Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tchécoslovaquie (suite)

La houille est heureusement beaucoup plus concentrée : quelques millions de tonnes sont extraits des petits bassins de Kladno et des environs de Plzeň, et de 20 à 25 Mt des gisements de Silésie (ou du nord de la Moravie). La houille de Silésie a été exploitée très tôt, dans la seconde moitié du xixe s., grâce au concours de l’aristocratie locale et de la banque Rothschild de Vienne. Elle a entraîné la formation d’un pays noir où tout est pollué, la terre, l’eau et l’air. Avec 10 milliards de tonnes de réserves jusqu’à 1 500 m de profondeur, la Silésie tchécoslovaque est le deuxième bassin en Europe orientale, après celui de la Silésie polonaise, situé plus au nord. Les sièges d’extraction ont été concentrés ; certains fournissent 2 Mt. La présence de ce bassin a entraîné le développement de l’industrie sidérurgique et de la carbochimie sur place (exemple typique de localisation héritée du xixe s.). L’extraction du charbon demeure encore le type même de l’industrie lourde dans le pays. Cependant, dans la structure nationale des combustibles, la part des charbons et des lignites, qui s’élevait à plus de 84 p. 100 en 1965, est tombée à 75 p. 100 en 1970, alors que celle des hydrocarbures passait de 12,9 à 21,9 p. 100 et doit encore s’accroître.

À la fin des années 60, dans le bilan énergétique total, le lignite et le charbon représentent 75,8 p. 100, le pétrole 19,3 p. 100, le gaz naturel 2,5 p. 100 et l’énergie hydraulique de 1 à 2 p. 100.

C’est surtout le lignite qui est le grand fournisseur d’électricité. Sans rentabilité aucune lorsqu’on doit le transporter, il est, au contraire, capable de fournir une énergie bon marché si les centrales, comme c’est le cas du nord de la Bohême ou de Handlová, en Slovaquie, se situent près des mines. Ces bassins, ainsi, d’ailleurs, que celui de Silésie, sont les sièges de centrales thermiques de grande capacité, reliées entre elles et branchées sur le système d’interconnexion du Comecon, appelé Mir (la Paix) et dont le dispatching est situé à Prague.

Le pétrole avait donné quelque espoir : on en extrait quelques centaines de milliers de tonnes dans le bassin de Malacky, au nord de Bratislava et dans la région de Hodonín, plus au nord (Moravie inférieure), mais, ici, c’est le gaz qui semble le principal produit de cette exploitation.

En fait, la majeure partie des hydrocarbures consommés est livrée par l’oléoduc Amitié, qui a été prolongé vers Prague, au-delà de Bratislava, et par le gazoduc Fraternité, qui traverse, avec quelques embranchements, la Slovaquie. Il ne semble pas, toutefois, que les livraisons soviétiques puissent s’accroître. La Tchécoslovaquie serait partie prenante dans le projet d’oléoduc Adria, qui, partant de la côte adriatique, gagnerait la Hongrie et peut-être la Slovaquie (qui peut également recevoir du pétrole du port de Hambourg).

Cette politique et le mythe du charbon entretenu dans les années 50 ont ralenti l’équipement hydraulique. Il est vrai que peu de cours d’eau se prêtent à la construction de grandes centrales. Le Váh slovaque a été équipé sous la forme d’un escalier de vingtaine de centrales. La Vltava de Bohême est barrée en plusieurs points, jusqu’à la frontière autrichienne, en amont de Prague. À part quelques ouvrages mineurs, aucun autre équipement hydro-électrique n’est prévu dans le pays. Au total, la production annuelle est de quelques térawatts-heures (de 3 à 5).

Enfin, la Tchécoslovaquie est, avec la République démocratique allemande, sans doute le pays socialiste de l’Europe centrale le plus avancé dans le domaine de l’énergie nucléaire. La première centrale a été construite en Slovaquie, au nord-est de Bratislava, à Jaslovské Bohunice.


Les caractéristiques de l’industrie

La Tchécoslovaquie, État industriellement développé, possède tous les types d’industries anciennes et modernes, localisées sur les mines, à proximité de l’énergie ou dans les centres urbains. Il serait donc fastidieux d’en donner une énumération et une description détaillées. On insistera sur ce qui est spécifiquement tchécoslovaque.

Il s’agit d’abord des deux grands secteurs de l’industrie lourde. La sidérurgie représente avec toutes les fabrications métallurgiques 40 p. 100 de la valeur globale de la production industrielle. Avec une production qui a plus que quadruplé depuis la Seconde Guerre mondiale, un des quotients par habitant les plus élevés (plus de 12 Mt par an pour 14 millions d’habitants), l’industrie de l’acier est une des plus concentrées. Si on excepte quelques petits centres isolés (Plzeň et Kladno), la totalité vient du bassin silésien (les trois quarts) et de Košice. En Silésie, l’industrie lourde classique a été modernisée : à Vitkovice, les six hauts fourneaux, les laminoirs, les tréfileries, réparties jusqu’à Kunčice, s’ajoutent aux centres, plus proches de la frontière polonaise, de Třinec et de Těšín. Cette sidérurgie est donc installée sur la houille, le fer venant d’Ukraine. Dans le « combinat sidérurgique » de Slovaquie orientale (Košice), coke et fer viennent de l’U. R. S. S. : comme Nowa Huta (Pologne), ce combinat est un des grands centres récemment créés du Comecon.

La Tchécoslovaquie possède très peu de centres de métallurgie non ferreuse, mais la création du combinat d’aluminium de Žiar nad Hronom illustre parfaitement un aspect de la coopération entre la Hongrie, productrice de bauxite, mais manquant d’électricité, et la Slovaquie, fournissant le courant de ses centrales thermiques et du Váh.

Le secteur dérivé de la métallurgie lourde est celui de la construction de machines de tous types, pour lesquelles le pays a acquis une renommée telle que, dans certaines branches, une forte partie de la production est exportée, même dans les pays non socialistes : par exemple le matériel roulant (Prague), l’équipement électrique et l’électromécanique (Plzeň), les voitures de tourisme (Mladá Boleslav), les machines textiles (région de Liberec)... Prague et sa banlieue assurent le cinquième de cette production (qui comprend en outre la fabrication des armes de tous types, la Tchécoslovaquie étant l’un des pays de l’Est en exportant le plus).

Un autre type d’industrie lourde est la chimie. La carbochimie se situe sur les mines de lignite ou à proximité (Most, Litvínov [produits synthétiques], Ústí nad Labem et Děčín [chimie minérale et synthétique]), ou auprès des centres de consommation (ainsi les engrais à Pardubice et les produits pharmaceutiques à Prague).