Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tchécoslovaquie (suite)

L’industrie née du pétrole et du gaz est localisée jusqu’à présent à Bratislava et dans plusieurs petites villes de Slovaquie : le passage de l’oléoduc et celui du gazoduc ont été de puissants facteurs d’industrialisation du pays. Dans la capitale de la Slovaquie, le combinat Slovnaft se compose d’une raffinerie et d’une usine pétrochimiques. La Slovaquie devient l’une des régions de l’Europe orientale produisant des textiles synthétiques et des matières plastiques en quantités comparables à celles de foyers de l’Europe occidentale.

Enfin, dans la gamme de tous les produits industriels, la Tchécoslovaquie se distingue par six branches d’industrie liées à la transformation des produits du sol et du sous-sol ; dans ce domaine, la tradition a été rénovée par des techniques modernes. Le bois de la forêt de Bohême fournit sans doute les planches, les matériaux de construction, la matière première de la cellulose, mais aussi des jouets en Slovaquie, des crayons en Bohême. Le coton est à l’origine du foyer textile de Liberec, dans le nord-est de la Bohême. Les chaussures de cuir furent fabriquées avant celles de caoutchouc dans l’usine fondée par Bat’a à Gottwaldov (ancienn. Zlín), désormais nationalisée. Le kaolin est la matière première de la céramique, particulièrement de la porcelaine dans le nord-ouest et le nord-est de la Bohême, et les sables et les cendres des forêts ont commandé la localisation de la verrerie au nord de la Bohême, prenant son aspect le plus noble avec la célèbre cristallerie de la région de Karlovy Vary et son aspect le moins noble avec la verroterie de la région de Jablonec. Enfin, la Tchécoslovaquie produit et exporte jusqu’aux États-Unis la bière de Plzeň.


Les grands problèmes intérieurs


L’évolution démographique

La densité est très forte, et le pays est, à l’exception des montagnes, uniformément peuplé. Si les taux de mortalité n’ont cessé de diminuer pour se relever en 1970, ceux de natalité, après avoir enregistré un bond après la guerre, ont décliné régulièrement pour tomber au-dessous de 15 p. 1 000 en 1970.

Les difficultés de logement, malgré la taille et le nombre des villes nouvelles, le souci du confort avant celui de l’enfant, une certaine déchristianisation des régions tchèques et moraves contribuent à expliquer cette évolution, qui est beaucoup moins rapide en Slovaquie, montagneuse et catholique.

Par ailleurs, on observe certains équilibres que n’ont pas atteints d’autres pays socialistes. La prépondérance de l’élément féminin est faible. L’ensemble de la population se partage encore assez équitablement entre les différentes communes, définies par leur taille : on compte ainsi 43 p. 100 de la population dans les localités au-dessous de 1 000 habitants et plus de 32 p. 100 dans les localités de plus de 10 000 habitants. La majeure partie de la population vit donc dans les villes (le seuil de 55 p. 100 ayant été dépassé au début des années 70). Mais il s’agit de petites villes ou de villes de taille moyenne. Le nombre d’agriculteurs s’étant abaissé à environ 20 p. 100, le secteur industriel et celui des services se sont développés plus rapidement que les autres ; c’est bien pourquoi le pays peut s’enorgueillir de la construction rapide de villes nouvelles, creusets un peu monotones par leur style, mais qui ont permis de loger rapidement l’excédent de la population des campagnes. Environ 600 000 habitants vivent dans ces villes, dont certaines comptent plus de 50 000 personnes.


Prague

Un autre problème est posé par le développement relativement faible de la capitale, dont la population, même en comptant les faubourgs, ne dépasse guère le million d’habitants. Prague est pourtant la grande ville de prestige de l’Europe centrale, la « ville dorée ».

Le nombre de touristes qui séjournent à Prague est évalué à plusieurs millions, la majorité se composant de ressortissants d’autres pays socialistes. Mais Prague est aussi un lieu très recherché de foires, de congrès et de rencontres internationales. La Fédération syndicale mondiale y a son siège depuis la dernière guerre. Ses universités sont les plus importantes de toute la Tchécoslovaquie. Des manifestations artistiques, telles que le « mai musical », attirent un grand nombre d’amateurs. Une grande fraction de la population vit des services tertiaires supérieurs.

Mais deux facteurs ont défavorisé la croissance de Prague. D’une part, la capitale n’est pas une ville d’industrie lourde. Elle est assez loin des grandes entreprises de Silésie. Elle se situe en aval de cette industrie, mais elle partage constructions métalliques et industries légères avec d’autres villes. D’autre part, elle est restée une grande ville de Bohême, mais Plzeň et les villes du Nord exercent leur attraction sur la population. Les villes moraves et slovaques, notamment Bratislava, sont concurrentes de la capitale, dont la population n’augmente que très lentement. Les villes nouvelles ont accaparé la population issue de la campagne ou des petites villes.


Les régions forestières

Leur destin pose encore un autre problème, vieux de plus d’un demi-siècle, celui de la recolonisation du pays, la plupart des 3 millions d’Allemands occupant ces territoires, longtemps appelés improprement Sudètes, ayant été renvoyés en Allemagne occidentale ou orientale.

La recolonisation a été le fait de Tchèques de l’intérieur, de Slovaques et d’anciens émigrés. Près de 3 millions de Slaves ont repeuplé ces territoires devenus déserts. On a vite constaté des différences de peuplement, de densité, de croissance, d’une part, entre les diverses régions forestières et, d’autre part, entre celles-ci et celles de l’intérieur. Les densités sont supérieures à celles d’avant guerre dans toutes les régions minières et industrielles : bassins de lignite du pied des monts Métallifères, foyers industriels de Plzeň, villes de la trouée de la Labe, villes du Nord, telles que Liberec et Jablonec. En revanche, les densités sont inférieures à celles d’avant guerre, les grandes villes manquent et l’industrie est réduite au travail du bois dans les Krkonoše (ou monts des Géants) et la forêt de Bohême.