Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

supraconductivité (suite)

Ce champ magnétique, susceptible de faire cesser la supraconductivité, peut être extérieur au supraconducteur ou être produit par le courant électrique qui y circule. Or, tout champ magnétique créé par un courant est proportionnel à l’intensité de ce dernier ; il existe donc une limite à l’intensité du courant qui peut parcourir un supraconducteur ; elle est directement liée à la valeur du champ magnétique critique. Par exemple, l’alliage niobium-titane, dans l’hélium liquide, ne peut être parcouru par un courant dépassant 2.104 A/cm2, alors que, dans les mêmes conditions, l’alliage niobium-étain peut supporter une densité de courant dépassant 106 A/cm2.

La compréhension du mécanisme de cette « superfluidité » des électrons du supraconducteur, ainsi que celle de la propriété complémentaire du diamagnétisme parfait, n’a été obtenue qu’en 1957 par trois physiciens de l’université de l’Illinois, John Bardeen, Leon N. Cooper et John Robert Schrieffer (prix Nobel de physique en 1972). Le mécanisme proposé par ces trois auteurs met en jeu la formation de « paires » d’électrons responsables de l’état supraconducteur, l’énergie de couplage d’une paire étant supérieure à l’énergie d’agitation thermique, qui est proportionnelle à la température absolue. On peut alors dire, en simplifiant, que l’un des électrons attire l’autre dans son « sillage ». Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer une interaction attractive suffisamment forte pour vaincre la répulsion coulombienne entre électrons. Certains permettent même d’envisager la possibilité d’un état supraconducteur à la température ordinaire. Par contre, la prédiction de la présence ou de l’absence de supraconductivité d’un corps donné reste encore très partielle.

Les applications de la supraconductivité commencent seulement à se développer. On peut citer :
— les électro-aimants supraconducteurs, étudiés en particulier pour les nouveaux accélérateurs de particules et qui permettent d’obtenir des champs magnétiques de 5 à 20 teslas ;
— le Cryotron, qui entre dans la réalisation de circuits complexes, et notamment des calculateurs électroniques. Un fil de tantale, par exemple (Tc = 4,25 K), est entouré par un enroulement réalisé avec un fil de niobium-titane (Tc = 9,7 K), et le tout est placé dans de l’hélium liquide (T = 4,2 K). Un courant passant dans l’enroulement de niobium-titane peut créer un champ magnétique capable de faire cesser la supraconductivité du fil de tantale sans faire cesser celle du niobium-titane. Ainsi, avec très peu d’énergie, puisque l’enroulement de commande reste supraconducteur, on peut contrôler et même annuler le courant passant dans le fil de tantale en faisant varier la résistance de celui-ci dans un rapport énorme.

On songe même à utiliser la supraconductivité pour supprimer les pertes dans le transport d’énergie électrique à grande distance.

A. T.

 E. A. Lynton, Superconductivity (Londres et New York, 1962, 2e éd., 1964 ; trad. fr. la Supraconductivité, Dunod, 1964). / M. Tinkham, Superconductivity (New York, 1965). / A. W. B. Taylor, Superconductivity (Londres, 1970).

surdité

Perte de la fonction auditive.



Introduction

Plus généralement, on désigne sous le terme de surdité toutes les diminutions de l’acuité auditive, ou hypoacousies.

L’audiométrie* permet de préciser le degré de la surdité (évalué en décibels de perte), et son type. On distingue ainsi les surdités de transmission, qui intéressent le conduit auditif externe (oreille externe), le tympan, la caisse et les osselets (oreille moyenne), et les surdités de perception, qui correspondent à une lésion de la cochlée ou du nerf auditif (oreille interne). Des vertiges peuvent alors être associés, et l’exploration labyrinthique est généralement nécessaire. Les surdités centrales, enfin, sont en rapport avec une lésion des centres nerveux.

L’examen d’un sourd doit donc être complet. Cependant, dans la majorité des cas, il est facile d’établir un diagnostic à partir du mode de constitution de la surdité, de son caractère évolutif, de l’examen du tympan et des constatations acoumétriques et audiométriques. L’étiologie de l’affection précisée, il convient de rechercher les possibilités thérapeutiques. Seules les surdités de transmission bénéficient à ce jour de traitements chirurgicaux. Les surdités de perception, une fois constituées, ne relèvent que de la prothèse auditive, dont il faut souligner les progrès actuels. Un espoir pourrait naître des tentatives récentes de stimulation directe de la cochlée par électrodes, mais il ne s’agit encore que de procédés expérimentaux.


Les surdités de transmission

• Au niveau du conduit auditif externe. Tout obstacle constitue une gêne à l’audition. Il en est ainsi du bouchon de cérumen, extirpable par simple lavage, du bouchon épidermique, plus dur, pouvant nécessiter une extraction chirurgicale, et des sténoses (rétrécissements). Celles-ci peuvent être acquises ou congénitales. Dans ce dernier cas, l’absence de conduit est rarement isolée et entre dans le cadre plus général des aplasies d’oreille.

• Au niveau de la caisse et des osselets. La surdité peut apparaître comme un élément séméiologique d’une affection transitoire. Ainsi, l’otite aiguë et plus généralement tous les épanchements liquidiens de l’oreille moyenne, qu’ils soient purulents, séreux ou hématiques, s’accompagnent d’une baisse de l’acuité auditive. La guérison de l’affection causale est suivie d’une récupération de l’ouïe, souvent un peu retardée par rapport à l’évolution des constatations otoscopiques.

Dans certains cas, la caisse du tympan est remplie de liquide épais, visqueux, difficile à évacuer. Cet aspect, en rapport avec un trouble de la perméabilité de la trompe d’Eustache, peut devenir chronique et nécessiter la mise en place d’un drain transtympanique. Le simple catarrhe tubaire, ou inflammation de la trompe, entraîne une sensation d’oreille bouchée, par déséquilibre entre la pression dans la caisse et la pression atmosphérique. C’est aussi à des troubles de pression qu’il faut rattacher l’otite barotraumatique (v. barotraumatisme).

En fait, beaucoup plus inquiétantes apparaissent les surdités de transmission permanentes ou évolutives. Elles relèvent de causes diverses.