On connaît encore très peu de formes larvaires de Thons : elles ont été trouvées soit à proximité des côtes du sud des États-Unis, soit près des côtes espagnoles méditerranéennes, ou bien dans le Pacifique Ouest, des Philippines au Japon. Les Thons effectuent des migrations de grande amplitude, qui sont restées longtemps obscures et qui sont encore loin d’être claires, mais qu’on commence à étudier scientifiquement par la méthode des marquages et recaptures. Ces expériences ont commencé en 1952 et ont fourni des résultats surtout après 1964. Ainsi, des Thons rouges de petite taille marqués en baie de New York ont été recapturés dix mois plus tard en baie de Biscaye (côtes espagnoles proches de Bayonne), et des individus de grande taille (125 kg) marqués en Floride ont été recapturés moins de deux mois plus tard à Bergen (Norvège). D’autres migrations sont connues entre la Norvège et le sud de l’Espagne ou entre le Portugal et le golfe du Lion. Parallèlement, dans le Pacifique, des recaptures ont montré des migrations étendues entre le Japon et la Californie en dix mois de temps.