Aurélien (suite)
Les finances de l’Empire étaient renflouées par le butin. La réussite des campagnes militaires assurait l’autorité impériale et surtout le retour à l’unité : l’Empire avait été en effet partagé en trois éléments, dont Palmyre et les Gaules, qui, luttant de leur côté contre des ennemis plus lointains, avaient laissé aux empereurs légitimes toute liberté d’action face aux Barbares du nord.
Le Soleil et l’empereur-dieu
La politique intérieure eut aussi le caractère d’une restauration de l’autorité : elle prolongeait le travail déjà accompli par l’empereur Gallien.
Aurélien restreignit les fonctions sénatoriales : des praesides de rang équestre furent de plus en plus souvent mis à la tête des provinces, à la place des légats sénatoriaux. L’Italie semblait désormais assimilée aux provinces, et c’est du règne d’Aurélien que date l’usage d’en confier les régions à des correctores. La Dacie fut en grande partie évacuée, car sa défense se révélait difficile. Pour ménager la vanité romaine, son nom fut attribué à deux provinces situées au sud du Danube.
On croit pouvoir faire remonter à ce règne l’obligation imposée aux villageois d’exploiter les terres abandonnées, ce qui annonce le Bas-Empire. La population de Rome bénéficia par contre de distributions gratuites étendues : le pain remplaça le blé, la viande de porc et le sel s’y ajoutèrent, et l’empereur aurait projeté des plantations de vigne afin d’assurer une distribution de vin. En attendant, on vendait du vin à prix réduit sous les portiques du temple du Soleil.
Ce temple du Soleil, dont l’emplacement exact est inconnu, fut édifié par Aurélien à son retour de Palmyre, et orné des dépouilles de l’Orient vaincu. Le culte était assuré par des pontifes de rang sénatorial. Pour Aurélien, le Soleil était le dieu suprême, et son culte pouvait devenir une forme de culte officiel ; Aurélien, empereur par la volonté divine, figure sur des monnaies recevant des mains du Soleil le globe qui symbolise le monde. Il fut même le premier empereur à être salué de son vivant du titre de dieu, dominus et deus, le premier aussi à se montrer en public la tête ceinte d’un diadème.
Aurélien périt au bout de cinq années de règne, assassiné à l’instigation d’un de ses secrétaires, près de Byzance, alors que l’armée marchait contre les Perses (275).
R. H.
L. Homo, Essai sur le règne de l’empereur Aurélien (Fontemoing, 1904). / E. Will, Une figure du culte solaire d’Aurélien, Jupiter consul vel consulens (Geuthner, 1960).