Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Suisse (suite)

• Le Mittelland fribourgeois. Il s’agit d’une région frontalière : la frontière linguistique passe par la ville de Fribourg. Dans le canton de Fribourg, 86 p. 100 des habitants sont catholiques, 63 p. 100 sont francophones et 34 p. 100 germanophones. Mais ni les différences linguistiques ni les différences religieuses ne se répercutent dans les paysages. L’agriculture ressemble encore à celle du pays de Vaud, quoique l’habitat dispersé prenne, ici, une importance considérable. La vigne n’est pas absente. Tabac, betterave à sucre, maïs sont fréquents. À proximité des Alpes, les villages s’orientent davantage vers l’élevage. Les villes sont rares : aussi l’influence de Fribourg est-elle déterminante.

• Le Mittelland bernois. Tout le canton de Berne* ne fait pas partie du Mittelland. Les altitudes dépassent parfois 2 000 m. Les glaciers du Rhône et de l’Aar ont exercé une influence considérable : la vallée de l’Aar a été considérablement élargie par son glacier entre Thoune et Berne. Le Mittelland bernois est constitué d’une série de vallées et plateaux. Le Schwarzenburger Land, non englacé à l’époque würmienne, a des sols pauvres, et l’habitat y est fréquemment isolé. Vallées de la Gürbe, de l’Aar, de l’Emme constituent des cellules agricoles particulières. Dans les vallées, l’assolement triennal l’emportait, mais dans les fermes isolées l’absence de contraintes a permis toutes les évolutions. La prospérité agricole des fermes était, souvent, liée au minorat, système successoral qui attribuait l’héritage au fils le plus jeune. À proximité des Alpes, la Grasackerwirtschaft (prairies) gagne en ampleur. Les fromageries de la vallée de l’Emme étaient mondialement célèbres dès 1800 (Emmental).

L’ensemble de la région vit sous l’influence de la capitale fédérale, dont le rayonnement s’étend rapidement.

• Le pays de Lucerne. Le canton de Lucerne s’étend essentiellement dans le Mittelland. Les cours d’eau issus des Alpes, les lacs découpent le pays en petites unités géographiques. L’influence des Alpes est grande tant sur le plan hydrologique et climatique que sur le plan morphologique et pédologique. Les villages sont localisés sur la bordure montagneuse, alors que vers l’ouest les fermes isolées sont nombreuses. C’est l’élevage qui l’emporte, même si dans cette dernière région règne la Grasackerwirtschaft. Quelques villes médiévales expriment l’ancienneté de l’urbanisation et des fonctions commerciales. L’industrie, liée à la force hydraulique, est dispersée ; toutefois, une certaine concentration se réalise autour de Lucerne (électrotechnique, fibres synthétiques, confection, industries alimentaires).

• L’Argovie. Elle correspond avant tout aux parties inférieures des vallées de la Limmat, de la Reuss et de l’Aar.

À l’ouest, l’Aar argovienne coule dans une gouttière le long du Jura. Par contre, toute une série de cours d’eau issus des Alpes (Murg, Wigger, Suhr, Wina, Reuss, Limmat, etc.) donnent à cette région une densité hydrographique inégalée. En plus, ils font de la région une des grandes zones de passage entre Fossé rhénan et Alpes. Mais, malgré cette densité, le relief reste relativement simple. Il n’y a aucune ville importante, mais une multitude de bourgs et de petites villes tournées vers le commerce et l’industrie. Celle-ci est très diversifiée : textiles, produits alimentaires, métallurgie, bois. Baden, station thermale dès l’époque romaine, est aussi le siège du puissant konzern Brown, Boveri et Cie (BBC), expression de la technologie avancée suisse.

• Le Mittelland zurichois. Pour les géographes suisses, cette région englobe le sud du lac de Zurich ainsi que la zone de Schaffhouse. Le rapprochement des Alpes et du Jura tabulaire est l’élément physique fondamental. Le lac de Zurich est né de fractures alpines qui ont leur prolongement dans le bassin molassique.

Sur le plan économique, la région se caractérise par une très nette interpénétration de l’industrie et de l’agriculture : l’urbanisation des campagnes est quasi complète. Grâce à la présence de Zurich*, la métropole économique de la Suisse, la région possède un poids considérable à l’intérieur de la Confédération.

• La Thurgovie. L’une des régions de la Suisse du Nord-Est, elle s’ouvre, grâce au voisinage du lac de Constance, sur les régions alémaniques de l’Allemagne méridionale. La partie méridionale est un pays de collines où les moraines expliquent souvent les traits essentiels du paysage. La vallée de la Thur, parallèle au lac de Constance, forme, avec les rives de ce dernier, l’axe essentiel du pays. L’agriculture porte déjà des caractères rhénans : l’arboriculture est intensive et la vigne apparaît. Le paysage rural prédomine, mais l’industrie, plus importante qu’il ne paraît, anime bourgs et petites villes. Plus de 58 p. 100 de la population active de Thurgovie sont employés dans le secteur secondaire.


Les Alpes*

Elles occupent 62 p. 100 de la superficie. Si la partie suisse ne renferme pas les éléments les plus élevés de la chaîne, par contre elle abrite la majeure partie des glaciers : près de 2 000 km2, soit près de la moitié des glaciers alpins.

On peut distinguer deux grandes zones alpines à l’intérieur de la Suisse : les Préalpes calcaires, qui frangent le Mittelland à l’est ; plus à l’est, les hautes Alpes cristallines et charriées. Cependant, la géographie régionale ne se calque pas toujours sur le milieu physique. Rhin, Rhône et Inn introduisent des facteurs de variété. Le relief cloisonné a favorisé le développement du particularisme suisse : l’histoire de la Confédération est largement liée aux Alpes, et l’esprit montagnard a profondément marqué la mentalité suisse. Ce milieu rude n’est pourtant pas délaissé : l’agriculture y est très moderne malgré quelques archaïsmes qui se maintiennent grâce aux conditions topographiques et climatiques, l’industrie a été renouvelée par l’hydro-électricité et le tourisme est une des principales branches économiques de la Suisse.