Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Thaïlande (suite)

Le système montagneux du Nord et de l’Ouest correspond à la limite méridionale de l’axe himalayen. Il se prolonge, en empruntant une direction méridienne, par la Chaîne centrale (Dawna Range et Bilauktaung Range) jusqu’à l’isthme de Kra, puis par les chaînes de la péninsule Malaise. Malgré des altitudes modestes, une série de dépressions étroites et allongées ne dépassant pas une vingtaine de kilomètres accentuent les contrastes. Elles forment de petits bassins alluviaux intramontagnards ayant conservé des couches lacustres tertiaires et quaternaires. Les chaînes se prolongent vers le sud dans la péninsule Malaise. Les plaines côtières, d’abord très étroites et dominées par des reliefs pouvant atteindre de 1 000 à 1 700 m, deviennent de plus en plus vastes à partir de Hat Yai, tandis que la bande montagneuse, essentiellement calcaire, perd de son altitude. En Thaïlande orientale, sur 150 000 km2, s’étend le vaste « plateau de Korat » (ou Khorat). C’est une plate-forme hercynienne entre 100 et 300 m, faiblement inclinée en direction du Mékong et enfouie sous une couverture de grès principalement jurassiques. À l’ouest et au sud, la plate-forme gréseuse est délimitée par un escarpement, le Dong Phraya Yen, qui surplombe, sur près de 400 km, la région centrale. Les altitudes varient entre 1 300 m, pour les zones les plus hautes, et 500 à 700 m. Puis, à environ 120 km du golfe, la calotte gréseuse se termine par un escarpement qui prend alors une direction ouest-est, le Dang Rek, falaise précédée parfois de buttes témoins.

D’une manière générale, le climat est soumis à l’influence prépondérante de la mousson du sud-ouest. Il est caractérisé par l’alternance d’une saison hivernale sèche et d’une saison estivale humide. De 85 à 95 p. 100 des pluies sont apportées par la mousson d’été entre mai et octobre. Dans le Nord, la pluviosité annuelle moyenne est souvent inférieure à celle du Centre. Dans la période 1952-1968, on a relevé une pluviosité moyenne de 1 200 mm à Uttaradit et de 1 400 mm à Chiangmai (ou Chieng Mai) [capitale du Nord et deuxième ville du royaume avec 90 000 habitants]). La pluviosité est maximale sur tous les reliefs bien exposés à l’ouest, comme les régions frontalières de la Thaïlande et du Cambodge. Dans le Centre, la répartition des pluies est souvent très inégale. La région de Kanchanaburi, par exemple, sur le piémont oriental de la chaîne du Tenasserim, est très peu arrosée (entre 600 et 800 mm en moyenne selon les années). Dans le delta, par contre, la pluviosité moyenne annuelle oscille entre 1 100 et 1 600 mm (ce qui n’est pas toujours suffisant pour pratiquer la riziculture dans de bonnes conditions). Les environs de Bangkok, bien exposés par rapport aux flux humides, sont un peu plus arrosés (1 400 mm en moyenne). La région la plus arrosée du pays est le Sud-Ouest, et en particulier toute la côte de l’océan Indien. Le climat est ici de type subéquatorial, avec une saison sèche très brève (de 3 à 4 mois) et des moyennes pluviométriques pouvant atteindre de 4 000 à 6 000 mm. La partie méridionale de la côte du golfe de Thaïlande entre Surat Thani et Narathiwat a un régime de pluies comparable à celui des façades orientales de la péninsule indochinoise (côte de l’Annam, côte orientale de la Malaysia), caractérisé par un maximum d’hiver, soit l’inverse du régime classique de mousson. Enfin, le Nord-Est (plate-forme de Korat) a une saison de pluies très brève (quatre mois et demi), et le bilan pluviométrique y est insuffisant (moins de 1 000 mm dans bien des cas). C’est la Thaïlande sèche. Appartenant au domaine tropical ou subéquatorial, la Thaïlande a des températures moyennes constamment élevées, qui oscillent presque partout dans l’année entre 20 et 30 °C.


L’économie


L’agriculture

L’agriculture demeure l’activité essentielle des Thaïs. Les quelque 13 millions de personnes qui travaillent dans le secteur primaire représentent un peu plus de 75 p. 100 de la population active totale. Les produits agricoles fournissent de 80 à 90 p. 100 des exportations (dont un tiers pour le riz), mais aussi la plus grande part des revenus de l’État et environ un tiers du produit national brut. Mais, dans l’ensemble du pays, la mise en valeur agricole n’est pas intense. En 1965, 23,5 p. 100 seulement des terres étaient cultivées ; la forêt recouvrait 56,7 p. 100 du territoire. En effet, en dehors des zones cultivées consacrées essentiellement à la riziculture (dans les plaines alluviales et les bassins), la formation naturelle est une forêt, tropicale dense ou décidue. Les zones de savane sont peu étendues ; par contre, la mangrove caractérise presque toutes les côtes basses et marécageuses, à l’exception des côtes sableuses occupées par des cocoteraies.

La riziculture est toujours dominante, puisque 51 p. 100 des terres cultivées lui sont consacrées. Les progrès de cette culture sont réguliers depuis un demi-siècle. En 1927, le riz occupait environ 2,40 Mha, et, en 1966, la surface était trois fois plus grande. Pendant de nombreuses années, surtout par suite d’une faible pression démographique, la Thaïlande a produit du riz en quantité plus que suffisante pour ses besoins et a longtemps été l’un des premiers exportateurs mondiaux. Cependant, après une progression régulière, les exportations de riz, qui atteignaient 1,5 Mt en 1965, ont connu depuis lors un très net fléchissement. En 1968, elles sont tombées à 980 000 t, chiffre le plus bas depuis vingt-deux ans.

Ce déclin tient à une double modification, du marché extérieur, d’une part, et du marché intérieur, de l’autre. La population thaïlandaise s’accroît très rapidement (moyenne annuelle de 3,3 p. 100). En 1975, la Thaïlande comptait environ 42 millions d’habitants (26 en 1960). L’ethnie thaïe, de religion bouddhique, représente 80 p. 100 de la population. La partie la plus peuplée du pays est le delta du Chao Phraya et la zone urbaine de Bangkok, où sont concentrées environ plus de 20 millions de personnes.