Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Australie (suite)

Vers l’union et la prospérité (1860-1900)


Libéraux et conservateurs

Les Constitutions des nouveaux États australiens, pour imiter l’exemple anglais, établissent partout deux chambres ; l’ancien conseil législatif, maintenu, joue un peu le rôle de chambre haute dans un Parlement où l’autre assemblée est élue, d’abord avec un cens beaucoup moins élevé, et vite au suffrage universel. Le conseil est en général tenu par les grands propriétaires-éleveurs, l’assemblée par les libéraux, élus par les fermiers, les commerçants, etc. : d’où une série d’obscures querelles constitutionnelles. Les libéraux réussissent dans l’ensemble à faire adopter leurs vues.

• 1860 : la construction des chemins de fer se développe. Le blé australien, facilement transporté, devient compétitif ; à la laine et aux produits miniers s’ajoute ainsi une troisième source de richesse, les céréales, que le Victoria et l’Australie-Méridionale exportent.

• 1865 : « Colonial Laws Validity Act » ; cette loi permet aux colonies d’établir une législation qui peut, si besoin est, contredire la loi anglaise.

• 1865 : « Grant Act » ; obtenu par les libéraux, il permet aux gens désireux de devenir fermiers de « sélectionner » une partie de la terre occupée jusque-là par les « squatters ». Un second « Grant Act », en 1869, donnera une très grande ampleur à cette politique.

• 1866 : le Victoria établit des tarifs douaniers protectionnistes ; on pense ainsi permettre la naissance d’une industrie locale. L’exemple est suivi partout, sauf dans la Nouvelle-Galles du Sud, longue à évoluer.

• 1870 : les garnisons anglaises quittent l’Australie, qui devra seule pourvoir à sa défense.

• 1870 : le Queensland proclame la laïcité de l’enseignement. Il est bientôt suivi par les autres États.

• 1880 : il y a alors 2 300 000 habitants en Australie. L’immigration décline.


Fédération et Labour

La période 1880-1900 est marquée par un brillant essor économique, entrecoupé de crises. On peut parler d’un véritable « boom » de l’élevage ovin, tandis que l’agriculture se diversifie (vergers ; vin ; viande, grâce à l’apparition des transports par cargos frigorifiques), et que l’argent s’ajoute à l’or et au cuivre parmi les ressources minières. Il est vrai que cet essor est obtenu grâce à des emprunts massifs de capitaux anglais, et repose sur des bases financières malsaines (énorme endettement).

• 1883 : découverte des mines d’argent de Broken Hill.

• 1884 : première tentative de formation d’un conseil fédéral, qui échoue.

• 1890 : les entreprises coloniales françaises (Nouvelle-Calédonie) et allemandes (Nouvelle-Guinée) provoquent en Australie un vaste mouvement d’opinion en faveur de l’union (ne serait-ce que dans un but défensif) ; le projet de Henry Parkes est accepté par les États.

• 1890 : les trade-unions (qui ont tenu leur premier congrès intercolonial en 1879) lancent une grève des marins et des dockers. La « grève maritime » paralyse le continent : c’est une véritable épreuve de force.

• 1891 : les grèves se multiplient. Mais l’effort des trade-unions pour rendre l’affiliation à un syndicat obligatoire aboutit à un échec. Une sévère réaction (« Peace Preservation Act ») s’ensuit, qui désorganise les syndicats : leurs membres reportent leurs espoirs dans le domaine politique. Dans toutes les colonies apparaissent des Labour Parties, qui s’associent souvent aux libéraux (coalitions « Lib-Lab ») pour combattre les éléments conservateurs des conseils législatifs. — La première convention fédérale se réunit. Elle désigne aussitôt un comité chargé d’établir un projet de Constitution fédérale.

• 1892-1896 : une grave crise économique s’abat sur l’Australie ; elle fait passer au second plan toutes les préoccupations fédérales.

• 1897 : réouverture de la convention fédérale. Grâce à des hommes comme Alfred Deakin, Charles C. Kingston, sir John Forrest et Edmund Barton, la cause fédérale est entendue. Un référendum est décidé.

• 1898 : premier référendum.

• 1899 : deuxième référendum ; 43 p. 100 des électeurs ont voté : la fédération est acceptée, mais on ne saurait parler d’enthousiasme !

• 1900 : l’Australie-Occidentale se joint à la fédération. La même année, la population australienne est évaluée à 3 800 000 habitants.


Affirmation et succès du « Commonwealth » (1900-1930)


La politique de « New Protection » (1901-1910)

En un sens, il ne s’agit que d’une politique de tarifs douaniers et fiscaux, qui frappe les produits étrangers et favorise les produits australiens ; mais, pour que ceux-ci puissent profiter de ces avantages, il faut que leurs fabricants garantissent à leurs ouvriers des conditions de travail et de salaire décentes. C’est la Haute Cour fédérale qui est d’ailleurs arbitre des contestations qui pourraient s’élever sur ce point. En un sens large, la politique de « New Protection » est en réalité un vaste programme, où l’on réclame pour l’Australie une race blanche sans mélange, l’accès de tous à l’éducation, la garantie d’un revenu minimal suffisant. Sur cette base se fait à peu près l’accord entre les libéraux, qui n’acceptent cette politique avancée que pour mieux résister à la poussée du Labour, lequel s’est séparé d’eux et réorganisé.

• 1er janvier 1901 : le « Commonwealth of Australia » est officiellement proclamé.

• 1901 : une sécheresse effroyable détruit les deux tiers des bovins du Queensland, la moitié des ovins de la Nouvelle-Galles du Sud. Un certain marasme en résulte, qui ne sera résorbé que vers 1910.

• 1907 : création d’une marine de guerre moderne.

• 1908 : la politique de « New Protection » disparaît, en raison des difficultés d’arbitrage que rencontre la Haute Cour.


Le Labour au pouvoir (1910-1920)

Dès 1908, la méfiance du Labour à l’égard des libéraux s’est changée en hostilité. En 1910, le Labour prend le contrôle du gouvernement fédéral.

• 1911 : création de la Commonwealth Bank.

• 1914 : l’Australie s’engage dans la guerre.

• 1915 : William Morris Hughes, Premier ministre.

• 1915 : les Australiens, avec les Néo-Zélandais (ils forment l’Anzac), font partie de l’expédition des Dardanelles.

• 1916 : les troupes australiennes participent à la bataille de la Somme. Mais Hughes est convaincu que l’envoi de volontaires ne suffit plus, et il veut faire adopter le service militaire obligatoire pour tous. Son propre parti s’y oppose : là sont les germes de la crise politique qui va se déclencher dès la paix.

• 1917 : les Australiens sont engagés dans les batailles d’Ypres et de Hamel.

• 1918 : sous la direction de John Monash, dont les conceptions stratégiques sont très appréciées, les Australiens participent à la bataille d’Amiens. L’Australie a en tout et pour tout engagé dans la lutte 330 000 volontaires, dont 60 000 ont été tués et 150 000 blessés.