Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

syndicalisme (suite)

(Épinay-sur-Seine 1931). Technicien chimiste, il est très vile militant syndical. En 1958, il devient permanent à la section parisienne des travailleurs des industries chimiques de la C. F. T. C. Secrétaire général, en 1964, de la Fédération C. F. T. C. des industries chimiques, il est l’un des plus chauds partisans de la laïcisation de la Confédération. En 1967, il entre au bureau confédéral de la C. F. D. T. ; lors du congrès d’Issy-les-Moulineaux en mai 1970, il livre et commente un document capital, qui définit une véritable stratégie de lutte des classes en vue d’une transformation radicale de la société par l’autogestion, la propriété sociale des moyens de production et la planification démocratique. En 1971, E. Maire succède à E. Descamps comme secrétaire général de la C. F. D. T.


André Malterre

(Corbeil 1909 - Cannes 1975). Docteur en droit, diplômé des sciences politiques et de l’École des hautes études commerciales, il devient en 1941 directeur des services administratifs et juridiques d’une grande société de papeteries, société dont il est, depuis 1966, conseiller économique. Fondateur et président, en 1947, du Syndicat du papier (C. G. C.), il devient secrétaire général (1950), puis président (1956) de la Confédération générale des cadres (C. G. C.) ; il démissionne quelques jours avant sa mort inopinée. Secrétaire général (1951), président d’honneur (1960), puis président (1969-1972) de la Confédération internationale des cadres, il fut aussi membre du Conseil économique et social.


Pierre Monatte

(Monlet, Haute-Loire, 1881 - Vanves 1960). Fils d’un maréchal-ferrant, il fait des études secondaires au collège de Brioude. Correcteur d’imprimerie (1904), il adhère au Syndicat des correcteurs. Influencé par l’anarchisme, il entre au Comité fédéral des Bourses du travail et devient l’un des espoirs du syndicalisme révolutionnaire. En août 1907, au congrès anarchiste d’Amsterdam, il défend les thèses syndicalistes ; deux ans plus tard, il fonde la revue la Vie ouvrière. Son opposition à la guerre (1914) fait de lui un militant connu ; de 1919 à 1922, il est l’un des principaux adversaires de L. Jouhaux. Il rejoint le P. C., mais en est exclu en 1924 et fonde en 1925 la revue Révolution prolétarienne pour défendre le syndicalisme révolutionnaire.


Fernand Pelloutier

(Paris 1868 - Sèvres 1901). D’une famille non conformiste, il rompt vite avec l’Église après avoir passé plusieurs années au petit séminaire de Guérande, entre en relation à Saint-Nazaire avec Aristide Briand, et anime avec lui des campagnes de presse dans la Démocratie de l’Ouest, dont Briand est rédacteur en chef. Un moment gagné au guesdisme, il entre en contact, à Paris, avec les milieux anarchistes et fait sienne l’idée de grève générale. Secrétaire de la Fédération des Bourses du travail en 1895, F. Pelloutier lance (1897) une revue d’économie sociale, l’Ouvrier des deux mondes, et rédige une Histoire des Bourses du travail (qui paraîtra en 1902), où il définit sa conception de l’action syndicale, hors de toute influence politique, mais fondée sur l’unité fédérative des forces ouvrières et sur une « éducation morale » administrative et technique « nécessaire pour rendre viable une société d’hommes frères et libres ».


Joseph Sauty

(Amenés, Pas-de-Calais, 1906 - Lille 1970). Il commence à travailler à la mine à l’âge de treize ans. Secrétaire de la Fédération des mineurs de la C. F. T. C. en 1937, il joue un rôle capital lors des grèves de 1947 et de 1963. Administrateur, puis vice-président des houillères du Nord et du Pas-de-Calais, il refuse, en 1964, d’abandonner les références chrétiennes de sa famille syndicale. Il devient alors président national de la « C. F. T. C. maintenue ». Sa mort donne lieu à une manifestation de sympathie et d’admiration d’une unanimité rarement atteinte.


Georges Séguy

(Toulouse 1927). Apprenti typographe à Toulouse, militant communiste dès l’âge de quinze ans, il participe à la fabrication de la presse clandestine et à la lutte des Francs-tireurs et partisans français contre l’occupant, ce qui lui vaut d’être déporté au camp de Mauthausen (févr. 1944). Entre dix-huit mois plus tard à la S. N. C. F. comme électricien, il se jette dans l’action syndicale. Il attire l’attention lors des grèves de 1947. Secrétaire (1949), puis secrétaire général (1961) de la Fédération C. G. T. des cheminots, il entre en 1965 au bureau confédéral de la C. G. T. Deux ans plus tard, il accède au poste de secrétaire général. Il est par ailleurs membre du comité central (depuis 1954) et du bureau politique (depuis 1956) du P. C. F. En mai 1968, G. Séguy participe aux négociations de Grenelle. L’expérience de ces jours difficiles le renforce dans son refus de réduire la primauté du syndicalisme. « Faire prévaloir la démocratie ouvrière sur la démocratie syndicale, c’est l’antichambre de la spontanéité », écrit-il. Son objectif reste le front syndical commun, ce qui l’amène à signer, à diverses reprises, des accords d’action avec la C. F. D. T. : les rapports entre les deux confédérations sont marqués d’ailleurs par une alternance de rapprochement et de discorde. En 1970, G. Séguy est élu membre du bureau exécutif de la Fédération syndicale mondiale.


Gaston Tessier

(Paris 1887 - id. 1960). Élève d’une école commerciale, il est très influencé par la lecture des ouvrages de sociologie de l’abbé L. Garriguet, où l’auteur préconise des solutions ni libérales ni collectives. Secrétaire adjoint du Syndicat des employés du commerce et de l’industrie, secrétaire de la Fédération des syndicats chrétiens d’employés en 1919, il devient la même année le premier secrétaire général de la C. F. T. C., rassemblement interconfessionnel qui adhère aux principes de justice et de charité tels qu’ils sont exprimés dans l’encyclique Rerum novarum. G. Tessier occupera ce poste jusqu’en 1953. Membre du Conseil supérieur du travail, délégué au B. I. T., il siège durant la Seconde Guerre mondiale au Conseil national de la Résistance. Membre de l’Assemblée consultative provisoire (1944), président de la Confédération internationale des syndicats chrétiens (1947), il termine sa vie, comme président d’honneur de la C. F. T. C. — Son fils Jacques (né à Paris en 1914) deviendra secrétaire général (1964), puis président (1970) de la « C. F. T. C. maintenue ».

P. P.