Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Tanzanie (suite)

La principale culture d’exportation est celle du sisal, dont la Tanzanie est le premier producteur mondial (200 000 t) ; le sisal est cultivé en vastes plantations dans la région littorale, surtout autour de Tanga, et le long de la voie ferrée de Dar es-Salaam à Morogoro. Le coton est produit par les petits paysans surtout dans le Sukumaland, dans la région du lac Victoria (80 000 t). Le café (variété arabica) provient des hautes terres du Kilimandjaro, du Meru et du Rungwe (54 000 t). Il faut citer aussi la canne à sucre (90 000 t de sucre), le tabac (11 500 t), la noix de cajou provenant de la région côtière méridionale (110 000 t) et le clou de girofle, dont Zanzibar et Pemba sont les premiers producteurs mondiaux.

Le cheptel bovin est estimé à 13 millions de têtes, les ovins à 3 millions de têtes, les caprins à 4 500 000 têtes. Il s’agit d’un élevage sentimental de faible rapport économique, mais qui fait toutefois de la Tanzanie un important exportateur de peaux.

Comme autres ressources, il faut signaler l’exploitation des forêts, la pêche sur les 51 800 km2 de lacs et le long des 900 km du littoral marin (200 000 t).

Les ressources minières sont le diamant, exploité dans le Sukumaland (708 000 carats en 1969), l’or (250 kg), l’étain, provenant de la région frontalière avec l’Ouganda, le mica (86 000 t) et le sel (42 000 t). Il existe des réserves inexploitées de fer et de charbon dans la région du lac Malawi.

La principale centrale hydro-électrique de la Tanzanie est celle de la Pangani River, près de Tanga.

La principale région industrielle est celle de Dar es-Salaam : brasserie, manufactures de cigarettes, chaussures, vêtements, conserverie de viande, petite métallurgie et ateliers de réparation, cimenterie, raffinerie de pétrole.

Le tourisme a intéressé, en 1967, 90 000 étrangers, venus surtout visiter les réserves d’animaux, dont les deux plus étendues sont le Selous, au sud-ouest de Dar es-Salaam, et le Serengeti dans le Nord.

Une voie ferrée, construite au début du siècle, traverse tout le pays d’est en ouest et relie Dar es-Salaam à Mwanza sur le lac Victoria et à Kigoma sur le lac Tanganyika. Dar es-Salaam est reliée à Tanga, et Tanga à Moshi et Arusha dans la région du Kilimandjaro. Le réseau tanzanien est relié au réseau kenyan. Enfin, avec l’aide technique et financière de la République populaire de Chine, le chemin de fer « Tanzam », devant relier Dar es-Salaam à Lusaka en Zambie, est en cours de réalisation ; 800 km sont déjà réalisés en territoire tanzanien. Le « Tanzam » doit permettre à la Zambie d’avoir un débouché sur la mer autre que Beira, qui nécessitait le transit à travers la Rhodésie.

Le commerce extérieur se fait pour un quart avec la Grande-Bretagne, les autres partenaires importants étant les autres pays de la C. E. E., les États-Unis et le Japon. Les principaux produits exportés sont le café et le coton, puis les diamants, le sisal, les clous de girofle, les noix de cajou. Aux importations dominent les produits manufacturés (des machines et du matériel de transport), alimentaires et pétroliers.

R. B.


L’histoire

La gorge d’Olduvai (ou Oldoway) est un des sites préhistoriques les plus riches d’Afrique : le Zinjanthrope découvert en 1959 représente une sorte d’Australopithèque vieux de près de deux millions d’années. D’autres sites permettent de suivre l’évolution des techniques de la pierre taillée jusqu’aux chasseurs-collecteurs du Paléolithique récent (il y a plus de 10 000 ans), qui étaient sans doute des Proto-Bochimans. Différentes vagues de peuplement se sont ensuite succédé jusqu’au xviiie s. Elles firent de la Tanzanie un véritable musée des langues africaines : des groupes résiduels ont en effet gardé la trace de cette histoire, notamment dans la région de la Rift Valley. L’élevage et l’agriculture firent leur apparition il y a plus de 3 000 ans (culture néolithique de tradition couchitique). La métallurgie du fer se diffusa, avec certains types de poteries (dimple based), dès le début de notre ère à partir de différents foyers (haut Nil, océan Indien, bassin du Congo ?). L’arrivée de populations de langues bantoues au cours du Ier millénaire joua un rôle décisif : expansion de l’agriculture et de la métallurgie, assimilation culturelle de la plupart des peuples anciens. Cela coïncida avec les contacts établis avec l’Asie par des navigateurs malais et en particulier avec la diffusion du bananier. Puis trois vagues de peuple de langues nilotiques arrivèrent du nord, à l’est du lac Victoria : Nilotes des montagnes vers 1000 (Tatogas), Nilotes des plaines aux xviie-xviiie s. (Masais*), Nilotes lacustres au début du xixe s. (Luos). La complexité de cette mosaïque ethnique a favorisé paradoxalement l’unité tanzanienne dans la mesure où aucun groupe « tribal » n’a pu s’imposer.

Le passé de la région littorale est le mieux connu. À partir du xiie s., on voit se développer sous l’influence de colons arabes et persans une série de cités marchandes. La plus puissante aux xiiie et xive s. est Kilwa : elle contrôle le commerce de l’or de Sofala (au Mozambique actuel). Zanzibar se développe surtout à partir du xve s. À l’ombre des palais et des mosquées, une population bantoue (appelée Zendj par les Arabes) crée une civilisation originale de langue swahili. Des échanges réguliers sont noués entre l’Afrique (or, ivoire) et l’Asie (tissus, perles, porcelaines de Chine). L’expédition de Vasco de Gama ouvre en 1498 une période de domination portugaise qui va durer deux siècles. Une garnison est établie au xvie s. à Kilwa, une révolte est écrasée à Zanzibar au xviie s., les échanges avec l’intérieur périclitent. Au xviie s., les sultans d’Oman menacent à leur tour la puissance portugaise (chute de Mombasa en 1698).

En 1752, les Portugais renoncent au littoral situé au nord du cap Delgado, c’est-à-dire à la côte tanzanienne actuelle. Après avoir surmonté leurs dissensions internes, les Omanis renforcent leur autorité au début du xixe s. Le sultan Seyyid Saïd (ou Sa‘īd ibn Sulṭān) s’intéresse de près à la côte africaine et finit par s’installer à Zanzibar en 1832. Son État est reconnu par la Grande-Bretagne dès 1822. La culture du giroflier et le commerce de l’ivoire en sont les deux grandes ressources. Les ports du continent, comme Tanga, Begamoyo, Lindi, s’animent en relation avec les caravanes qui partent vers les Grands Lacs dès les années 1820. Cette activité est soutenue par des financiers indiens et par des négociants occidentaux représentés par des consulats (actifs). Mais le caractère esclavagiste de l’économie (portage, main-d’œuvre agricole) est de plus en plus critiqué.