Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Suétone

En lat. Caius Suetonius Tranquillus, historien latin (Ostie ou Hippone ? v. 60 - † entre 122 et 126 ou apr. 128 apr. J.-C.).


Homme de bibliothèque qui sut sacrifier la carrière des armes à celle des lettres, il attire sur lui l’attention de l’empereur Hadrien, qui le prend comme secrétaire. Dans ce poste, il a accès au secret des archives de l’Empire et note dans de nombreux ouvrages ses découvertes de toute sorte. S’il traite les sujets les plus divers — aussi bien les jeux grecs ou latins que des questions d’histoire naturelle ou des problèmes linguistiques —, il doit surtout sa renommée aux huit livres de ses Vies des douze Césars, composés vers 120, après sa disgrâce, et sa seule œuvre parvenue jusqu’à nous, outre des fragments d’un De viris illustribus et d’un De grammaticis et rhetoribus. Les titres mêmes indiquent la prédilection de l’écrivain pour la biographie.

Sans doute, le genre, nouveau à Rome, appelle avec Suétone quelques réserves. L’historien ne hiérarchise pas, c’est-à-dire qu’il accorde une identique valeur à l’événement important et au détail secondaire. Le manque d’idées générales, l’absence de hauteur de vue, la monotonie de la présentation laissent insatisfait le lecteur, obligé de se contenter de la « petite histoire ». Au moins l’idée de Suétone de tout centrer sur la personne d’un empereur est-elle heureuse, puisque l’auteur s’applique à ne rien passer sous silence en une époque où le prince résume l’essentiel de son temps. Par ailleurs, on peut railler ou mépriser son goût pour l’anecdote : il reste que, aujourd’hui, on n’est pas fâché de la trouver pour éclairer des siècles qui, sans lui, seraient dans l’ombre. Ajoutons que Suétone est discret, quelle que soit la place qu’il accorde au « petit fait vrai » : il raconte avec détachement et avec une impassibilité qui n’est pas qu’apparente. Il est le narrateur idéal, absent de son œuvre, qui se contente de rapporter ce qu’il a lu ou appris, sans intervenir. De là une appréciable impression de vérité : Suétone n’est pas un historien dont on peut mettre systématiquement en doute la véracité, s’il est vrai qu’il n’influence jamais son lecteur par des partis pris et des jugements.

Le style imperturbable de ce récit, où voisinent le scandale, les histoires d’alcôve à côté de portraits enlevés (celui de Caligula, par exemple) et de scènes puissantes (ainsi la mort de Néron), offre une qualité remarquable : la sobriété. Suétone rapporte sans s’indigner et, sous une feinte négligence, use du mot juste. Avec une honnêteté dédaigneuse des surcharges, il avance sur un mode égal et mesuré. Il n’a pas la force dramatique d’un Tacite, il se refuse à sonder les reins et les cœurs, mais il évite toute rhétorique et sait, par d’autres voies, arriver à des effets de poésie ou d’horreur presque aussi saisissants.

A. M.-B.

 A. Macé, Essai sur Suétone (Fontemoing, 1900). / W. Steidle, Sueton und die antike Biographie (Munich, 1951). / G. D’Anna, Le Idee litterarie di Suetonio (Florence, 1954).

sueur

Liquide sécrété par les glandes sudoripares de la peau.


La sueur est une solution renfermant 6 g de sels minéraux et 4 g de matière organique pour un litre d’eau. Acide au début, la sécrétion devient alcaline par la suite. La sécrétion des glandes sudoripares est sous la dépendance du système neurovégétatif et de la circulation dans les capillaires de la peau. Elle est accrue par la pilocarpine et réduite par l’atropine. Humidifiant la peau, la sueur, comme le sébum, en prévient la dessiccation. Elle élimine certaines substances nocives (urée chez les urémiques) ainsi que divers médicaments : arsenic, mercure, brome, quinine. Son rôle principal, thermorégulateur, est de lutter contre la chaleur.


L’hyperhidrose (exagération de la sudation)

Elle est généralisée ou régionale. Les hyperhidroses des maladies infectieuses sont à respecter, car elles sont un moyen compensateur de l’élévation thermique. Elles s’observent aussi au cours de certains troubles endocriniens : maladie de Basedow, acromégalie, ménopause, suites d’ovariectomie. L’hyperhidrose palmaire apporte une gêne dans l’exécution de travaux délicats et entrave certaines activités professionnelles. L’hyperhidrose plantaire ramollit l’épiderme, détermine des ampoules et rend souvent la marche pénible. L’hyperhidrose axillaire, surtout féminine, prédispose aux intertrigos et aux abcès tubéreux. L’hyperhidrose nasale infantile associe hyperhidrose et rougeur de l’extrémité nasale et présence de multiples papulettes miliaires rouges (granulosis rubra nasi de J. Jadassohn). Cette affection guérit spontanément à la puberté. La bromidrose consiste en sécrétions de sueurs fétides riches en matières organiques perceptibles surtout aux aisselles et aux pieds. L’odeur de telles sudations peut entraîner des répercussions familiales, sociales et professionnelles. La chromidrose (émission de sueurs colorées) peut survenir, mis à part la simulation, dans les mycoses (leptothrix), le port de vêtements colorés et chez les ouvriers de la pyrocatéchine (sueurs bleu-violet).


L’anidrose (ou anhidrose)

Insuffisance de la sécrétion sudorale, elle est soit congénitale (grands ichtyosiques, syndrome de Rothmund), soit circonscrite, résultant alors de la destruction ou de l’annihilation des sudoripares (cicatrices, psoriasis invétéré, placards de lupus ou de favus), et se manifeste au cours de l’intoxication tellurique. La maladie de Fox et Fordyce atteint surtout les aisselles (siège des glandes apocrines). Elle comporte un prurit violent et une turgescence des orifices sudoraux qui donnent au toucher une impression râpeuse. L’affection atteint surtout les femmes sujettes à des perturbations sexuelles et psychiques. C’est également aux aisselles principalement que surviennent les hidroadénites suppurées (abcès tubéreux), lesquelles sont favorisées par l’obésité, l’hyperglycémie (diabète), l’épilation ou le rasage des poils faits sans précautions d’asepsie.