technologie (art et) (suite)
La démarche du Turc Sarkis (Sarkis Zabunyan, né en 1938), bien qu’elle soit apparentée à l’art pauvre (v. conceptuel [art]) par la mise en scène et les matériaux, vise également à la création de systèmes d’énergie. Mais, lorsque l’artiste met en rapport masses de goudron, bacs d’eau, résistances électriques et néons, les réactions physiques qu’il provoque sont lentes et finalement invisibles : Sarkis n’objective pas l’énergie de la matière, il lui conserve, à la différence d’un Kowalski, son caractère mythique.
Si chacune de ces recherches entraîne la prise de conscience d’un équilibre particulier et de ses modalités de rupture, les investigations d’un Nicolas Schöffer, déjà cité, s’étendent à un domaine plus ambitieux : la cybernétique. Théoricien, auteur notamment de la Ville cybernétique (1969) et de la Nouvelle Charte de la ville (1974), Schöffer définit ainsi la cybernétique : « La prise de conscience du processus vital qui maintient en équilibre l’ensemble des phénomènes. » Depuis 1956, année où il conçoit CYSP 1, sa première sculpture combinant, grâce à l’électronique, la forme, le mouvement et le son, il élabore avec logique un art de conception de plus en plus architectural et urbaniste, rejoignant les préoccupations du Néerlandais Constant (v. Cobra) ou du groupe britannique « Archigram ».
Accumulations d’informations à caractère scientifique, ces œuvres relèvent d’une conception générale de la nature de l’art qui est aussi celle des courants conceptuels. L’art, en quête de son insertion dans un réel approfondi, rencontre ce moyen de connaissance et d’action de notre temps qu’est la technologie. Celle-ci sera-t-elle, mieux assimilée, l’un des supports majeurs de l’activité artistique du futur ?
C. Y.
H. W. Franke, Phänomen Kunst (Munich, 1967). / M. Bense, Einführung in die informations-theoretische Ästhetik (Hambourg, 1969). / O. Bihalji-Merin, la Fin de l’art à l’ère de la science ? (la Connaissance, Bruxelles, 1970). / S. Moser, Numerische Ästhetik (Stuttgart et Berne, 1970). / A. A. Moles, Art et ordinateur (Casterman, 1971).
CATALOGUE D’EXPOSITION. The Machine, as seen at the End of the Mechanical Age, The Museum of Modern Art (New York, 1968).