Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Téléostéens (suite)

Les branchies sont pectinées et recouvertes par un opercule latéral ossifié dont le bord postérieur forme l’ouïe. Il n’y a pas de spiracle. Quelques espèces présentent des structures respiratoires annexes qui leur permettent de respirer l’air en nature. Le tube digestif est relativement simple et l’estomac peut manquer. Au début de l’intestin se trouvent fréquemment des diverticules absorbants, les cæcums pyloriques. La valvule spirale intestinale, qui ralentit le déplacement du bol alimentaire et qui existe chez les Chondrichtyens et les Chondrostéens, a presque toujours disparu chez les Téléostéens.

Il existe normalement une vessie natatoire. C’est un diverticule de l’œsophage, relié à ce dernier par un canal pneumatique. Ce canal subsiste chez l’adulte (stade physostome), ou s’oblitère et disparaît (stade physocliste). On nomme aphyses les espèces qui n’ont pas de vessie natatoire ou qui l’ont perdue. La vessie natatoire est un organe hydrostatique, empli de gaz sécrétés par une glande spéciale et grâce auquel le Poisson peut flotter passivement entre deux eaux. Grâce à cet équilibre, la nageoire caudale a pu passer de la structure hétérocerque à la structure homocerque, et les pectorales de l’insertion oblique à l’insertion verticale.

L’intestin ne se termine pas par un cloaque, et les uretères et conduits génitaux aboutissent à des orifices distincts postérieurs à l’anus. Spermiductes et oviductes sont différents de ceux des autres Vertébrés et ne correspondent ni aux canaux de Wolff — qui restent purement urinaires — ni aux canaux de Müller, qui disparaissent ou se transforment en un organe glandulaire spécial aux Téléostéens, le corpuscule de Stannius.

L’appareil circulatoire n’offre pas de particularités importantes ; le sang qu’il contient est fortement hypertonique chez les Poissons d’eau douce et fortement hypotonique chez les Poissons marins. Les premiers doivent donc éliminer de grandes quantités d’eau, et leurs reins sont riches en glomérules de Malpighi ; les seconds doivent compenser l’eau qui a tendance à quitter leurs tissus en buvant beaucoup d’eau, en éliminant des chlorures au niveau branchial et en réduisant au minimum le fonctionnement rénal ; il existe d’ailleurs des Poissons à reins aglomérulaires.

Le plus souvent, les Téléostéens sont ovipares et la fécondation est externe. On trouve une fécondation interne chez quelques Cyprinodontiformes : c’est une partie de la nageoire anale qui est transformée en gonopode. Les espèces correspondantes peuvent être « vivipares », mais il s’agit en fait d’une simple incubation des œufs dans les voies génitales femelles.

Parmi les organes des sens, citons, chez les espèces dotées d’organes électriques, les mormyromastes, capables de détecter les champs électriques faibles (v. Gymnote). Dans certaines familles (v. Hareng, Carpe), la vessie natatoire est en connexion avec l’oreille interne. Le système nerveux central a la particularité de présenter des hémisphères cérébraux (télencéphale) éversés, et non inversés comme ceux des autres Vertébrés. Il en résulte une longue toile choroïdienne dorsale et un pallium dorsal reporté latéralement, structures qui ont été longtemps mal interprétées. Cette éversion palliée est commune aux Actinoptérygiens et au Polyptère*, ce qui constitue un argument de poids en faveur du classement de ce dernier dans les Actinoptérygiens.


Biologie

Les Téléostéens ont occupé toutes les niches écologiques possibles. Dans les eaux douces, ils ont conquis tous les milieux, des ruisseaux de haute montagne aux profondeurs du lac Baïkal, des zones équatoriales et tropicales aux fleuves arctiques. Dans le milieu marin, on les trouve de même sous toutes les latitudes, de la zone littorale à la pleine mer (espèces pélagiques), des eaux superficielles aux milieux abyssaux. Les uns nagent en pleine eau, les autres restent au voisinage immédiat du fond (espèces benthiques).

Les régimes alimentaires sont des plus variés : il existe des espèces microphages, qui se nourrissent grâce à un filtre branchial, des herbivores et des carnivores. Beaucoup sont prédateurs et chassent activement ; d’autres se nourrissent d’Invertébrés peu mobiles : coquillages, Crustacés, certains même ont des proies aériennes (Insectes capturés par les Poissons-Archers). Souvent prédateurs, les Poissons sont plus souvent encore des proies, et certains ont acquis pour échapper à leurs ennemis des modes de locomotion spéciaux, notamment les Poissons volants (Exocet*).

Le comportement social des Téléostéens est également très diversifié, depuis les espèces solitaires, qui n’acceptent de partenaires qu’au moment de l’accouplement, en passant par celles qui développent des comportements territoriaux (v. territoire), jusqu’aux espèces qui forment des sociétés hiérarchisées et à celles qui vivent en bancs.


Classification des Téléostéens

Il n’est pas facile de classer un ensemble aussi vaste, aussi complexe et aussi diversifié que celui des Téléostéens, et les classifications se sont succédé sans qu’aucune donne satisfaction. Le tableau ci-dessous, qui ne cite que quelques-uns des ordres et sous-ordres actuellement reconnus, est un compromis entre une classification fondée sur des caractères morphologiques simples et celle qui résulterait d’une étude phylogénétique qui n’est pas encore achevée.


Clupéiformes

Élopoïdes, Notoptéroïdes, Ostéoglossoïdes, Mormyroïdes, Clupéoïdes (Hareng*, Sardine*).


Salmoniformes

Salmonoïdes (Saumon*, Truite*), Stomiatoïdes, Ésocoïdes (Brochet*), Alépisauroïdes, Myctophoïdes.


Cypriniformes

Characoïdes (Piranha*), Gymnotoïdes (Gymnote*), Cyprinoïdes (Carpe*), Siluroïdes (Silure*).