Tanis (suite)
On a trouvé à Tanis de nombreux blocs de l’Ancien Empire (IVe-VIe dynastie), des statues royales des XIIe et XIIIe dynasties, dont certaines surchargées à l’époque hyksos, et surtout beaucoup de pièces au nom de Ramsès II* : colosses, obélisques, colonnes, éléments architecturaux divers. Cependant, aucun de ces documents n’était en place ; les plus anciens vestiges in situ sont des bases au nom de Siamon (XXIe dynastie). On doit donc raisonnablement penser que les blocs antérieurs sont des blocs de remploi, provenant soit de Memphis* ou de Héliopolis, soit de la résidence ramesside du Delta, Pi-Ramses (« la maison de Ramsès grand de victoires »), que l’on localise près de Qantir.
Les traces des constructions des rois de la XXIe dynastie sont nombreuses ; leur culte s’adresse à la triade amonienne : Amon maître du grand temple, Mout (dont le temple a été désigné comme « temple d’Anta » d’après une statue de Ramsès II retrouvée là) et Khonsou (dont on a recueilli une très belle statue en babouin). Psousennès (v. 1050 - v. 1010 av. J.-C.), le beau-père de Salomon, élève de larges remparts de briques crues, marquées de son cartouche. Sous les rois libyens, Chéchanq Ier (ou Sheshanq, 950-929), conquérant de Jérusalem, et Osorkon II (870-847), les fondations religieuses sont prospères. Après peut-être une période de déclin due à la montée de Saïs, Tanis connaît encore des consécrations à l’époque lagide ; elle demeure alors le chef-lieu du XIVe nome de Basse-Égypte.
Si Tanis pose encore aux archéologues nombre d’énigmes, les fouilles énergiques de P. Montet ont amené la découverte sensationnelle d’une nécropole royale, installée dans l’angle nord-est de l’enceinte du temple. Les principaux caveaux sont ceux de Psousennès, Osorkon II, Chéchanq III. Ces pharaons ont été retrouvés dans leurs sarcophages de métaux précieux, aux masques finement ouvragés ; un riche matériel funéraire a été recueilli : statuettes, vases et bijoux (colliers, bracelets, pectoraux) [musée du Caire]. Dans la tombe de Psousennès, on a découvert aussi le cercueil d’argent du roi Hekakheperrê-Chéchanq ; dans une chambre maçonnée se trouvait la sépulture intacte du général Oundebaouended.
La mission P. Montet a également mis au jour plusieurs autres temples et les reste du lac Sacré, dont les parois étaient construites de blocs de remploi. Dans la plaine mélancolique souvent battue de grands vents (c’est la région de Seth, le dieu des déchaînements), le vaste tell abandonné de Tanis évoque la gloire d’une cité royale contre laquelle ont retenti à maintes reprises les imprécations de la Bible ; de beaux vestiges de statuaire et de relief ramessides y attendent encore le visiteur.
J. L.
P. Montet, G. Goyon et A. Lezine, la Nécropole royale de Tanis (l’auteur, Paris, 1947-1960 ; 3 vol.) ; les Énigmes de Tanis (Payot, 1952).