Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Tagore (Rabindranāth) (suite)

On a souvent fait état des divergences qui ont surgi entre Gāndhī, chef nationaliste, et Tagore, ennemi du nationalisme. Le poète semble en effet avoir été déchiré entre sa conception idéaliste, sa vision d’un humanisme universel et la nécessité pour l’Inde de se libérer de la domination britannique. D’accord sur le principe, il ne l’était pas sur les moyens et désavouait les tendances à la violence de la fraction radicale du parti du Congrès. L’universalisme des cultures, qu’il prêchait avec tant de conviction, était sans doute un peu trop en avance sur l’heure du monde.

N. B.

 E. J. Thompson, Rabindranāth Tagore. His Life and Works (Calcutta, 1921 ; 2e éd., Londres, 1928) ; Rabindranāth Tagore, Poet and Dramatist (Londres, 1926 ; 2e éd., 1948). / S. C. Mitter, la Pensée de Rabindranath Tagore (A. Maisonneuve, 1930). / O. Aslan, Rabindranath Tagore (Seghers, 1961). / A. C. Chakravarty (sous la dir. de), A Tagore Reader (New York, 1961 ; 2e éd., 1966).

Jalons biographiques

1861

Rabindranāth Tagore naît à Calcutta dans une famille brahmane.

1875

Mort de sa mère. Il est recueilli par son frère aîné, auteur et musicien.

1878

Publie un récit en vers dans la revue Bhāratī.

1878-1880

Séjour en Angleterre, à Brighton, puis à Londres.

1881

Compose un drame musical, Vālmiki-prtibhā, et va habiter à Chandernagor.

1883

Mariage avec Mrinalini Devi.

1890

Voyages à travers l’Inde et second voyage en Angleterre.

1894-1900

Période de grande fécondité littéraire.

1901

Fonde l’école de Śantiniketan, près de Bolpur (Bengale).

1902-1907

Perd successivement sa femme, sa fille et plusieurs personnes de sa famille.

1905

Partition du Bengale, contre laquelle proteste Tagore par des discours et chants patriotiques.

1912

Voyage en Angleterre et aux États-Unis.

1913

Reçoit le prix Nobel.

1915

Première rencontre avec Gāndhī. On critique ses discours antinationalistes. Tagore est créé chevalier (knight).

1916

Voyage au Japon.

1919

Mort de sa fille aînée. Massacre d’Amritsar. Il renonce à son titre de chevalier dans une lettre au vice-roi.

1920-21

Voyages aux États-Unis, en Angleterre et sur le continent, en particulier à Paris et à Prague, où il rencontre des indianistes.

1922

Création d’un centre de reconstruction rurale à Śriniketan, près de Śantiniketan.

1924

Voyages en Malaisie, en Chine, au Japon et au Pérou.

1926

Nouveaux voyages dans les pays du continent européen.

1927

Voyages en Asie du Sud-Est.

1928

Tagore commence à dessiner et à peindre.

1929

Voyages au Canada, aux États-Unis, au Japon.

1930

Voyages en Inde de l’Ouest, à Londres, sur le continent européen, en Russie et aux États-Unis.

1932

Il soutient Gāndhī dans son jeûne pour protester contre la politique de division entre hindous et musulmans.

1940

Tagore tombe gravement malade.

1941

Il meurt à Śantiniketan, le 7 août, à l’âge de quatre-vingts ans.

Tahiti

La plus grande et la plus peuplée des îles formant la Polynésie* française ; 1 042 km2 ; 74 600 hab. (plus 6 600 « comptés à part » qui sont des militaires et des civils venus temporairement pour le Centre d’expérimentation du Pacifique).


La population de l’île augmente très vite par suite d’un croît naturel annuel très élevé (3,5 p. 100) et d’un afflux d’insulaires en provenance des autres archipels de la Polynésie française. Les Tahitiens sont des Polynésiens, souvent très métissés d’Européens ou de Chinois. Les « Demis », propriétaires de la plupart des terres, jouent un rôle important dans la vie tahitienne.

Toute la population est concentrée sur la côte, et l’intérieur est désert. Cela est dû au caractère très montagneux de l’île. Sa forme est liée à son origine : un isthme étroit (Taravao) réunit l’un à l’autre deux anciens volcans. Ces édifices volcaniques ont été profondément disséqués par l’érosion, les sommets se réduisent souvent à des crêtes en lame de couteau ou à des pics déchiquetés, tels l’Orohena (2 237 m) et l’Aorai.

Sauf sur certains points de la côte orientale, l’île est entourée par un récif-barrière de coraux, qui protège un lagon assez étroit. Entre ce lagon et le rebord de la montagne, une petite plaine côtière a pu se développer et c’est là que vit toute la population tahitienne.

Le climat est réputé : les températures sont élevées (moyenne de 26 °C avec une très faible amplitude annuelle de 2 °C), mais le souffle de l’alizé et les brises côtières rendent la chaleur très supportable. Les précipitations sont abondantes (1 900 mm à Papeete) ; elles tombent le plus souvent sous forme de grosses averses assez courtes. La côte ouest, « sous le vent », où se trouve Papeete, est d’ailleurs nettement plus ensoleillée que la côte est, située face à l’alizé.

La plaine littorale est en grande partie couverte de plantations de cocotiers. Les arbres, bagués pour empêcher les rats d’atteindre les noix, sont plus ou moins bien entretenus et la production de coprah est en déclin. Il en est de même des cultures traditionnelles du taro, de l’arbre à pain, de la banane, du manguier. La vanille, qui a connu jadis une grande prospérité, a presque disparu. Quelques Tahitiens pénètrent dans la montagne pour aller y chercher de savoureuses oranges sauvages. Un faible élevage du gros bétail se pratique sous les cocotiers et sur le plateau frais et humide de Pueu. Les cases, pour la plupart en bois avec toit en tôle ondulée ou quelquefois encore en feuilles de cocotiers ou de pandanus, se cachent au milieu des arbres ou des buissons fleuris ; les villages s’étirent le long de la route côtière.

La plus grande partie de la population de l’île se groupe dans l’agglomération de Papeete (66 000 hab.). Jusqu’à ces dernières années, la ville, qui est la capitale du territoire d’outre-mer de la Polynésie française, avait gardé un charme désuet de petite bourgade tropicale, avec des bâtiments administratifs vieillots, les boutiques en bois des Chinois, un port de goélettes où l’arrivée d’un paquebot ou d’un navire de guerre donnait lieu à de grandes réjouissances. Les transformations récentes sont liées d’abord à la construction de l’aéroport de Faaa, capable d’accueillir les grands avions à réaction (1961) : U. T. A. assure des liaisons rapides avec la France par Los Angeles (en liaison avec Air France) ou par l’Extrême-Orient et la Nouvelle-Calédonie. La capacité hôtelière de Tahiti est de 750 chambres et bungalows (plus 360 dans l’île voisine de Moorea). L’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (1964) et l’afflux de milliers de techniciens européens civils et militaires ont également bouleversé la vie locale.