Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

temps (suite)

La perception de la durée

On confond souvent sous ce terme deux processus d’appréciation de la durée qu’il faut distinguer. L’un est la perception stricto sensu de la durée qui s’inscrit dans les limites du présent psychologique, l’autre est l’estimation de la durée où les processus mnémoniques sont prépondérants.

La durée est dite « vide » lorsqu’elle est l’intervalle entre deux événements successifs, « pleine » lorsqu’elle est la durée d’un événement. Ces notions sont évidemment relatives.

La psychophysique de la durée utilise les méthodes d’estimation (en unités métriques), de production (d’une durée dont l’étalon est proposé en unités métriques) ou de reproduction. Estimation et production sont interdépendantes, et leur corrélation est négative. La reproduction donne les résultats les plus fiables.

Les données principales peuvent se résumer de la manière suivante.
1. La perception des durées vides dépend de la nature des sensations limites. À durée constante, l’intervalle est perçu plus long :
— si les limites sont visuelles plutôt qu’auditives ou tactiles ;
— si les limites sont peu intenses et les sons plutôt aigus que graves.
Si les stimulations ne se produisent pas à la même place, plus la distance entre les stimulations est grande et plus longue paraît la durée (effet dit « S » ou « kappa »).
2. La perception des durées pleines dépend de la nature de ce qui dure. À durée physique constante :
— un son paraît plus long qu’une lumière ; un son aigu paraît plus long qu’un son grave ; une stimulation paraît d’autant plus longue qu’elle est plus intense ;
— un intervalle divisé paraît plus long qu’un intervalle non divisé ou moins divisé.
3. Le seuil différentiel relatif est environ de 7 à 10 p. 100 pour les durées vides et pleines.


L’estimation de la durée

Quand une durée dépasse quelques secondes, elle n’est plus perçue, mais elle est estimée en utilisant des repères mnémoniques.

Ces estimations sont très imprécises et donnent lieu à d’importantes erreurs systématiques. Ainsi, l’homme utilise surtout des repères objectifs fournis par le Soleil, sa vie sociale, l’organisme ou son activité (distance parcourue, nombre de pièces fabriquées, etc.). Quand il veut encore plus de précision, il s’adresse à des montres ou à des pendules.

L’estimation directe dépend essentiellement :
a) de la nature de l’activité (plus un travail est morcelé, plus il paraît long ; corrélativement, les changements subis paraissent plus longs que les changements actifs ; à durée égale, écouter paraît plus long que prendre en dictée) ;
b) de la motivation (plus nous sommes motivés par une tâche présente, plus elle paraît courte).

Ces deux facteurs ne sont pas indépendants. Le manque de motivation entraîne un morcellement perceptif de la tâche (chaque geste « coûte »). À une tâche morcelée correspond rarement une forte motivation.

L’action de ces deux facteurs, relatifs à la fois à la nature de la tâche et à son impact affectif, se combine pour diminuer ou augmenter le nombre de changements perçus. Nous entendons par changements perçus ces nœuds de l’activité où il y a prise d’information. Ainsi, plus une activité est banale et automatique et moins elle fournit de points de repère temporels. Ceux-ci forment autant de références mnémoniques, et la durée est estimée d’autant plus longue que le nombre de ces changements est plus grand.

L’âge a une large influence sur l’estimation du temps. Les enfants estiment la durée selon les mêmes critères que les adultes, mais, à la différence des adultes, ils sont moins capables de corriger les unes par les autres les indications subjectives données par la nature de la tâche, la motivation et celles qui proviennent de données objectives comme par exemple la quantité de travail effectué. Les vieillards, eux, ont tendance à estimer le temps plus court, sans doute parce que, tout étant plus habituel, les changements décelés sont moins nombreux.


L’effet des drogues

Quoique la sensibilité aux drogues soit très variable suivant les individus, on peut affirmer que les drogues excitantes (caféine, amphétamine) entraînent une surestimation de la durée, tandis que les drogues inhibitrices (barbituriques, protoxyde d’azote) conduisent à une sous-estimation. Les drogues hallucinogènes (haschisch, mescaline, LSD) provoquent un allongement subjectif de la durée, même quand leurs adeptes peuvent estimer la durée objective de l’expérience à sa juste valeur, lorsque la dose n’est pas trop forte.

Ces effets des drogues peuvent s’expliquer selon les cas par l’augmentation ou par la raréfaction des changements perçus et mémorisés.

P. F.

➙ Apprentissage / Conditionnement / Espace (perception de l’) / Perception / Psychologie.

 P. Janet, l’Évolution de la mémoire et de la notion de temps (Chahine, 1928 ; 3 vol.). / J. Piaget, le Développement de la notion de temps chez l’enfant (P. U. F., 1946). / P. L. Malrieu, les Origines de la conscience du temps. Les attitudes temporelles de l’enfant (P. U. F., 1953). / P. Fraisse, la Psychologie du temps (P. U. F., 1957) ; Psychologie du rythme (P. U. F., 1974). / M. Imberty, l’Acquisition des structures tonales chez l’enfant (Klincksieck, 1969). / A. Zenatti, le Développement génétique de la perception musicale (C. N. R. S., 1969). / A. Moles, Théorie de l’information et de la perception esthétique (Gonthier, 1972).

tendon

Bande de tissu aux reflets blanc nacré, située entre le muscle, générateur de la force par sa contraction, et le point d’application de cette force, habituellement l’os.



Anatomie et physiologie

Grâce à sa résistance, à son faible coefficient de glissement et à son élasticité modérée, le tendon a donc pour fonction la transmission d’une force dans les meilleures conditions. C’est cette force qui sera génératrice de mouvement.