Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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thérapeutique (suite)

La thérapeutique hormonale

Le système endocrinien est avec le système nerveux un des grands régulateurs de l’équilibre intérieur. Il était dès lors normal que, à partir du moment où les techniques de laboratoire permettaient l’isolement et la synthèse des différentes hormones*, ces corps et leurs dérivés synthétiques ou semi-synthétiques fussent utilisés dans un but thérapeutique.

La découverte de l’insuline* en 1921, par Frederick Grant Banting et Charles Herbert Best, a transformé radicalement le pronostic, jusque-là très sombre, des malades atteints de diabète* sucré. Le traitement par l’insuline et par les autres antidiabétiques a permis aux diabétiques traités à temps, et bien suivis, une espérance et un mode de vie proches de la normale.

La maladie d’Addison, due à une insuffisance des glandes surrénales*, était une affection qui emportait le sujet qui en était atteint au cours d’une crise aiguë. En 1930, des extraits de glandes surrénales apportèrent des améliorations à des malades dans un état très grave. En 1935, le Suisse Tadeusz Reichstein isola l’une des hormones de la glande surrénale la désoxycorticostérone, et l’administration en fut généralisée à tous les addisoniens. Aujourd’hui, traités par une association de cortisone et de désoxycorticostérone découvertes par Edward Calvin Kendall, ces malades peuvent mener une existence quasi normale.

Une autre grande date de l’histoire de l’hormonothérapie se situe en 1949, quand le médecin américain Philip Showalter Hench annonça les résultats spectaculaires qu’il avait obtenus en traitant les rhumatismes inflammatoires par la cortisone (v. stéroïdes). D’abord réservé au traitement des rhumatismes, la cure par la cortisone et surtout par ses dérivés synthétiques (corticostéroïdes), ou corticothérapie, connut par la suite un essor considérable. Médication par excellence de l’inflammation*, les corticoïdes ont par ailleurs des actions métaboliques, cardio-vasculaires, vasco-constrictrices, osseuses et secondairement hormonales qui en font un des médicaments les plus universels. Toutefois, les corticostéroïdes sont à l’origine d’effets secondaires pernicieux dont les plus importants sont une dépression immunitaire et des hémorragies digestives qui les font proscrire chez les sujets atteints d’affections de l’estomac. De plus, une dépendance se crée assez fréquemment à l’égard de la cortisone, provoquant les phénomènes de « rebond » du processus pathologique à l’arrêt du traitement et obligeant à poursuivre un traitement à vie, avec les risques qu’il comporte.

Les hormones sexuelles, masculines (testostérone) et féminines (œstrogène, progestérone) et leurs dérivés synthétiques sont utilisés en thérapeutique soit pour corriger des déficiences hormonales lors de la puberté ou de la ménopause, soit au contraire pour contrecarrer l’action d’hormones antagonistes : on emploie par exemple des hormones masculines comme anti-œstrogéniques chez des femmes qui ont des hémorragies ou des fibromes. On a découvert par ailleurs que certains cancers de la sphère génitale sont freinés par les hormones du sexe opposé. On administre ainsi des androgènes à une femme porteuse d’un cancer au sein, et des œstrogènes à un homme atteint de cancer de la prostate.

Les androgènes, ou hormones masculines, sont aussi utilisés comme anabolisants (reconstituants), et l’action anti-ovulatoire de la progestérone est maintenant largement utilisée dans la « pilule » contraceptive.

Les hormones de la thyroïde* sont employées pour lutter contre les insuffisances de cette glande, mais aussi comme moyen de lutte contre l’obésité et les hyperlipémies. Les antithyroïdiens permettent de diminuer une sécrétion thyroïdienne excessive. Les nombreuses hormones de l’hypophyse sont employées pour remédier aux insuffisances de sécrétion de ce « chef d’orchestre » des sécrétions endocriniennes, et on commence à employer les releasing factors, substances sécrétées par l’hypothalamus et allant stimuler les différentes sécrétions de l’hypophyse. Par ailleurs, la thérapeutique dispose de substances permettant de freiner les sécrétions hypophysaires en cas d’excès de celles-ci.


L’immunothérapie

C’est la mise à profit des réactions d’immunité de l’organisme. On peut schématiser ainsi ces réactions : l’introduction dans l’organisme de tout élément qui lui soit étranger (virus, bactérie, cellule, tissu, poussière ou même organe) déclenche une réaction immunitaire à base de production d’anticorps visant à détruire cet élément étranger, toujours considéré comme un antigène (un agresseur) par l’organisme. C’est la base de la défense contre l’infection. Les anticorps sont sécrétés par les lymphocytes. (V. immunologie.)

Le principe de l’immunothérapie est de transférer à un individu qui ne les possède pas, ou chez qui elles sont insuffisantes, des réactions immunitaires, c’est-à-dire des moyens de défense, que ce soit contre un agresseur particulier ou qu’il s’agisse de stimuler de façon globale les défenses immunitaires du sujet.

• L’immunothérapie passive consiste à apporter des anticorps spécifiques à des sujets démunis, par l’injection d’un sérum provenant d’un animal immunisé, qui contient donc ces anticorps.

• L’immunothérapie active consiste à stimuler les propres mécanismes de défense d’un sujet en déficit immunitaire, c’est-à-dire anormalement sensible aux infections. Elle est spécifique si elle est dirigée contre un agent pathogène donné (v. vaccination) et non spécifique s’il s’agit d’augmenter la résistance générale du sujet. On a remarqué expérimentalement que le B. C. G. (vaccin contre la tuberculose) était un stimulant global des défenses immunitaires et ne se limitait pas à protéger contre le seul bacille de Koch, mais aussi contre certaines tumeurs ayant un pouvoir antigénique. On utilise également dans ce but des transfusions de lymphocytes, immunisés ou non, contre les antigènes tumoraux.