Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tapisserie (suite)

C’est cependant plus tard, avec Lurçat* et quelques ateliers de la Marche, que se produisit un réveil du vieux métier, salué comme une « renaissance » décisive durant quelque quinze ou vingt ans après la Seconde Guerre mondiale. Dès le début des années 50, sous l’influence de Le Corbusier* et de Vasarely*, plusieurs artistes — soucieux de maintenir la tapisserie dans le courant artistique de l’époque — créent des compositions abstraites. Parmi les plus importants, citons le sculpteur Adam*, les peintres Mario Prassinos (né en 1916), Robert Wogensky (né en 1919) ou encore Michel Tourlière (né en 1925), qui se consacre à la tapisserie et dont l’œuvre est caractérisée par la sobriété des tons chauds et l’abstraction souple des formes. Toutes les œuvres de ces artistes sont tissées par l’une ou l’autre des manufactures nationales.

Mais, peut-être, ce renouveau n’était-il qu’un primitivisme quelque peu artificiel, qu’un primitivisme encore plus radical est en passe de recouvrir aujourd’hui à la faveur du climat général de liberté qui caractérise la création plastique contemporaine. Libérées de la tradition, les œuvres deviennent des créations personnelles, le plus souvent tissées par les artistes eux-mêmes. Créée en 1962, la Biennale internationale de la tapisserie de Lausanne est devenue le théâtre de cette révolution. La remise en cause de l’art textile est due en grande partie aux créateurs des pays de l’Est, tels les Tchèques Antonín Kybal (né en 1901) et Bohdan Mrazek (né en 1931) ; les Roumains Peter (né en 1935) et Ritzi (née en 1941) Jacobi, la Polonaise Magdalena Abakanowicz (née en 1930) ou la Yougoslave Jagoda Buic (née en 1930). Cette nouvelle tapisserie est également florissante dans les pays Scandinaves avec Lasse Andreasson, Jan Groth (né en 1938), Brit H. Fuglevaag-Warsinski et Bodil Svaboe.

Cette même tendance se retrouve dans les créations de nombreux artistes japonais comme Sakuma Michiko (née en 1945) et Onagul Yōichi (né en 1931), ou dans celles de la Colombienne Olga de Amaral (née en 1932) et de l’Américaine Sheila Hicks (née en 1934), qui oriente ses recherches tant vers certaines traditions du Pérou, de la Perse et de l’Inde que vers le cinétisme des formes et des couleurs. Tout en utilisant des matériaux traditionnels, elle réalise des bas-reliefs où torsades, nœuds et couleurs créent d’étranges profondeurs.

Pour ces pionniers — qui associent au tissage traditionnel des procédés divers (broderie, passementerie géante, etc.) et qui privilégient l’emploi de matériaux hétérogènes —, la nouvelle tapisserie n’est plus seulement décoration murale, mais, par ses structures dépouillées ou au contraire très complexes, elle devient véritable animation de l’espace.

A. B.

➙ Beauvais / Gobelins (les) / Limousin.

 H. Göbel, Wandteppiche (Leipzig, 1923-1934 ; 6 vol.). / G. Janneau, Évolution de la tapisserie (Compagnie des arts photomécaniques, 1947). / R. A. d’Hulst, Tapisseries flamandes (l’Arcade, Bruxelles, 1963). / E. Spina-Barelli, L’Arazzo in Europa (Novare, 1963). / R. A. Weigert, la Tapisserie et le tapis en France (P. U. F., 1964). / Le Grand Livre de la tapisserie (Bibl. des arts, 1965). / M. Jarry, la Tapisserie des origines à nos jours (Hachette, 1968). / Principes d’analyse scientifique. Tapisserie (Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, 1971). / J. Coffinet, Arachné ou l’Art de la tapisserie (Bibl. des arts, 1972). / A. Kuenzi, la Nouvelle Tapisserie (Éd. de Bonvent, Genève, 1973).

taraudage

Opération d’usinage qui consiste à creuser une hélice, généralement de section triangulaire, quelquefois de section trapézoïdale, rectangulaire ou carrée, dans la face intérieure, cylindrique et de révolution, d’une pièce creuse, afin que l’on puisse y faire entrer une vis de même pas et dont le filet a même section.


Pour certaines applications très spéciales, comme les tubes destinés au forage de pétrole, le taraudage, ou mieux le filetage intérieur, peut se faire sur des faces intérieures légèrement coniques. L’opération est effectuée soit au tour (elle est alors parfois appelée filetage intérieur), soit à la main, en utilisant un outillage approprié, notamment un taraud, ou bien encore à l’aide d’une machine-outil appelée taraudeuse ou, mieux, machine à tarauder.


Taraudage à la main

Pour tarauder à la main, on utilise successivement trois outils analogues, légèrement différents dans leur forme extérieure, appelés respectivement taraud d’ébauche, taraud de semi-finition et taraud de finition. Tous trois se présentent sous forme d’une vis en acier rapide, légèrement conique à son extrémité avant et dont l’extrémité arrière, non filetée, est usinée en carré. Cette vis comporte trois rainures longitudinales, également espacées sur la circonférence de celle-ci et formant trois lèvres de coupe sur la face latérale du taraud. Ces rainures, appelées gorges ou goujures, sont le plus souvent droites, quelquefois en hélice. En tout point de ces lèvres de coupe, on retrouve les angles de dégagement et de tranchant présentés par tout outil de coupe. Suivant la matière à travailler, on utilise des tarauds dont les angles de dégagement sont différents. Afin d’assurer le guidage du taraud dans l’avant-trou, l’angle de dépouille est toujours nul. Il en résulte un frottement important de la face de dépouille de l’outil sur la pièce. De ce fait, il faut toujours lubrifier avec de l’huile et n’utiliser que des vitesses de coupe lentes.

• Le taraud d’ébauche est le plus effilé pour lui permettre d’entrer dans l’avant-trou et pour rendre progressif l’usinage de l’hélice. Son filet, triangulaire, est tronqué sur 2/3 environ de la hauteur de sa section.

• Le taraud de semi-finition est analogue au premier, mais moins effilé, et le filet n’est tronqué que sur le tiers de la hauteur de sa section.

• Le taraud de finition est très légèrement chanfreiné à son extrémité avant, et le filet n’est pas tronqué.