Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

suite de nombres réels (suite)

 G. Valiron, Cours d’analyse mathématique, t. I : Théorie des fonctions (Masson, 1942 ; 3e éd., 1966). / G. Choquet, Cours d’analyse, t. II : Topologie (Masson, 1964). / L. Chambadal et J.-L. Ovaert, Cours de mathématiques, t. I : Notions fondamentales d’algèbre et d’analyse (Gauthier-Villars, 1966). / J. Lelong-Ferrand et J. M. Arnaudiès, Cours de mathématiques, t. II : Analyse (Dunod, 1972).

Sukarno

Homme d’État indonésien (Surabaya, 1901 - Jakarta 1970).


Sukarno (ou Sockarno) était fils d’un instituteur d’origine javanaise et d’une mère balinaise. Son nom unique de Sukarno lui a été donné par référence à un personnage du wayang, ou théâtre d’ombres javanais ; après l’indépendance, les Indonésiens l’appelèrent volontiers du nom familier, et respectueux, de Bung Karno (« frère Karno ») ; certains journalistes, trouvant son nom trop court, lui forgèrent sans aucun fondement le « prénom » d’Achmad.

Sukarno commence ses études dans une École primaire européenne (Europeesche Lagere School à Sidoarjo et les poursuit dans un collège secondaire de Surabaya. Durant son séjour à Surabaya, il prend pension dans la famille de Haji Umar Said Cokroaminoto, l’un des fondateurs du Sarekat Islam, l’une des premières associations politiques d’Indonésie ; cela lui permet de faire la connaissance de diverses personnalités et de s’initier aux idées politiques du moment. Puis il se rend à Bandung pour suivre les cours de l’École supérieure technique (Technische Hogeschool) et en sort avec le titre d’ingénieur ; membre de l’association Jong Java, il est un des promoteurs du Studie Club de Bandung.

Avec quelques autres nationalistes (Dr. Cipto Mangunkusumo, Budiarjo, Sunaryo), il crée en juillet 1927 l’Association nationale indonésienne (Perserikatan Nasional Indonesia), qui prend l’année suivante le nom de parti national indonésien (Partai Nasionalis Indonesia, PNI). En décembre 1929, il est arrêté par les autorités coloniales et condamné en août 1930 à quatre ans de prison pour activités subversives. Le discours qu’il prononce pour sa défense (et qui fut publié par la suite) lui vaut beaucoup d’admirateurs et de partisans. Libéré dès décembre 1931, Sukarno reprend ses activités au sein du Partindo (Partai Indonesia), en essayant de ranimer le PNI. Arrêté de nouveau en juillet 1933, il est exilé à Endeh, dans l’île de Flores.

Ces huit années d’intense activité politique (1925-1933) sont suivies de neuf années de retraite forcée et d’isolement (1933-1942), à Flores tout d’abord, puis, à partir de 1937, dans le petit port de Bengkulu (sur la côte occidentale de Sumatra sud). Sukarno y lit beaucoup et y met au point quelques-unes des idées qu’il publiera par la suite. En juillet 1942, il est libéré par les Japonais, qui le font venir à Jakarta avec l’intention de lui confier des responsabilités dans le gouvernement de collaboration qu’ils projettent. De 1942 à 1945, il occupe une place éminente dans les divers organismes créés par l’occupant (Putera, Jawa Hokokai, Cuo Sangui In). Peu de jours avant la capitulation du Japon (14 août 1945), il se rend à Dalat pour rencontrer le maréchal Terauchi, qui ne se montre pas défavorable à l’idée d’une indépendance indonésienne.

Le 17 août 1945, il proclame l’indépendance de l’Indonésie à Jakarta et devient le premier président de la République (avec Mohammad Hatta comme vice-président). Replié à Jogjakarta, capitale de la jeune République, il dirige la lutte contre les Hollandais, qui essaient de reprendre pied. En décembre 1948, Jogjakarta est prise et Sukarno fait prisonnier : il est transféré à Prapat (Sumatra), puis à Bangka. Finalement libéré, il rentre à Jogjakarta en juillet 1949 ; en décembre, il devient président de la République des États-Unis d’Indonésie (Republik Indonesia Serikat [RIS]) et s’installe définitivement à Jakarta. Le 14 août 1950, il proclame la République unifiée. En septembre 1951, il reçoit le titre de docteur honoris causa de l’université de Jogjakarta pour sa conception du Pancasila.

Son pouvoir se trouve dès lors limité par les règles du système parlementaire qui vient d’être institué. En dépit de certaines pressions (notamment celles de l’armée en 1952) qui l’incitent à adopter une position forte à l’égard du Parlement, le président jouera le jeu jusqu’en 1957. Intérieurement, le pays est encore divisé par des mouvements séparatistes et, à l’extérieur, il doit se faire une place dans le concert international. La conférence de Bandung (avr. 1955) consacre de façon éclatante la place de l’Indonésie dans le monde et vaut à Sukarno un succès personnel indubitable.

L’année 1957 marque un tournant dans les conceptions du président. Abandonné par Mohammad Hatta, par certains éléments musulmans et par une partie de l’armée, Sukarno se décide à rompre avec le système parlementaire et instaure une « démocratie dirigée », qui réunit en ses seules mains l’essentiel du pouvoir. Le 30 novembre, à Jakarta, il échappe dans le quartier de Cikini à un attentat, ce qui l’engage plus avant dans la voie du radicalisme. Les dernières années de sa présidence sont marquées par un net virage à gauche ; tout en prêchant le Nasakom, l’union sacrée des nationalistes, des partis religieux et des communistes, Sukarno s’engage dans une politique « anti-impérialiste », hostile à la Grande-Bretagne et peu favorable aux États-Unis. Peu soucieux des problèmes économiques, il laisse la situation sociale se détériorer, et, en 1965, le « Mouvement du 30 septembre » (Gestapu) marque la fin de son autorité. Sukarno est obligé de transférer ses pouvoirs au général Suharto, puis est maintenu par l’armée dans un isolement qui l’empêche de retrouver un rôle politique. Il meurt le 21 juin 1970.

Une partie de ses articles et de ses discours, concernant notamment sa conception du marhaenisme (marhaen étant le type du prolétaire indonésien), se trouvent regroupés dans un recueil intitulé Sous le drapeau de la Révolution (Di bawah bendera Revolùsi).

D. L.

➙ Indonésie.

 T. Vittachi, la Chute de Sukarno (Gallimard, 1967).