Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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terrier (suite)

Il semble extraordinaire qu’une pareille quantité d’animaux puisse vivre pendant aussi longtemps avec aussi peu d’air à leur disposition. Pendant toute l’hibernation*, ces animaux ont leur métabolisme interne fortement diminué. Leur température interne tombe jusqu’à + 4 °C, les battements cardiaques baissent de 88 à 3 par minute et la consommation d’oxygène tombe en même temps de 600 à 30 cm3 seulement par kilogramme d’animal.

Naturellement, au réveil, les animaux ont considérablement maigri, mais leur première occupation est de procéder au nettoyage à fond de leur demeure et d’en expulser les excréments, les pierres, le foin qui y avait été entreposé comme litière.


Dispositifs de sécurité des terriers

Les animaux hibernants prennent toujours des dispositions pour obturer l’orifice de leurs demeures. En effet, quand ils sont en léthargie, ils n’ont aucune défense et deviennent des proies faciles pour les Carnivores. L’obturation a aussi pour objet d’empêcher que les odeurs ne les fassent déceler par les fauves. Pour empêcher l’intrusion des prédateurs, certains animaux nord-américains, les Néotomes (Neotoma albigula), défendent l’accès de leurs nids en utilisant les épines d’Opuntia fulgida, très redoutées des animaux prédateurs. Mais il semble que ce procédé ne soit pas très efficace.

En principe, les animaux aquatiques aménagent les entrées de leurs habitations souterraines au-dessous du niveau de l’eau. C’est une sage précaution pour empêcher les intrus.

Tous les animaux des régions désertiques, Mériones, Gerboises, bouchent soigneusement les entrées de leurs galeries dès l’apparition des premiers rayons de soleil, non seulement pour éviter d’être dérangés, mais encore pour y maintenir une température convenable.


Le microclimat de l’intérieur des terriers

Tous les terriers ont un microclimat spécial, qui est maintenu à un niveau constant. Si l’on trouve des animaux en quantité surprenante dans les déserts, c’est parce qu’ils ont su se créer un habitat « biologiquement conditionné ». La température des déserts ne permet pas aux petits Rongeurs de survivre. Ceux-ci sont obligés de se mettre à l’abri dans le sol. La température qui règne dans ces terriers est toujours inférieure à celle qui règne à linéiques centimètres sous terre. Inversement, pendant la nuit, la température du sol peut être de 16 à 18 °C inférieure à celle des terriers. Au Sahara, par exemple, il suffit qu’un animal s’enterre à 10 cm de la surface du sol pour échapper aux températures extraordinaires du milieu de la journée : 50 °C et plus. Il faut signaler que le taux d’humidité de l’air est beaucoup plus fort sous terre qu’en surface ; d’où il résulte que les animaux risquent beaucoup moins la déshydratation.

Il est intéressant de remarquer que les animaux fouisseurs, comme les Rongeurs, agissent puissamment sur la végétation. Ils brassent chaque année des quantités énormes de terre, qu’ils vont chercher jusqu’à 4 à 5 m de profondeur (Marmotte bobac, Spermophile). Ils remontent la terre en surface, où elle forme des monticules. Certains biologistes russes, ayant étudié et observé les Sousliks, ou Spermophiles (Citellus), dans les steppes entre Don et Volga, ont calculé que ceux-ci ramenaient en surface sous forme de tumulus jusqu’à 30 000 m3 de terre par kilomètre carré ! Le brassage et l’aération des sols sont donc considérables.

Parfois la confection du terrier est un danger pour les sols eux-mêmes. Elle facilite en effet l’érosion des sols, modifie profondément le biotope de certaines régions. La terre venant des profondeurs est plus riche en sels minéraux, moins riche en humus, moins alcaline et favorise l’installation d’une végétation spéciale, à caractère plus désertique.

Aussi lutter contre la pullulation des Rongeurs est-il toujours une excellente opération.

L’animal africain qui semble être le meilleur terrassier est l’Oryctérope, ou Cochon de terre. Il a l’aspect d’un Porc de taille médiocre, avec un museau allongé, une queue très épaisse et conique, à la manière de celle des Kangourous. Ses pattes sont fouisseuses et fortement musclées. On le rencontre dans les régions riches en termitières. Cet animal est un nocturne, qui déploie la plus grande activité par les nuits les plus noires. Ses terriers ont en général un diamètre de 40 cm de diamètre avec une pente initiale de 45°. À l’extrémité d’une galerie de 5 à 6 m se trouve une bifurcation, dont les branches se prolongent en deux niveaux différents. De temps à autre, le long de ces galeries des culs-de-sac servent de galeries pour évacuer les déblais. Quand le terrier est fréquenté et habité, il est toujours fermé de l’intérieur avec de la terre, et des tranchées d’aération communiquent avec les galeries d’aération des termitières, dont les hôtes sont les proies naturelles de ces animaux.

Rappelons, pour terminer, les terriers importants des Lapins (garennes), des Blaireaux (tessonnières) et des Renards.

P. B.

➙ Hibernation.

 F. Bourlière, Vie et mœurs des mammifères (Payot, 1951).

territoire

Portion du domaine vital d’une espèce, dans les limites duquel le résident s’oppose, par des comportements ou des signaux bien précis, à l’intrusion d’autres individus de la même espèce.


Le comportement territorial n’est bien connu que chez les Vertébrés, mais on note dans d’autres embranchements — les Mollusques par exemple — un découpage du substrat en domaines individuels, qui est peut-être l’esquisse du territoire. Le comportement territorial suppose, bien entendu, que l’espèce qui le manifeste vit au voisinage du substrat, sur lequel se trouveront les repères visuels ou olfactifs nécessaires à la fixation des limites territoriales. C’est dire que seules peuvent avoir un comportement territorial les espèces terrestres, d’une part, et les espèces aquatiques vivant au contact immédiat du fond, d’autre part. Les Poissons pélagiques, par exemple, ne peuvent avoir de comportement territorial. On note, toutefois, que certains vivent en solitaires et conservent entre eux une distance minimale en deçà de laquelle les individus deviennent agressifs l’un envers l’autre.