Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

taifas (les royaumes de) (suite)

Au début de son règne, Ferdinand Ier, roi de Castille et de León, n’inquiète pas les souverains andalous ; ceux-ci le considèrent comme un arbitre ou comme un protecteur, dans leurs innombrables conflits ; certains d’entre eux, les princes de Badajoz, de Saragosse, de Tolède et de Séville, acceptent même de lui payer un tribut. La menace se précise lorsque, en 1064, les troupes de Ferdinand occupent Coimbra et une partie du royaume de Valence. Alphonse VI, successeur de Ferdinand, aggrave encore la pression sur les principautés andalouses, en faisant de nouvelles incursions et en imposant le paiement de nouveaux tributs ; ses armées s’emparent de Tolède, en 1085, et assiègent Saragosse.

Les rois de Grenade, Séville, et Badajoz se tournent alors vers Yūsuf ibn Tāchfīn, le souverain almoravide du Maghreb. Celui-ci accepte d’aider les royaumes de taifas ; les troupes maghrébines, jointes à celles des princes andalous, battent les armées d’Alphonse VI, le 23 octobre 1086, à Zalaca (al-Zallāqa). Victoire incomplète ; Yūsuf, salué comme « prince des croyants » par les Andalous, regagne, en effet, le Maghreb sans avoir ébranlé la puissance du roi castillan ; les chrétiens gardent, par exemple, la forteresse d’Aledo, d’où ils menacent Murcie, Lorca, etc. Al-Mu‘tamid, roi de Séville, aidé par des soldats de Yūsuf, ne parvient pas à reprendre la citadelle. Le souverain almoravide, sollicité une seconde fois par les roitelets andalous, débarque de nouveau en Espagne, en 1090. Il y restera ; Aledo, épuisé par un long siège, est abandonné par Alphonse VI, qui se replie à l’annonce de la présence du souverain almoravide. Celui-ci décide alors de s’emparer de l’Andalousie ; de 1090 à 1110, les dynastes andalous sont détrônés, et leurs terres occupées par les Almoravides. Grenade tombe en premier ; puis Cordoue (mars 1091), Séville (sept.), Badajoz succombent aux assauts des armées berbères. Valence, où le Cid a détrôné l’émir musulman, résiste de 1094 à 1102 ; mais doña Jimena, femme du Cid († 1099), abandonne la ville. Enfin Saragosse se donne, en 1110, à ‘Alī, fils et successeur de Yūsuf. L’Andalousie entre dans l’empire des Almoravides.

J. Y. M.

➙ ‘Abbādides / Almoravides / Andalousie / Espagne / Grenade / Reconquista (la) / Saragosse / Séville / Zīrides.

Taine (Hippolyte)

Écrivain français (Vouziers 1828 - Paris 1893).


Une vie pleine de dignité et entièrement consacrée à l’étude ; une œuvre abondante qui touche à tous les domaines de l’esprit ; une extraordinaire influence sur son temps. Monsieur Taine est un des phares qui ont éclairé le xixe s. Pourtant, aujourd’hui, cet homme de raison et de labeur est singulièrement méconnu. On l’admire de confiance, mais on ne le connaît plus guère.

Sans doute sait-on qu’il fut à l’École normale le plus brillant élève d’une promotion fameuse, celle de 1848. On sait aussi que la hardiesse de ses idées le fit échouer à l’agrégation de philosophie et que, dès lors, toute son existence fut tournée vers la méditation et jalonnée de grands livres. On cite volontiers La Fontaine et ses fables (1860), dont l’origine date d’une thèse de doctorat de 1853 ; on n’oublie peut-être pas certaines pages des Essais de critique et d’histoire (1858), notamment celles, puissantes, qui concernent Stendhal, mais également Balzac, Michelet. On se souvient encore qu’il y a de beaux textes dans ses Origines de la France contemporaine (1875-1893). Pour le reste, Monsieur Taine est prisonnier du système qu’il a mis sur pied : la célèbre trinité race, milieu, moment, exposée dans son Histoire de la littérature anglaise (1863) ; l’œuvre d’art naîtrait de la façon dont la « faculté maîtresse » de l’écrivain réagit à ces trois influences. Ajoutons que les Origines sont suspectes aux yeux de beaucoup d’historiens contemporains : comment cet homme de cabinet, cet esprit avancé a-t-il pu ainsi critiquer la Révolution ?

De là un étrange malentendu : les critiques font l’éloge de l’historien, les historiens exaltent le critique. Mais les uns et les autres ne reconnaissent guère d’autorité à Taine dans leur domaine. C’est oublier que Taine n’a jamais voulu totalement expliquer la naissance du génie au prix d’une méthode (méthode que d’ailleurs la critique contemporaine ne récuse pas lorsqu’elle se penche sur le « contexte socioculturel »...). Quant à Taine historien, ses partis pris l’ont peut-être desservi. Mais le moyen d’être grand, s’il n’y a pas de passion, de flamme intérieure ? Il reste qu’il faut lire, ou relire, Taine : sa langue est admirable, sa prose robuste a de l’éclat. Le savoureux observateur de la vie parisienne qu’il est dans Vie et opinions de Thomas Graindorge (1867) ne le cède en rien au poète de la Philosophie de l’art (1882).

A. M.-B.

 V. Giraud, Taine (Picard, 1902). / A. Aulard, Taine, historien de la Révolution française (A. Colin, 1907). / A. Chevrillon, Taine, formation de sa pensée (Plon, 1932) ; Portrait de Taine (Fayard, 1958). / K. de Schaepdryver, Hippolyte Taine (Droz, Genève, 1938). / F. Melin, les Idées politiques de Taine (thèse, Montpellier, 1952). / R. Wellek, A History of Modern Criticism, t. V : The Later Nineteenth Century (New Haven, Connect., 1965).

T’ai-wan

En pinyin Taiwan, État insulaire de l’Asie extrême-orientale. Capit. T’ai-pei (Taibei).



Géographie

L’île de Taiwan, ou de Formose (du portugais Ilha Formosa, c’est-à-dire « Belle Île »), couvrant 36 000 km2, séparée du continent chinois par un détroit de 150 km de large (d’ailleurs peu profond, 70 m), située à mi-distance des Philippines et de l’archipel japonais d’Okinawa, est le siège de la république de Chine, cependant que la République populaire de Chine la considère comme sa vingt-deuxième province.