Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Suisse (suite)

La Suisse possède deux raffineries de pétrole, l’une à Aigle-Collombey (vallée du Rhône), l’autre à Cressier (Neuchâtel), chacune ayant une capacité de traitement de l’ordre de 3 Mt. La première est ravitaillée par un oléoduc venant de Gênes, l’autre par celui qui vient de Lavéra. À présent, la Suisse utilise du gaz naturel néerlandais transitant par la France. De plus, la Suisse est traversée depuis 1973 par un grand gazoduc qui relie la Hollande à l’Italie : la capacité de celui-ci est de 6 milliards de mètres cubes par an, sur laquelle la Suisse peut prélever 500 millions de mètres cubes.


L’industrie de transformation

Elle plonge ses racines au Moyen Âge. On fabriquait, du xiiie au xve s., des soieries à Zurich, des draperies à Fribourg. L’industrie cotonnière occupait 200 000 personnes dès la fin du xviiie s. Les foires de Genève et Zurzach (Argovie) au xve s. avaient une audience internationale.

Aux xvie, xviie et xviiie s., l’apport de réfugiés, protestants surtout, enrichit la Suisse à tous points de vue. Souvent le travail à domicile préparait le travail en usine au xixe s.

L’industrie est une création humaine continue. Les initiatives individuelles expliquent la naissance des grandes firmes d’importance mondiale : Nestlé, Ciba-Geigy, Hoffmann-La Roche, Brown, Bovery et Cie (BBC), Sandoz, Oerlikon, Bally, Suchard (Interfood). Nestlé compte plus de 110 000 salariés en Suisse et à l’étranger ; BBC, 96 000 ; Ciba-Geigy, 70 000.

L’industrie se caractérise par sa technologie avancée et par la haute valeur de ses produits ; elle repose sur des matières premières en quantité faible. La fabrication de machines, l’électrotechnique, l’horlogerie, la mécanique de précision, l’industrie pharmaceutique, les industries alimentaires sont des spécialités suisses, dont une grande partie de la production est destinée à l’exportation.

On compte environ 1 700 entreprises horlogères employant près de 89 000 personnes dont 13 p. 100 d’étrangers. L’horlogerie participe pour 11 p. 100 aux exportations totales de la Suisse. Une certaine concentration est en cours ; la Société générale de l’horlogerie suisse S. A. (Neuchâtel) groupait 20 380 salariés en 1971, et la Société suisse pour l’industrie horlogère S. A. (Genève), 7 340.

Cependant, si les entreprises sont financièrement concentrées, cela n’est guère le cas sur le plan géographique.

Les grandes régions industrielles sont les agglomérations de Zurich, de Berne et de Bâle, la région de Genève, le Jura et les Alpes du Nord. Ces deux dernières régions sont des zones d’industries diffuses.

Le marché suisse étant trop étroit, la plupart des grandes firmes sont devenues des entreprises multinationales.


La banque et la Bourse suisses

On a pu dire que la Suisse est un pays de fromagers, de chocolatiers et d’horlogers. On pourrait ajouter : de banquiers. La structure cantonale a donné naissance à de nombreuses banques locales et régionales. Certaines se sont hissées au niveau international : Schweizerische Bankgesellschaft (Union de banques suisses) [Zurich, premier rang], Schweizerischer Bankverein (Société de banque suisse) [Bâle, deuxième rang], Schweizerische Kreditanstalt (Crédit suisse) [Zurich, troisième rang], Zurich est la grande place bancaire. La banque protestante française (Lausanne-Genève) est réputée, mais elle a été largement dépassée au cours des vingt dernières années par la banque des cantons germanophones. Il existe toute une gamme d’établissements bancaires : grandes banques, banques cantonales, banques régionales, caisses d’épargne, crédit mutuel. Collectant l’épargne suisse et aussi étrangère, la banque suisse est largement responsable de l’essor industriel, touristique et commercial. Sans elle, il n’y aurait pas eu de « miracle suisse permanent ». Il faut y ajouter les Bourses, qui, en négociant des effets étrangers, en collectant l’épargne étrangère, contribuent également à l’essor économique : la Bourse de Zurich domine largement, mais celles de Bâle, de Genève et de Berne ne sont pas d’importance négligeable.


Le tourisme, une activité nationale

Grâce à la diversité des paysages et à l’ampleur du domaine alpin, la Suisse est un grand pays de tourisme.

Pour le nombre de lits, les Grisons, avec plus de 40 000 lits, viennent en tête suivis du Valais (28 000), du Tessin (27 000), de l’Oberland bernois (27 000), de Vaud (15 000), de Zurich (12 000), de Lucerne (11 000), de Saint-Gall (11 000), de Genève (11 000).

Les touristes étrangers constituent près des deux tiers de la clientèle pour le nombre de touristes, et les trois cinquièmes pour les nuitées. Les étrangers sont plus nombreux pendant la saison d’été (65 p. 100 des nuitées) qu’en hiver (55 p. 100 des nuitées). La fréquentation, en été, est le double de celle d’hiver. Les recettes du tourisme se montent à 15 p. 100 de la valeur totale des exportations.


La Suisse et le Rhin

Pays continental, la Suisse possède une flotte de haute mer d’environ 350 000 t. Toutefois, ce sont les chemins de fer et le Rhin qui jouent le rôle essentiel dans le commerce extérieur suisse. En 1904, le premier train de péniches remorquées arriva à Bâle, apportant 300 t de charbon de la Ruhr : c’était là le couronnement d’une vaste campagne visant à faire du Rhin une artère fluviale permettant la grande navigation moderne. Aujourd’hui, le trafic de Bâle oscille autour de 9 Mt. Le port rhénan assure la redistribution des marchandises importées dans toute la Suisse du Nord. Grâce au grand canal d’Alsace, la navigation est possible toute l’année. L’industrialisation de la Suisse du Nord (la chimie bâloise par exemple) est en relation avec la navigation rhénane. La Suisse possède environ 450 bateaux fluviaux d’un tonnage global de 450 000 t, circulant entre Bâle et Rotterdam.