Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tchécoslovaquie (suite)

La Tchécoslovaquie présente (avec la Hongrie) parmi les pays du Comecon la particularité d’être un État continental. Elle a donc dû trouver des débouchés maritimes dans les ports des pays voisins. Ainsi, elle réalise une partie de ses exportations et de ses importations par le port yougoslave de Rijeka. Elle utilise le Danube comme voie fluviale pour les hydrocarbures et le minerai de fer qui viennent de l’U. R. S. S. Elle bénéficie d’un port franc dans l’ensemble polonais de Szczecin*, et c’est là qu’elle effectue le plus gros tonnage de marchandises. Elle est peu liée aux ports de la République démocratique allemande, comme Rostock, mais Hambourg, au débouché de l’Elbe, assure encore une partie de son trafic maritime, servi par une petite flotte battant pavillon tchécoslovaque. Pour la grande majorité du trafic extérieur, les voies ferrées jouent un rôle prépondérant. Leur nombre et leur qualité ont permis de désenclaver le pays.

Le tourisme est une des formes de relations extérieures qui se développent le plus : plusieurs centaines de milliers de familles tchécoslovaques passent leurs vacances au bord du lac Balaton, en Hongrie, ou sur les côtes ensoleillées des pays socialistes du Midi (Yougoslavie, essentiellement, puis Roumanie et Bulgarie). En revanche, très peu ont la possibilité de séjourner en Occident. La Tchécoslovaquie est elle-même visitée par plus de 3 millions de touristes, en majorité des Soviétiques, mais sur lesquels la part des touristes occidentaux, porteurs de devises fortes (1 million en 1970), s’est accrue. Un gros effort est en cours pour attirer de plus nombreux Occidentaux : ouvertures de bureaux de l’agence de voyages Čedok à l’étranger ; conclusion de contrats pour des « safaris » dans la forêt de Bohême ; développement du camping et du logement chez l’habitant ; organisation de fêtes et de congrès. Cet apport représente de 30 à 40 millions de dollars de recettes nettes par an, ce qui est, cependant, bien inférieur aux bénéfices des pays socialistes méridionaux. Mais on appréciera de plus en plus toutes les formes de protection de la nature que les Tchèques ont développées : on compte trois vastes « parcs nationaux », des « régions de protection des paysages », près de quatre cents petites réserves naturelles protégées, qui, en tout, couvrent 10 p. 100 du territoire de la Slovaquie, 4,7 p. 100 du territoire entier de la République.

Enfin, la position de la Tchécoslovaquie au sein du Comecon est bien connue. Celle-ci est le deuxième ou le troisième partenaire en importance. Elle collabore à toutes les institutions du Comecon, qui siègent souvent, ainsi que de nombreuses commissions, sur son territoire, et occupe une place importante dans les deux organismes d’investissements. Elle s’est alignée facilement sur les normes de planification. Elle apporte une aide technique efficace aux États moins développés du Comecon et a pris une place particulière dans ce qu’on appelle la « division socialiste » du travail. Son industrie se spécialise dans la sidérurgie, le matériel roulant, l’électromécanique, les armes et la construction de machines. Mais la Tchécoslovaquie reste fortement tributaire de l’U. R. S. S. pour les hydrocarbures, le coke, le minerai de fer, les textiles et le caoutchouc. Elle a pris enfin sa place dans l’aide aux pays sous-développés. Sa part dans le total de l’aide socialiste doit être inférieure à 10 p. 100. Mais la Tchécoslovaquie accueille et forme plusieurs milliers d’étudiants et de cadres étrangers, vend des usines « clés en main », envoie sur le terrain des missions de prospecteurs et de techniciens, construit de gros ouvrages de génie civil (ponts, voies ferrées, barrages, etc.), particulièrement au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie méridionale.

Après une crise d’abord conjoncturelle, puis structurelle, qui a abouti aux événements de 1968, la Tchécoslovaquie a été « reprise en main » par l’U. R. S. S., qui lui a fourni des quantités importantes d’énergie, de vivres et des matières premières. C’est en quoi tout pays socialiste peut difficilement se détacher de la grande tutrice. De cette allégeance, la Tchécoslovaquie offre un exemple particulièrement expressif.

A. B.

➙ Bohême / Bratislava / Brno / Comecon / Moravie / Ostrava / Prague / Slovaquie.

 A. Blanc, P. George et H. Smotkine, les Républiques socialistes d’Europe centrale (P. U. F., coll. « Magellan », 1967 ; 2e éd., 1974). / Z. Suda, Czechoslovak Socialist Republic (Baltimore, 1969). / M. Blazek, J. Demek et M. Macka, Č. S. S. R. Land, Volk, Wirtschaft in Stichwörter (Vienne, 1971). / J. Demek, M. Strida et coll., Geography of Czechoslovakia (Prague, 1971). / A. Blanc, l’Europe socialiste (P. U. F., 1974).


Les littératures de Tchécoslovaquie

Sur le territoire de l’actuelle Tchécoslovaquie vivent — et ont vécu pendant des siècles — des allogènes, naguère fort nombreux : Allemands, Juifs, Magyars, Polonais, Tsiganes. Pour autant que des œuvres littéraires ressortissant à ces nationalités ont pris naissance sur le sol tchécoslovaque, nous renvoyons aux articles concernant les littératures correspondantes.

Quant à l’ethnie tchécoslovaque, il convient de noter que les langues dans lesquelles s’exprime sa littérature (latin, slavon, tchèque, allemand) sont indépendantes, jusqu’au milieu du xixe s., de l’origine géographique (tchèque, morave, silésienne, slovaque) des auteurs. Nous distinguerons, de fait, deux grandes périodes : la période antérieure à la consommation du schisme linguistique slovaque (1844) et la période postérieure à ce schisme, où deux langues seulement, le tchèque et le slovaque, servent d’organes à l’expression littéraire.

Toutefois, on ne saurait oublier qu’une abondante littérature orale, plus lyrique qu’épique, s’est exprimée, précisément jusqu’au milieu du xixe s. et depuis les origines préchrétiennes de la nation tchécoslovaque, dans des dialectes locaux. Les contes et les chants populaires furent recueillis et édités, notamment par le Slovaque Jan Kollár dans ses Národnié zpievanky (1834-35) et par les Tchèques F. L. Čelakovský et K. J. Erben. Ils furent surtout génialement imités, adaptés et exploités, toujours à l’époque romantique, par Čelakovský (Ohlas písní českých [Écho des chants tchèques], 1839) et dans les ballades d’Erben (Kytice z pověstí národních [Bouquet de légendes nationales], 1853), qui, dans ce genre, appartiennent aux chefs-d’œuvre de la littérature mondiale.