Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Termites (suite)

Termites de France

Trois espèces de Termites se rencontrent en France :
— le Termite à cou jaune (Calotermes flavicollis), assez primitif, aux sociétés d’un millier d’individus au plus, sans ouvriers (leur fonction est assurée par les nymphes), vivant dans les souches et les vieux arbres dans la région méditerranéenne ;
— le Termite lucifuge (Reticulitermes lucifugus) et le Termite de Saintonge (R. santonensis), le premier répandu dans le sud-ouest de la France et autour de la Méditerranée, le second limité aux Charentes ; les sociétés, peuplées d’environ 100 000 Insectes, s’établissent dans les arbres âgés, en particulier les Pins, et peuvent envahir charpentes, poutres et meubles dans les habitations ; minant les bois humides, sans que rien ne trahisse leur présence de l’extérieur, attaquant textiles et papiers, ces deux espèces représentent un danger sérieux pour les constructions non protégées.


Composition des sociétés : les castes

La population d’une termitière varie d’une espèce à l’autre ; chez Calotermes, on compte de quelques centaines à quelques milliers d’individus ; chez Bellicositermes d’Afrique, le nid peut contenir plus d’un million d’individus.

Dans la plupart des cas, chaque société comporte un couple de sexués qui assurent la reproduction (le roi et la reine) et deux castes d’insectes stériles : ouvriers et soldats, ceux-ci étant généralement de dix à cent fois moins nombreux que ceux-là ; il s’y ajoute des jeunes — larves et nymphes — en quantité variable selon la saison.

Les ouvriers assurent la plupart des tâches de la vie sociale : construction et creusement, quête de nourriture, soins aux œufs et aux jeunes, alimentation des autres castes. Leur morphologie est des plus banales, mis à part deux caractères : l’absence d’yeux et l’absence d’ailes.

Le rôle des soldats est de défendre la société. Ils se signalent par leur énorme tête brune, à tégument coriace, munie de puissantes mandibules, armes redoutables contre les multiples agresseurs, au premier rang desquels se placent les Fourmis. Chez plusieurs espèces, les soldats ont des mandibules atrophiées ; leur tête se prolonge par un éperon à l’extrémité duquel débouche le canal d’une glande frontale ; la glu émise peut être projetée à quelques distance avec précision et immobiliser les Fourmis. Qu’ils soient mandibules ou nasuti, les soldats, comme les ouvriers, sont aveugles et aptères.

On rencontre parfois deux catégories d’ouvriers ou de soldats, différant par la taille ; ainsi, chez Bellicositermes natalensis, coexistent des petits et des grands soldats, tous femelles stériles, les seconds ayant subi une mue de plus que les premiers ; et aussi des petits et des grands ouvriers qui expriment un dimorphisme sexuel, malgré leurs gonades rudimentaires : les petits dérivent de larves femelles et les grands de larves mâles.

Le couple royal se signale par ses dimensions plus grandes, dues à une hypertrophie de l’abdomen. Légèrement distendu chez le mâle, il prend chez la femelle l’aspect d’un volumineux boudin blanchâtre marqué de raies brunes transversales correspondant aux tergites des segments ; chez les Termites supérieurs, comme Bellicositermes, la physogastrie est telle qu’elle condamne la reine à une immobilité définitive.

La longévité des sexués atteint couramment dix ou vingt ans, parfois même un siècle ! La mort des sexués n’entraîne pas la disparition de la société, grâce à l’apparition de sexués de remplacement, qui sont des jeunes acquérant, au cours d’une mue, la capacité de se reproduire, tout en conservant une morphologie de larve (néoténie). Il n’est pas rare d’observer une augmentation du nombre des sexués à cette occasion, surtout des femelles, qui se comptent alors par dizaines.

L’appartenance d’un individu à une caste ne s’établit qu’au cours de son développement, plus tardivement chez les Termites inférieurs que chez les Termitidés. Œufs et larves ont, au départ, les mêmes potentialités et se trouvent orientés vers l’un ou l’autre des types adultes en fonction des besoins de la société ; si on isole un ensemble de jeunes de même stade et encore indifférenciés, ils tendent à constituer un groupe diversifié. Les mécanismes qui influent sur la destinée des individus ne sont pas encore clairement élucidés ; il est probable que des échanges de substances chimiques jouent un rôle important dans cette régulation sociale.

Termitophiles et termitophages : les amis et les ennemis des Termites

On rencontre parfois, à l’intérieur d’une termitière, divers Insectes qui cohabitent avec les Isoptères ; parmi ces « termitophiles », incapables de vivre ailleurs, on peut citer des Coléoptères, comme Termitobia, et des Diptères, comme Termitoxenia. Peut-on expliquer comment ils sont tolérés par leurs hôtes farouches ? Sans doute parce qu’ils émettent par leurs téguments des substances que les Termites savourent.

La liste des « termitophages » — animaux prédateurs de Termites — est longue et variée. Beaucoup profitent de l’essaimage pour se jeter sur cette manne abondante et maladroite : Singes, Oiseaux, Reptiles, Insectes carnivores les capturent soit au vol, soit au sol, juste avant le départ ou éparpillés après leur dispersion. D’autres pénètrent par effraction dans le nid : Gallinacés, Mammifères carnassiers ou insectivores ; les Oryctéropes en Afrique, les Tatous en Amérique, les Échidnés en Australie entament la muraille de leurs griffes et récoltent les Termites en introduisant dans le nid leur longue langue gluante.

Des Fourmis de diverses familles (Fourmi-cadavre, Fourmis légionnaires, Iridomyrmex) pénètrent en colonnes dans les termitières, y livrent de furieux combats, puis repartent en emportant les cadavres de leurs victimes. D’autres s’installent à demeure dans l’épaisseur même de la muraille, pillant sans risques les Termites, qui ne peuvent les poursuivre dans les galeries étroites qu’elles ont creusées.