Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Thaïlande (suite)

L’énorme travail d’aménagement hydraulique entrepris depuis le début du siècle par le « Département royal pour l’irrigation » donne toutefois des résultats bénéfiques. Il a permis, dans un premier temps, d’étendre les surfaces cultivées (dans le Nord-Est, par exemple, 250 000 ha ont ainsi été mis en valeur) afin de répondre à la demande intérieure toujours croissante. Aujourd’hui, il facilite la diversification des cultures et permet d’assurer une plus grande régularité des récoltes. Enfin, les rendements en riz ont été améliorés. L’aménagement hydraulique le plus moderne correspond à la zone deltaïque ; c’est donc dans cette région que les rendements sont parmi les meilleurs. La place du delta dans l’économie rurale apparaît encore dans une série de rapports très simples : cette région, qui représente 5 p. 100 du territoire national, produit 33 p. 100 du riz (dont 95 p. 100 de riz blanc, le seul à être exporté), 78 p. 100 du maïs, 77 p. 100 de la canne à sucre.

La structure des exploitations est encore familiale. Les propriétés ont une surface moyenne assez grande (60 p. 100 des terres cultivées plus de 4 ha, ce qui est considérable par comparaison aux autres pays d’Asie du Sud-Est). Entre 60 et 80 p. 100 des agriculteurs exploitent directement leurs terres, mais cette proportion tombe à 40 p. 100 autour des grandes villes et dans certaines provinces du delta, où la bourgeoisie urbaine, souvent d’origine chinoise, exerce une forte emprise foncière. Le riz est aussi de moins en moins une monoculture.

D’autres productions jouent un rôle important. Entre 1955 et 1965, le maïs a pris une place croissante. Il est cultivé dans tout le pays, aussi bien dans les plaines traditionnellement rizicoles que sur les terres nouvellement mises en valeur de Korat et les champs sur brûlis des régions montagneuses. Avec une production de 2,4 Mt en 1974, le pays dispose d’excédents qui sont exportés surtout vers le Japon. Le maïs est ainsi devenu en quelques années le troisième produit d’exportation, après le riz et le caoutchouc. Ce dernier est obtenu dans les petites ou moyennes plantations du Sud-Est (région de Chanthaburi) et surtout du Sud, près de la frontière avec la Malaysia. Avec 350 000 t en 1974, presque totalement exportées, la Thaïlande, troisième producteur mondial de caoutchouc, se place cependant loin derrière la Malaysia et l’Indonésie. Le bois de teck des plantations du Nord alimente une industrie locale florissante. Pour cette raison, l’exportation du bois en grume ne représente que 10 p. 100 de la production. Enfin, sous l’impulsion d’experts français, la culture du coton progresse régulièrement depuis 1960 (30 000 t environ en 1968). Les secteurs de Loei, au nord, de Pakchong, à 200 km au nord-est de Bangkok, et de Kanchanaburi, à l’ouest, sont les principaux foyers de production.


L’industrie

Pays à vocation essentiellement agricole, la Thaïlande voit, depuis une dizaine d’années, se développer un secteur industriel moderne. C’est en 1961 seulement que le gouvernement approuva la création de grandes zones industrielles au nord et au sud-est de la capitale. Jusqu’en 1963-64, l’installation des usines progressa très lentement (cimenteries, scieries, pneumatiques), plaçant le pays loin après Hongkong, la Malaysia, Singapour ou Taïwan dans le domaine industriel. Depuis 1965-66, les progrès sont spectaculaires dans diverses branches, et les entreprises nouvelles sont de plus en plus nombreuses chaque année. De grands projets prévoient la participation de firmes japonaises au plan de développement industriel. Beaucoup d’entreprises appartiennent à des membres de la communauté chinoise, qui est importante en Thaïlande (4,5 millions de Chinois vivent dans le pays, principalement dans le delta et à Bangkok, où ils occupent les postes clés de l’industrie et du commerce). Une grande partie des établissements sont, en outre, d’assez petite taille et d’une rentabilité médiocre. Quelques secteurs de l’artisanat font, malgré tout, exception, comme celui de la soie, dont la réputation est internationale. Depuis cinq ans, le tourisme joue aussi un très grand rôle dans l’économie nationale. L’équipement hôtelier est de qualité, et l’accueil des touristes est particulièrement bien organisé, non seulement à Bangkok (escale aérienne de premier ordre), mais aussi dans le Nord (Chiangmai) et dans les nouvelles stations balnéaires (Pattaya, au sud-est de Bangkok, Songkhla, dans l’extrême Sud, et Phuket, sur l’océan Indien).

L’effort d’industrialisation de la Thaïlande se trouve compromis par la faiblesse des ressources minérales dont elle dispose. Les 20 000 t d’étain, provenant surtout des mines du Sud, sont presque entièrement exportées. Dans l’état actuel des connaissances géologiques, le minerai de fer et le charbon ne semblent pas très abondants. On fonde de grands espoirs sur les prospections pétrolières menées depuis trois ans dans le golfe de Thaïlande par le Japon et les États-Unis. La seule source d’énergie importante est l’hydroélectricité obtenue à partir des grands barrages du Nord (Yan Hee-Sirikit) et de l’Ouest (Kangkrachan). La production s’accroît rapidement (7,3 TWh en 1973).

Au total, la Thaïlande est obligée d’importer une grande quantité de produits manufacturés provenant du Japon (le tiers des importations), d’Europe et des États-Unis. Aux exportations, les produits thaïlandais se heurtent à une concurrence accrue, ce qui explique le déséquilibre croissant de la balance commerciale. Le taux de couverture des exportations est seulement de l’ordre de 60 p. 100.

J.-P. L.

➙ Bangkok.

 R. L. Pendleton, Thaïland, Aspects of Landscape and Life (New York, 1962). / T. H. Silcock, Thaïland, Social and Economic Studies in Development (Durham, North Carol., 1968). / S. Kridaraka, Some Aspects of Rice Farming in Siam (Bangkok, 1970). / J.-P. Lainé, l’Aménagement hydraulique de la plaine centrale thaïlandaise (Secrétariat des Missions d’Urbanisme et d’Habitat, 1971). / A. Leemann, Thaïlande (Elsevier, 1975).