Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

symbiose (suite)

On considère aussi parfois comme symbiose les relations établies entre quelques espèces de Fourmis et des végétaux. En Amérique du Sud, la présence de Fourmis vivant dans les entre-nœuds du tronc de Cecropia protégerait cette plante contre les ravages des Fourmis coupe-feuilles. Certaines Fourmis (Atta...) et quelques Termites cultivent des Champignons en préparant autour de leurs larves des constructions, véritables meules de culture, faites de feuilles hachées, où le mycélium se développe et forme ses organes reproducteurs (conidies) ; lorsque la larve éclôt, elle se nourrit de la plante ou du bois transformé par les enzymes du Champignon. Ainsi, la reproduction et la nutrition du végétal et de l’Insecte sont assurées.

On trouve aussi des symbiotes dans les groupes d’animaux vivant d’amidon ; c’est le plus souvent des levures qui en favorisent la dégradation. Ces dernières sont localisées, chez les Anobidés, dans des cellules spécialisées de l’intestin moyen. Chez les femelles prêtes à pondre, des Levures migrent vers l’appareil génital, et la coquille de l’œuf en est couverte ; à la ponte, la larve s’en infecte en mangeant cette coquille à la naissance. Dans d’autres groupes, des procédés différents expliquent l’infection des jeunes. Ces Champignons fournissent également des vitamines.


Symbioses entre animaux

Des symbioses existent à l’intérieur du règne animal, telle l’association du Bernard-l’Hermite et de l’Anémone de mer Adamsia palliata, qui sécrète une lame prolongeant la coquille dans laquelle vit le Bernard-l’Hermite lorsque celui-ci s’accroît. Il y a entre les deux êtres des rapports alimentaires et de protection. De même, l’association entre Pagure et Bryozoaires est fréquente. Des Flagellés assurent la digestion de la cellulose chez certains Termites. Ces protistes leur apportent à leur mort, aussi rapide que leur reproduction, un ravitaillement en protides important aussi bien qu’un ravitaillement appréciable en glucides au cours de leur vie.

On peut encore citer les rapports étroits qui existent entre des grands Mammifères de la savane tropicale et des Oiseaux ; ces derniers débarrassent leurs hôtes de quantités de parasites gênants qui leur servent de nourriture : Tiques, Varrons. Certains les avertissent par leurs cris du danger. Les Hérons Pique-Bœufs chassent les Mouches sur les Mammifères, comme Merops nubicus le fait sur le Mouton. Le Pluvian se comporte de même avec le Crocodile, et il en est ainsi de certains Poissons de petite taille (Labridés, Cobiidés ...) avec de plus grands (Mérous, Sabres, Balistes...), qui se font nettoyer en prenant des positions caractéristiques, comme d’ailleurs les Hippopotames dans les rivières africaines.


Symbiose entre animaux et Bactéries

On trouve fréquemment chez les herbivores et les xylophages une symbiose avec des Bactéries capables d’attaquer la cellulose. Chez les Ruminants, les symbiotes sont localisés dans la panse ainsi qu’au niveau du caecum, qui joue un rôle important dans ce mode de digestion. Certaines larves d’Insectes (Lamellicornes, Tipules) possèdent des chambres de digestion remplies de Bactéries capables d’attaquer la cellulose. Le groupe bactérien peut subsister à l’abri de son hôte, qui le ravitaille abondamment, alors que ce dernier reçoit le surplus important de la digestion et utilise les corps bactériens, qui se dissolvent régulièrement en libérant une part importante de substances alimentaires ; la symbiose est effective entre l’animal et le groupe bactérien. De même, les Termites supérieurs hébergent plusieurs symbiotes, parmi lesquels des Bactéries digérant la cellulose.

Chez les Céphalopodes, des Bactéries provoquent la luminescence. Des glandes spécialisées ou même de véritables organes réflecteurs peuvent y être rencontrés. On observe des dispositions semblables dans le groupe des Poissons.

J.-M. T. et F. T.

➙ Commensalisme / Légumineuses / Lichens / Orchidées / Parasitisme.

symbole

On trouve le symbole partout. Dans les sciences exactes : mathématiques, physique, chimie, logique, linguistique. Dans la vie intime et personnelle, où la psychologie recherche l’affabulation inconsciente. Dans la vie culturelle enfin et surtout : en ethnologie, c’est le système de base de toute société dite « primitive » ; la tripartition des classes dans le monde indo-européen, d’après G. Dumézil, ou le rapport colonisateur-colonisé chez les Romains, d’après A. Piganiol, seraient en rapport avec la mythologie ; dans les religions, « rares sont les phénomènes qui n’impliquent pas un certain symbolisme » (M. Éliade) ; dans l’art, la littérature ou même la réflexion philosophique, le symbolisme n’est pas moins général, et cela depuis toujours.


Ce « fut le trait distinctif des premiers âges de l’humanité » (E. Renan, De l’origine du langage, 1848). Pour le christianisme plus encore, par l’importance du sacramentalisme, qui put s’épanouir librement dans la pensée des Pères, l’art et la foi des douze premiers siècles de notre ère : « La conviction profonde que l’histoire et la nature ne sont qu’un immense symbole [...] qu’au travers de toutes choses de ce monde, on peut atteindre à l’esprit pur, on peut entrevoir Dieu, voilà le vrai génie du Moyen Âge » (É. Mâle). Mais qu’y a-t-il de commun dans ce symbolisme multiforme ?


Un jeu de correspondances indéfinies

Étymologiquement, symbolon, symballô réfèrent à la coutume de tenir les parties d’un objet brisé pour signe de reconnaissance, lorsque des partenaires, se rencontrant, « rejoignent » ces tessons de manière qu’ils se remboîtent l’un dans l’autre. De même, en toute vision symbolique, « les choses ne sont pas le voile arbitraire de la signification qu’elles couvrent (ce serait une simple allégorie, c’est-à-dire expression indirecte d’une réalité spirituelle sous le voile de ses emblèmes matériels) : les choses sont réellement une partie au moins de ce qu’elles signifient, ou plutôt elles ne deviennent complètes que lorsque leur signification est complète » (Claudel, Sur Dante).