Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Suisse (suite)

Les Alpes bernoises

Il s’agit de la haute montagne délimitée par le Rhône à l’est et le Mittelland à l’ouest : c’est le domaine des grands sommets qui ont fait la réputation de la Suisse (Jungfrau, Mönch, Eiger, Wildhorn, les Diablerets).

Les vallées principales (Simme, Kander, Hasli) sont déterminées par la tectonique. À l’est, le massif de l’Aar est constitué de roches cristallines. Vers l’ouest, la couverture sédimentaire autochtone forme les régions au contact du Mittelland molassique.

Les Alpes bernoises sont fragmentées en petites unités : vallée de la Simme, Frutigland, vallées de la Lütschine (ou vallées de Lauterbrunnen et Grindelwald), vallée de la Hasli, régions lacustres de Brienz et Thoune.

Les paysages agraires dominent. L’élevage, grâce à l’exploitation des prés et alpages, détermine les revenus paysans. C’est dans la vallée de la Hasli que l’hydroélectricité est le plus répandue. Mais le tourisme ouvre le pays sur l’extérieur : les stations touristiques les plus importantes sont Grindelwald, Mürren, Wengen, Beatenberg.


Les Alpes du nord de la Suisse

Une étude détaillée permettrait de distinguer les Alpes de Glaris et les Alpes de Thurgovie. Le fait physique dominant est la prépondérance du domaine préalpin plissé calcaire. L’ouverture des vallées se fait, nettement, sur le monde germanique.

Les systèmes de cultures sont intensifs et varient avec l’altitude : au fur et à mesure que celle-ci diminue, les labours augmentent. Les densités sont fortes : dans le canton de Saint-Gall, elles atteignent 170 habitants au kilomètre carré ; certaines zones montagneuses dépassent 100 habitants au kilomètre carré (Werdenberg). C’est que l’industrie a pénétré profondément la montagne, dès le xixe s., permettant de distinguer nettement les Alpes du Nord des autres régions alpines suisses. Le travail du textile anime les vallées des Alpes de Glaris ; 67,8 p. 100 des habitants de ce canton travaillent dans l’industrie. Si les villes ne sont pas de taille considérable, elles sont présentes dans toutes les vallées.

Le monde alpin suisse est original à un triple égard : il n’est guère soumis à un exode humain important (cas fréquent dans d’autres régions du massif) ; l’industrie, surtout dans le Nord, retient hommes et femmes ; le tourisme, en gagnant les régions les plus élevées, donne une vie nouvelle aux hautes vallées.


La population et l’économie


La population

Elle est passée de 2,4 millions en 1850 à 6,3 millions en 1972. L’accroissement naturel le plus important se situe entre 1896 et 1914, l’excédent naturel dépassant alors chaque année 30 000 personnes. L’augmentation de la population continue aujourd’hui grâce à l’excédent des naissances. Par contre, le bilan migratoire est négatif pour la période 1946-1970, les départs dépassant les arrivées de 700 à 4 000 par an.

Lorsqu’on analyse la distribution de la population en fonction de l’altitude, on constate qu’entre 1888 et l’époque actuelle aucune tranche d’altitude n’a vu sa population décroître, bien que les « pays-bas » aient connu une augmentation plus nette. Les régions entre 400 et 700 m — donc une grande partie du Mittelland — ont doublé de population pendant cette période (1,85 million en 1888 ; 3,725 millions actuellement).

L’immigration a diminué du fait d’une campagne xénophobe déclenchée dans certains milieux ruraux et religieux. Une législation spéciale a été mise en place. Les émigrants non saisonniers se sont stabilisés autour de 440 000 travailleurs. Les frontaliers sont près de 80 000. La main-d’œuvre étrangère totale se montait, en 1974, à 550 000 unités.


L’agriculture

Elle reflète les trois grands milieux naturels. C’est le Mittelland qui est la région agricole la plus importante. Céréales, cultures fourragères, betterave à sucre, tabac, plantes oléagineuses sont cultivés selon des rotations intensives. L’élevage par stabulation n’est jamais absent et peut même fournir l’essentiel des revenus. Ce sont les cantons de Berne, de Lucerne et de Zurich qui comptent le plus grand nombre de bovins. Par contre, Jura et Alpes sont davantage tournés vers l’élevage (prés et alpages).

La taille des exploitations à temps complet varie : elle se situe en moyenne aux alentours de 30 ha, et les grandes exploitations (plus de 100 ha) sont rares.

Le protectionnisme fédéral a contribué à maintenir une population rurale importante pour des raisons économiques et pour des raisons stratégiques (système de service militaire).

Le rendement moyen est de 35,6 q à l’hectare pour le blé, 41,8 q pour le seigle, 33,2 q pour l’orge, 351,6 q pour les pommes de terre, ce qui place l’agriculture suisse parmi les plus intensives d’Europe, voire du monde. La moyenne de la production laitière est de 4 000 kg par vache et par an.

La coopération est très répandue : elle concerne aussi bien la production, la commercialisation que le crédit. Sur une production totale de près de 1 Mt par an de fromages, emmenthal, gruyère et sbinz totalisent près de 80 p. 100. La production de beurre oscille aux alentours de 500 000 t La vigne occupe au total 12 000 ha : une partie de sa production est exportée.

La population active agricole pouvait être évaluée en 1974 à 8 p. 100 de la population active totale.


L’industrie

Mis à part les calcaires et quelques autres roches d’importance secondaire, la Suisse ne dispose d’aucune matière première en quantité notable. Et pourtant, l’industrie emploie plus de la moitié de la main-d’œuvre.


L’énergie

L’énergie hydro-électrique est la seule énergie d’origine nationale. Elle est le fait des régions alpines. Sur 410 usines fonctionnant en 1971, le Valais en totalisait 62 ; les Grisons, 61 ; le canton de Berne, 55 ; le Tessin, 25. Sur 9,6 GW de puissance installée, le Valais en possédait 2,69 ; les Grisons, 2,29 ; le Tessin, 1,34 ; le canton de Berne, 0,78. Les usines de haute chute dominent dans les Alpes : Grande-Dixence (Valais, productibilité de 1,6 TWh), Maggia (Tessin, 1,3 TWh). Sur le Rhin, les usines au fil de l’eau de Ryburg-Schwörstadt et de Birsfelden produisent respectivement 0,7 et 0,5 TWh. Il existe de plus petites installations sur l’Aar et le Rhône.

Mais l’hydro-électricité n’entrait plus que pour 15 p. 100 dans le bilan énergétique national en 1971 : 78 p. 100 de l’énergie sont fournis par les hydrocarbures, 5 p. 100 par le charbon, le reste par le gaz et le bois.