Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

technologie (art et) (suite)

La démarche du Turc Sarkis (Sarkis Zabunyan, né en 1938), bien qu’elle soit apparentée à l’art pauvre (v. conceptuel [art]) par la mise en scène et les matériaux, vise également à la création de systèmes d’énergie. Mais, lorsque l’artiste met en rapport masses de goudron, bacs d’eau, résistances électriques et néons, les réactions physiques qu’il provoque sont lentes et finalement invisibles : Sarkis n’objective pas l’énergie de la matière, il lui conserve, à la différence d’un Kowalski, son caractère mythique.

Si chacune de ces recherches entraîne la prise de conscience d’un équilibre particulier et de ses modalités de rupture, les investigations d’un Nicolas Schöffer, déjà cité, s’étendent à un domaine plus ambitieux : la cybernétique. Théoricien, auteur notamment de la Ville cybernétique (1969) et de la Nouvelle Charte de la ville (1974), Schöffer définit ainsi la cybernétique : « La prise de conscience du processus vital qui maintient en équilibre l’ensemble des phénomènes. » Depuis 1956, année où il conçoit CYSP 1, sa première sculpture combinant, grâce à l’électronique, la forme, le mouvement et le son, il élabore avec logique un art de conception de plus en plus architectural et urbaniste, rejoignant les préoccupations du Néerlandais Constant (v. Cobra) ou du groupe britannique « Archigram ».

Accumulations d’informations à caractère scientifique, ces œuvres relèvent d’une conception générale de la nature de l’art qui est aussi celle des courants conceptuels. L’art, en quête de son insertion dans un réel approfondi, rencontre ce moyen de connaissance et d’action de notre temps qu’est la technologie. Celle-ci sera-t-elle, mieux assimilée, l’un des supports majeurs de l’activité artistique du futur ?

C. Y.

 H. W. Franke, Phänomen Kunst (Munich, 1967). / M. Bense, Einführung in die informations-theoretische Ästhetik (Hambourg, 1969). / O. Bihalji-Merin, la Fin de l’art à l’ère de la science ? (la Connaissance, Bruxelles, 1970). / S. Moser, Numerische Ästhetik (Stuttgart et Berne, 1970). / A. A. Moles, Art et ordinateur (Casterman, 1971).
CATALOGUE D’EXPOSITION. The Machine, as seen at the End of the Mechanical Age, The Museum of Modern Art (New York, 1968).

tectonique

Branche de la géologie qui étudie les déformations de l’écorce terrestre.


Son domaine est celui des structures acquises par les roches à la suite de leur déformation. C’est pourquoi elle est aussi appelée géologie structurale.


Les fondements et les méthodes de la tectonique

L’architecture d’une région (sa structure) dépend des roches ou des couches qui en forment l’ossature et de leur arrangement. Il en résulte que la tectonique est liée d’une manière étroite aux autres disciplines de base de la géologie et en particulier à la pétrographie (nature des roches) et à la stratigraphie (succession dans le temps des différentes couches, ou strates). La paléontologie et la micropaléontologie, dans la mesure où elles permettent de dater les terrains, sont aussi des auxiliaires très précieux.

En effet, les mouvements tectoniques et les déformations qu’ils entraînent modifient l’ordre primitif des terrains. Il importe donc de connaître et d’établir les rapports normaux ou originels des matériaux ou des couches géologiques pour comprendre l’évolution d’une région et les mécanismes qui conduisent aux déformations et aux contacts anormaux observés dans les chaînes de montagnes.

L’analyse des structures consiste donc à définir la disposition actuelle des terrains (disposition géométrique) et à la comparer à la disposition originelle (repérage chronologique). La première partie fait appel à l’analyse structurale, la seconde à des notions de géologie historique.


Le repérage géométrique

Cette opération consiste à repérer et à orienter les couches ou les accidents par rapport à un système de repérage fixe : nord géographique et plan horizontal du lien considéré, puis à reporter ces indications sur une carte topographique. Chaque limite de couche ou chaque accident peut généralement être assimilé à un plan et être ainsi repéré par sa direction (angle que fait la trace de ce plan avec un plan horizontal) et par son pendage (angle de sa ligne de plus grande pente avec un plan horizontal).


Le repérage chronologique

Il permet de retrouver la succession originelle des dépôts avant leur déformation, c’est-à-dire de reconnaître la polarité des terrains.

La méthode la plus ancienne est la méthode stratigraphique, fondée sur le principe de superposition des couches des plus anciennes aux plus récentes et de leur datation par les faunes qui s’y rencontrent.

D’autres critères sont aussi employés pour trouver la polarité d’une série. Certains sont d’ordre sédimentologique comme :
— des figures de base de bancs ; elles s’observent à la base d’un banc grossier au contact d’un banc plus tendre ; il s’agit toujours de figures en saillies résultant soit de l’enfoncement des sédiments grossiers (figures de charge), soit de petites dépressions creusées dans le sédiment tendre par les courants marins et remplies par les sédiments plus grossiers (figures de courants) ;
— des figures à l’intérieur des bancs ; les stratifications entrecroisées résultent de la sédimentation de matériaux grossiers dans une région soumise à des courants changeant de direction ; les dépôts ont la forme de lentilles superposées, mais les plus anciennes sont tronquées à leur sommet par les lentilles les plus récentes.

Quelquefois, il se produit un classement du matériel grossier à l’intérieur des bancs. Ce grano-classement se rencontre dans des séries sédimentées par des courants de turbidité. Il se traduit par une diminution de taille des grains grossiers de la base au sommet.

On peut aussi se servir de critères paléontologiques. Certains fossiles en position de vie dans les strates indiquent cette polarité. Le cas des Rudistes dont la grande valve montre un pilier et des arêtes est particulièrement net. Suivant qu’on le regarde par-dessus ou par-dessous, la position des arêtes par rapport au pilier est différente. Certains Bivalves dont la coquille a été incomplètement remplie par les sédiments permettent aussi de repérer la polarité : le vide qui subsiste (en haut) est souvent comblé de calcite.