Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

syndicalisme (suite)

La C. G. C.

La Confédération générale des cadres (C. G. C.), formée au lendemain de la Libération, a dû batailler pour se faire reconnaître. Elle veut défendre les intérêts des ingénieurs, des techniciens et des cadres, mais elle recrute aussi parmi les fonctionnaires qui s’apparentent aux classes moyennes. Elle regroupe environ 250 000 adhérents. Elle a compté parmi ses dirigeants, Roger Millot (1909-1973), André Malterre († 1975) et Yvan Charpentié. La C. G. C. lutte en particulier contre l’écrasement de la hiérarchie des salaires et contre une fiscalité qu’elle juge injuste, et préconise une plus grande responsabilité du personnel d’encadrement dans la gestion des entreprises. Elle est concurrencée par les organisations de cadres affiliées à la C. G. T., à la C. F. D. T. et à la C. G. T.-F. O.


La F. E. N.

La Fédération autonome de l’Éducation nationale (F. E. N.) a été adhérente de la C. G. T. jusqu’en 1948. Elle en est alors sortie, mais, au lieu de rejoindre F. O., elle a opté pour une autonomie qu’elle croyait alors provisoire. Ses effectifs sont très importants, en particulier parmi le personnel de l’enseignement primaire (S. N. I. [Syndicat national des instituteurs]) ; elle est concurrencée par le Syndicat général de l’éducation nationale (S. G. E. N.-C. F. D. T.) — dont les adhérents sont cependant beaucoup moins nombreux — et par divers syndicats autonomes. Une tendance, animée en particulier par les communistes, fort active, a repris au P. S. U. la direction du Syndicat national de l’enseignement supérieur (S. N. E. S-Sup.) et conquis la direction du Syndicat national de l’enseignement du second degré (S. N. E. S.) ; mais le Syndicat national des instituteurs lui échappe et maintient la direction de la F. E. N. hors de la prépondérance communiste. À James Marangé, secrétaire général de 1956 à 1974, a succédé André Henry.


Quelques grands noms du syndicalisme français


André Bergeron

(Suarce, Territoire de Belfort, 1922). Typographe, il gravit les échelons des syndicats du livre ; en 1936, il adhère à la Fédération du livre de la C. G. T., récemment réunifiée. Secrétaire général du syndicat typographique C. G. T. de Belfort (1946), il devient, après la scission de 1948, le secrétaire permanent de l’Union départementale C. G. T.-F. O. du territoire de Belfort. Secrétaire général de la Fédération C. G. T.-F. O. du livre (1948), membre de la commission exécutive de la Confédération (1950), il accède en 1956 au bureau confédéral ; en novembre 1963, il succède à Robert Bothereau (né en 1901) à la tête de la Confédération en qualité de secrétaire général. En toute occasion, il affirme l’indépendance du syndicalisme à l’égard des partis politiques et de l’État.


Eugène Descamps

(Lomme, Nord, 1922). Fils d’un cheminot, il commence à travailler à treize ans, pratiquant de nombreux métiers. Une formation professionnelle accélérée lui permet d’obtenir un diplôme d’ajusteur et d’exercer ce métier dans la sidérurgie, dans le Nord, puis en Lorraine. En même temps, E. Descamps milite à la Jeunesse ouvrière chrétienne française (J. O. C.), dont, dès 1948, il est secrétaire général. Il se voue ensuite au mouvement syndical : secrétaire de l’Union des syndicats de la sidérurgie de l’Est (1950-1954), secrétaire général de la Fédération de la métallurgie C. F. T. C. (1954-1961), il est vice-président confédéral de la C. F. T. C. en 1959 et accède au poste de secrétaire général en 1961. Animateur, depuis des années, de l’opposition de gauche au sein de la C. F. T. C, tenant d’un véritable socialisme démocratique, E. Descamps fait triompher ses idées au congrès de 1964, où la C. F. T. C. — sauf une minorité de 10 p. 100 — abandonne, sa référence chrétienne pour devenir la Confédération française démocratique du travail (C. F. D. T.). Mais le rapprochement avec la C. G. T.-F. O. n’aboutit pas ; par contre, en 1966, E. Descamps peut signer la plate-forme commune C. G. T.-C. F. D. T. En septembre 1971, il quitte son poste de secrétaire général. Membre du parti socialiste, il enseigne l’histoire du syndicalisme à l’université de Paris-X (Nanterre).


Benoît Frachon.

V. communisme.


Victor Griffuelhes

(Nérac 1874 - Paris 1923). Ouvrier cordonnier, membre de la Fédération des cuirs et peaux, délégué au congrès de Paris en 1900, il est appelé au secrétariat général de la C. G. T. après le congrès de Montpellier en 1902. Griffuelhes, qui a passé par le socialisme blanquiste, n’est ni un organisateur ni un administrateur, mais « il possède du chef, avec le plan bien arrêté, la constance dans l’opinion, la rapidité de vision et l’énergie combative » (G. Lefranc). Son rôle est déterminant au 9e congrès confédéral de la C. G. T. à Amiens, où le 13 octobre 1906, est adoptée, par 830 voix contre 8 (aux guesdistes), la « motion Griffuelhes », appelée « charte d’Amiens », qui formule d’une manière décisive le caractère apolitique du syndicalisme. En 1909, sous l’effet de critiques internes, Griffuelhes démissionne : sur son initiative, c’est son ami Léon Jouhaux qui le remplace au secrétariat général de la C. G. T.


Léon Jouhaux

(Paris 1879 - id. 1954). Fils d’ouvrier, ouvrier lui-même, secrétaire de la Fédération nationale des ouvriers allumettiers, délégué au congrès d’Amiens (1906), il devient en 1909 le premier secrétaire général de la C. G. T. Expert à la Conférence de la paix, délégué à la Conférence internationale du travail à Washington (nov. 1919), membre du B. I. T., il rompt avec les communistes en 1921 et reste secrétaire général de la C. G. T. après la scission de la C. G. T. U. En mars 1936, il réalise la réunification syndicale et participe aux accords Matignon. Après la dissolution de la C. G. T. (nov. 1940), L. Jouhaux est placé en résidence surveillée par le régime de Vichy. Déporté par les Allemands (1943), il est, aussitôt après sa libération (1945), élu vice-président de la Fédération syndicale mondiale. Délégué à l’O. N. U., président du Conseil économique (1947), il dirige à partir d’avril 1948 la C. G. T.-F. O., née de la scission de la C. G. T. Président du Conseil international du mouvement européen, il obtient en 1951 le prix Nobel de la paix.


Edmond Maire