Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tanzanie (suite)

Le régime fut refondu entre 1965 et 1967 dans le sens d’un présidentialisme appuyé sur la TANU, parti démocratique unique (1965), et de la définition d’un « socialisme africain » original. La déclaration d’Arusha de 1967 met l’accent sur l’austérité, sur l’indépendance économique, sur les nationalisations mais aussi sur l’esprit coopératif (self reliance), sur le développement rural (villages ujamaa). La Tanzanie a poursuivi une politique d’aide active aux mouvements de libération de l’Afrique australe (FRELIMO par exemple) et elle construit un chemin de fer vers le Copper Belt zambien (le Tanzam) avec l’aide de la Chine, tout en bénéficiant d’autres concours occidentaux. L’année 1972 a de nouveau été difficile : assassinat du cheikh Abeid Amani Karume, vice-président de Zanzibar et leader du Parti Afro-Shirazi (allié à la TANU) ; conflit frontalier avec l’Ouganda du général Amin. En février 1977, un nouveau parti unique est créé, le Chama Cha Mapinduzi, ou Rassemblement de la révolution. L’effort de développement équilibré se traduit par le projet de déplacement de la capitale de Dar es-Salaam à Dodoma, prévu pour 1980.

J. P. C.

 K. Ingham, A History of East Africa (Londres, 1962 ; nouv. éd., 1965). / A. J. Hugues, East Africa (Harmondsworth, 1963 ; nouv. éd., 1969). / A. M. O’Connor, An Economic Geography of East Africa (Londres, 1966). / R. Battistini, Géographie de l’Afrique orientale : Kenya, Uganda et Tanzanie (C. D. U., 1969). / I. N. Kimambo et A. J. Temu (sous la dir. de), A History of Tanzania (Nairobi, 1969). / S. Urfer, Ujamaa. Espoir du socialisme africain : le modèle de la Tanzanie (Aubier, 1971). / C. Horrut, les Décolonisations est-africaines (Pedone, 1971).

taoïsme

Terme sous lequel on désigne tout à la fois une école philosophique (daojia [tao-kia]) et une religion (daojiao [tao-kiao]).



L’école taoïste


Les premiers taoïstes

C’est au vie s. av. J.-C. qu’apparaissent les premiers penseurs de tendance taoïste. L’effondrement du régime féodal de la dynastie des Zhou (Tcheou), les guerres continuelles entre les États, les grands changements sociaux incitent les esprits à réfléchir. On cherche à résoudre les problèmes politiques et économiques de l’époque ; on s’interroge sur les problèmes fondamentaux de la vie. Tandis que les confucianistes, les mohistes et les légistes proposent des doctrines positives pour réformer et réorganiser la société (v. Chine [la philosophie chinoise]), les taoïstes considèrent que ces efforts ne font qu’aggraver les malheurs des hommes. Des ermites se retirent du monde et leur pensée s’érige peu à peu en doctrine. Le plus connu de ces ermites est certainement Yang Zhu (Yang Tchou ou Yangzi [Yang-tseu]), qui vécut au ive s. av. J.-C. Plusieurs classiques rapportent sa phrase célèbre : « Même s’il pouvait être utile au monde entier que j’arrache un seul de mes cheveux, je ne le ferais pas. » On peut en déduire une idée essentielle commune à tous les taoïstes, qu’il s’agisse de la philosophie ou de la religion : « attacher le plus grand prix à la vie personnelle ».


Laozi (Lao-tseu)

Par « Laozi » (Lao-tseu), on désigne aussi bien le livre que son auteur. Le livre est également connu sous le titre de Daodejing (Tao-tö-king [Livre sacré du dao (tao) et de la vertu]). Le style en est imagé, concis et prête à des interprétations diverses. C’est l’ouvrage le plus souvent traduit de la littérature extrême-orientale.

Confucius (v. 551 - v. 479 av. J.-C.) ayant rencontré un certain Laozi, plus âgé que lui (Laozi est simplement un surnom dont le sens est « vieux maître »), et lui ayant posé des questions au sujet des rites, on fut amené à penser qu’il s’agissait de l’auteur du livre.

D’après les Mémoires historiques de Sima Qian (Sseu-ma Ts’ien, v. 145 - v. 86 av. J.-C.), le nom véritable de l’auteur serait Li Er (Li Eul) ou Li Dan (Li Tan), et il aurait été originaire du pays de Chu (Tch’ou). Mais Sima Qian mentionne encore deux personnages que l’on identifie également à Laozi, puis il ajoute : « Personne ne saurait dire si tout cela est vrai ou non, Laozi est un sage caché. » Des études récentes donnent à penser que la date du livre se situe à une époque postérieure à celle de Confucius. Il aurait été composé, augmenté, remanié par différentes mains au temps des Royaumes combattants (453-221 av. J.-C.).

• La dé-définition de l’homme. Pour Laozi, l’homme existe, indéfinissable, dans son immédiateté, dans sa totalité, et l’analyse de notre pensée discursive ne saurait en dégager l’essence. Toute tentative de définir l’homme, de former l’homme d’une certaine manière est une violation de son vrai être. La beauté et la laideur, le bien et le mal sont relatifs et arbitraires. Par ailleurs, savoir que le bien est bien et faire le bien parce que c’est un bien, c’est déjà le mal. En dé-définissant l’homme, en rejetant tout critère de conduite, Lao-tseu veut libérer l’homme réel du monde des valeurs artificielles et le replacer dans le monde originel du dao.

• Le dao. L’innommable. Le sens propre du mot dao (tao) est « chemin », « voie ». Dans la philosophie chinoise, le terme prend le sens de « principe suprême » ou de « puissance suprême ». Il est généralement employé par tous les philosophes chinois, à quelque école qu’ils appartiennent. Mais, dans le taoïsme, le dao (tao) est une notion fondamentale, d’où le nom donné à cette école.

Chez Laozi, le dao désigne le principe cosmique et la force qui engendrent l’univers. Il est l’être pur et n’a pas d’attribut spécifique. Il est impossible au langage de le définir. Par rapport à notre monde de détermination, il est « n’étant pas (déterminé) » ou le « néant » (wu [wou]). Cet être pur est une existence sans essence.

• Le non-agir. Le dao est l’être pur, il crée les dix mille choses du monde, et cet acte est un acte pur. Laozi nomme le dao le néant (wu) et l’acte de la création du dao le non-agir (wuwei). Pas plus que wu n’est absence d’existence, wuwei ne désigne l’absence d’action.

« Le dao reste dans l’état de non-agir et il n’est rien qu’il ne fasse. » Le dao rend l’universelle spontanéité possible, il ne fait rien et cependant il n’y a rien qui ne soit fait.

« Les souverains doivent se modeler sur le dao. » Pour bien gouverner leur peuple, ils doivent se garder d’intervenir dans le cours des choses. Ils laissent alors à chaque être la possibilité de se développer selon sa nature. Comme l’action du saint se situe sur un autre plan que ce qu’on appelle ordinairement l’action, la vraie vertu ne peut se comparer avec la vertu ordinaire.