Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tbilissi (suite)

Le site est constitué par la rivière Koura, un peu en aval de la vallée suivie par la route transcaucasienne. Élargissements et étranglements se succèdent tout le long de la rivière. La partie la plus étroite, dominée par la citadelle, contient le centre de la vieille ville de marchands et d’artisans, bâtie à l’orientale. Jusqu’au xixe s., la ville a exercé des fonctions commerciale, militaire et culturelle. Mais elle a connu beaucoup d’envahisseurs et de dominateurs. Elle a gardé une partie des monuments des différentes époques historiques qu’elle a traversées. Lorsque les troupes du tsar y pénétrèrent au début du xixe s., elle comprenait 3 000 maisons abritant 20 000 personnes, un grand nombre d’échoppes d’artisans et de boutiques de marchands. Elle évolua lentement, et fut marquée par des soulèvements bolcheviques précurseurs de la Révolution et par la guerre civile. La transformation et l’extension datent des premiers plans quinquennaux. La nouvelle urbanisation a réussi à aménager le vieux centre, à jeter des ponts sur la Koura, à tracer de nouvelles et vastes perspectives, et à créer une ville nouvelle, où ont été construits les bâtiments symbolisant le rôle de capitale.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, Tbilissi s’insère dans un complexe urbain plus vaste. Un barrage-réservoir a été créé (la « mer de Tbilissi ») pour fournir de l’énergie et ravitailler la zone agricole. Non loin de là, en aval sur la Koura, la ville de Roustavi est un centre de métallurgie lourde dont profitent les industries de Tbilissi.

La ville de Tbilissi remplit en effet plusieurs fonctions. Elle est le siège d’une université, de l’académie des sciences de Géorgie, de nombreux instituts de recherche, de bibliothèques, de musées et de théâtres. Elle est fréquentée par les touristes étrangers : les liaisons aériennes avec Moscou sont bonnes et la ville fait partie d’un circuit touristique qui comprend d’autres cités de Géorgie et d’Arménie. On visite plus spécialement le Panthéon des écrivains et hommes illustres de la Géorgie, la vieille ville et ses églises anciennes, les musées et les parcs.

La valeur de la production de Tbilissi représente 40 p. 100 de la valeur de l’industrie géorgienne. Des activités industrielles sont nées de l’artisanat et des manufactures ; thé, « champagnes » et « cognacs » (en général, la vinification), textiles et cuir. La ville a une filature de soie et des tricotages. L’industrie métallurgique se situe à l’aval des productions de Roustavi (fabrication de métiers à tisser, de machines-outils, de locomotives électriques, d’appareillage de centrales électriques). Des industries sont liées à la présence d’une abondante main-d’œuvre et travaillent pour un marché étendu de consommation (bois et cellulose, mécanique de précision, industries alimentaires et polygraphiques).

Certains combinats emploient plus de 5 000 salariés. Des écoles techniques éduquent la main-d’œuvre venue des campagnes. Mais la ville tend à agglomérer un grand nombre de familles descendues des montagnes (Grand et Petit Caucase), et il semble que le rythme de la construction reste insuffisant devant un processus accélère d’urbanisation, la population de la ville ayant augmenté d’environ 25 p. 100 entre les deux derniers recensements de 1959 et 1970.

A. B.

➙ Géorgie.

Tchad

État d’Afrique ; 1 284 000 km2 ; 4 millions d’hab. Capit. N’Djamena (anc. Fort-Lamy).


Territoire vaste comme deux fois la France, produit de la colonisation aux frontières artificielles, le Tchad, inscrit aux marges de l’aride et au cœur du continent africain, est un État « problème ».


Aux marges de l’aride...

Le bassin sédimentaire du Tchad, dont l’État n’occupe que la moitié orientale, s’est dessiné à l’ère tertiaire sous l’effet des déformations d’une vieille plate-forme. Ses limites sont le massif volcanique du Tibesti au nord, qui porte le point culminant du Sahara (Emi Koussi, 3 415 m), les reliefs gréseux de l’Ennedi au nord-est, le massif cristallin de l’Ouadaï à l’est, la dorsale de l’Oubangui au sud. Seul le massif central du Guéra interrompt la planitude d’ensemble de ce bassin endoréique. Le lac Tchad n’en représente pas la partie la plus déprimée, qui se localise plus au nord, dans le Djourab, dont il est séparé par un erg fossile. Étang dont la profondeur n’excède pas 7 m, il est, quant à son alimentation, sous la dépendance presque exclusive du Chari, qui en commande l’extension, variable du simple au double en certaines années (11 000 à 25 000 km2).

En l’absence de forts contrastes orographiques, le principal facteur de différenciation géographique est le climat. Du sud au nord se succèdent tous les types de climats tropicaux à nuance sèche. L’alternance d’une saison sèche et d’une saison humide, celle-ci d’autant plus brève que l’on s’éloigne de la frontière méridionale, relève du déplacement du front intertropical en liaison avec les oscillations zénithales du Soleil. Les paysages botaniques s’organisent en bandes orientées d’ouest en est, l’altitude n’introduisant que des perturbations mineures dans cette zonation latitudinale. La savane arborée, puis la savane arbustive du Sud soudanien font place, au nord du 13e parallèle, aux pseudo-steppes sahéliennes, et la contraction du couvert des graminacées marque le passage au désert, qui règne sans partage au nord du 16e parallèle.

La limite entre la savane et la steppe correspond approximativement à la frontière entre populations du Nord, islamisées, et populations du Sud, animistes ou christianisées. La limite méridionale de l’emprise de l’islām coïncide approximativement avec l’apparition des premiers foyers de la trypanosomiase. Aussi le Tchad, plus profondément engagé dans l’Afrique soudanienne que le Niger, est-il peuplé d’une majorité de kirdis (païens non musulmans), le reste de la population étant arabe ou arabisé (40 p. 100). Cette dualité religieuse, qui se juxtapose à l’opposition entre pasteurs nomades et pasteurs sédentaires, propre à tous les pays du « rivage du désert », soulève un grave problème d’intégration nationale, qu’exprime la dissidence nordiste.