Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

activité économique

Au sens strict, nombre total d’heures de travail effectuées par la population active d’un pays en une période de temps donnée.
Au sens large, ensemble des activités humaines ayant pour but la production et la commercialisation des biens et services apparaissant sur le marché.


L’activité économique d’un pays peut être saisie à travers deux approches différentes, mais néanmoins complémentaires :
— La première, globale, consiste à rechercher et à estimer certaines variables significatives de l’ensemble des échanges d’un pays ;
— La seconde, sectorielle, vise à observer de quelle façon les différentes activités productrices d’un pays se répartissent entre la production des biens et services qui font l’objet d’échanges.


L’approche globale

L’approche globale a essentiellement pour but de fournir aux économistes des instruments d’estimation du niveau de développement atteint par un pays lors des différentes étapes de sa croissance et de permettre la comparaison de ces mêmes niveaux de développement entre pays ayant une répartition sensiblement identique des activités productrices entre les divers biens et services.

Dans cette optique on fait appel aux agrégats de la comptabilité économique. Les agrégats sont des grandeurs caractéristiques de la vie économique, obtenues en additionnant les opérations élémentaires effectuées par les agents économiques. En France, on calcule deux sortes d’agrégats : les agrégats nationaux, qui ne tiennent compte que des activités productrices (industrie, commerce), et les agrégats normalisés, qui tiennent aussi compte de l’activité des institutions financières et des administrations, et qui incluent l’activité des citoyens français non résidents. L’agrégat national, significatif du point de vue économique, est la production intérieure brute, constituée par la somme de la valeur ajoutée de toutes les branches productives et des droits et taxes sur importations.

Les agrégats répondant aux normes internationales sont obtenus à partir de l’agrégat national. On y ajoute la rémunération des salariés des administrations publiques et privées, les services rendus par les institutions financières, qui constituent un emploi final pour l’économie, le montant des salaires versés par les ménages à leurs salariés et les revenus nets provenant du reste du monde ; on y soustrait la consommation des institutions financières et les marges résultant de l’autoconsommation agricole. Ce nouvel agrégat est alors dénommé produit national brut. Si, de ce dernier, on enlève la partie de la production qui a servi à renouveler les installations fixes (amortissement), on obtient le produit national net.

Les deux agrégats sont dits « évalués aux prix du marché », car, lors de leur estimation, il a été tenu compte des impôts indirects payés par les entreprises à l’État, tandis que les subventions en ont été ôtées. Si l’on procède à l’addition des subventions et à la soustraction des impôts indirects, on obtiendra les produits nationaux brut et net évalués au coût des facteurs.

Le produit national net au coût des facteurs est encore appelé revenu national. Il est égal à l’ensemble des rémunérations des agents économiques du pays considéré. Ce dernier agrégat permet de comparer les différents niveaux de vie des pays si on le rapporte à la population de chacun d’eux.

Finalement, si les agrégats peuvent donner des renseignements utiles sur l’évolution d’une économie donnée et permettre les comparaisons, ils ne peuvent être utilisés lors de l’élaboration d’une politique économique, du fait du grand effort de synthèse nécessaire à leur estimation. C’est pour cette raison que les économistes se sont, depuis longtemps, penchés sur le problème du regroupement des activités productrices selon certains critères, regroupement qui permet un traitement homogène plus aisé toutes les fois qu’il est nécessaire d’obtenir des statistiques.


L’approche sectorielle

La classification la plus connue des activités de production a été donnée par Colin Clark dans son ouvrage The Conditions of Economic Progress (1940). L’auteur répartit les activités de production en trois secteurs :
— le secteur primaire, qui comprend l’agriculture, la pêche et les mines ;
— le secteur secondaire, qui regroupe l’industrie, c’est-à-dire toute « transformation continue, sur une grande échelle, des matières premières en matières transportables » ;
— le secteur tertiaire, qui comprend toutes les autres activités.

Cette classification purement descriptive a été reprise par d’autres auteurs, notamment par A. Sauvy et J. Fourastié, qui ont essayé de rechercher des critères de classement. Le recensement effectué par A. Sauvy fait apparaître deux sortes de critères : d’une part, des critères d’ordre historique ou psycho-sociologique et, d’autre part, des critères plus spécifiquement économiques.

Les critères d’ordre historique ou autre font apparaître une hiérarchie dans les activités productrices : certaines activités seront considérées comme indispensables ou simplement utiles, honorables à exercer pour certaines et non pour d’autres, etc. Ce classement est utile dans la mesure où l’on peut prévoir vers quelles activités la population active sera attirée du fait de l’élévation du niveau de vie.

Les classifications selon un critère plus spécifiquement économique (loi économique, utilisation d’un facteur de production dans telle ou telle activité) ont pour objet la recherche d’une allocation optimale des ressources lors de l’élaboration d’une politique de croissance : le classement des activités en fonction des investissements utilisés permettra à un pays disposant de peu de capitaux, mais de beaucoup de force de travail de faire en sorte que son activité soit plutôt dirigée vers le secteur tertiaire.

Le tableau ci-dessous a pour objet de présenter un certain nombre de critères et la façon dont les activités peuvent être classées dans les secteurs primaire, secondaire ou tertiaire (avec quelques exemples).

On constate finalement qu’il est difficile d’évoquer les secteurs d’activité sans faire référence au critère. D’autre part, la classification est trop élémentaire pour l’élaboration d’une politique autre qu’à long terme : c’est pour cette raison que les économistes ont été amenés à préciser la notion de secteur et à concevoir celle de branche.